Rétrospective. L’année 2019 a confirmé les vicissitudes traversées par l’agriculture française, dans une période charnière. Au-delà du « traditionnel » regard dans le rétroviseur à cette période de l’année, l’analyse de certains événements invite, pour 2020, à se pencher sérieusement sur différentes problématiques.
WikiAgri vous en avait parlé (et était l’un des tout premiers médias à le faire), à travers la divulgation de quelques actes de violences envers des agriculteurs, motivés principalement par le rejet des pratiques agricoles. Depuis, ce mot pas vraiment joli, l’agribashing, a été recasé à toutes les sauces, élargissant son emprise à tout ce qui s’oppose à l’agriculture pour beaucoup, d’où souvent un manque de discernement entre la critique qui repose sur des arguments (que l’on a bien sûr le droit de ne pas apprécier, mais ce n’est alors qu’une opinion), et le dénigrement pur et simple. Le second cas est préjudiciable à l’agriculture, le premier fait partie du débat et chacun doit l’accepter, et au contraire s’enrichir de l’éventuelle mauvaise image renvoyée pour l’améliorer.
Toujours est-il qu’on a vu de l’agribashing partout : dans les slogans syndicaux, sur le stand de ministère de l’Agriculture lors du Salon, et nombreuses sont les personnalités de tout bord, hors ou intra sérail agricole, à avoir commenté le phénomène.
Incontestablement le mot de l’année pour le monde agricole… Qui n’a pourtant pas vraiment trouvé la parade à ce phénomène de rejet, si ce n’est d’inciter à la « communication positive ».
Cette communication positive, souhaitée par les dirigeants agricoles (présidents de chambres, de syndicats…) mais aussi par les marques de fournisseurs, n’a pour l’instant trouvé qu’un seul point d’appui solide : les témoignages des agriculteurs eux-mêmes. Tout ce qui est institutionnel avec vocation de comm’ positive tombe à plat. Ce qui vient du terrain avec les mots des paysans eux-mêmes plait. C’est ainsi qu’un autre phénomène prend de l’ampleur, celui des Youtubeurs. Entendez par ce néologisme ceux qui montrent leurs activités de terrain sur des vidéos visibles par tous gratuitement sur Youtube. Il y a eu quelques pionniers depuis plusieurs années (Thierry Bailliet, David Forge, Gilles Van Kempen…), aujourd’hui ils et elles sont plusieurs dizaines à communiquer ainsi, avec à chaque fois des milliers de vues pour leurs vidéos.
A tel point que les Youtubeurs sont devenus les invités les plus prisés pour les assemblées générales départementales de syndicats ou autres groupements. Etienne Fourmont par exemple me disait récemment être pas mal sollicité pour celles-ci, et pas seulement dans un « rayon raisonnable » autour de chez lui, la Sarthe.
C’est le « cadeau de fin d’année » du gouvernement, avec un décret d’application signé officiellement le 27 décembre. Il y aura donc, dès le 1er janvier 2020, des zones de non traitement, ZNT pour les intimes. Ainsi, selon les cas (cultures, produits utilisés, matériel susceptible d’enrayer la dérive ou non…), il y aura un minimum de 5, 10 ou 20 mètres à respecter auprès des habitations des riverains, où il ne faudra pas traiter. La mesure fait déjà l’objet de controverses diverses et variées… Et surtout on sent rejaillir derrière le débat sur l’artificialisation des terres agricoles. Car un communiqué conjoint des ministères de l’Environnement, de la Santé et de l’Agriculture fait état de mesure d’urbanisme « afin de mettre rapidement en œuvre un mécanisme qui limite l’exposition des habitants des nouvelles constructions« . En d’autres termes, alors que des consignes sont censées être données pour inciter les villes à utiliser leurs « dents creuses » (quartiers à réhabiliter dans leur enceinte) et à ne plus s’étendre, il est déjà prévu que de nouveaux habitats se verront confrontés à cette problématique des ZNT. Cherchez l’erreur…
Elle était censée tout régler, en commençant par redonner un revenu digne aux agriculteurs… Force est de constater que, malheureusement, quand nous avertissions nos lecteurs du manque de fond des états généraux de l’alimentation, nous ne nous étions pas trompés. Plus personne aujourd’hui ne songe à brandir la loi Egalim qui en a découlé comme un acquis ayant valeur d’exemple, au contraire. Tant et si bien que le Sénat, pourtant dans l’opposition, essaye de sauver les meubles. Mais ce sera dur…
De la vidéo au cinéma, il y a un pas, un pas de géant même. Alors quand de grands professionnels s’emparent de sujets de société qui secouent le monde agricole, il faut apprécier. Edouard Bergeon comme réalisateur et Guillaume Canet comme acteur-vedette ont fait franchir un pas important pour la conscience qu’il existe bel et bien une surmortalité par suicide chez les agriculteurs. Leur film, Au nom de la terre, a dépassé les deux millions d’entrées.
A un niveau différent mais tout aussi méritoire, Camille Beaurain, au-delà du livre que j’ai écrit avec elle, Tu m’as laissée en vie, a su transmettre dans de multiples interventions médiatiques toute la détresse qui est la sienne, celle d’une jeune femme devenue veuve à 24 ans d’un éleveur de porcs…
Beaucoup plus tôt dans cette année 2019, il faut noter la marche citoyenne de Patrick Maurin jusqu’au Salon de l’agriculture. Et bien sûr il y eu bien d’autres efforts, nombreux, plus anonymes… Mais il est évident que toutes les démarches médiatisées en particulier en cette année 2019 ont réellement déclenché la prise de conscience tant espérée. Tant et si bien, d’ailleurs, qu’en fin d’année les sénateurs se sont emparés du sujet.
On aurait pu vous parler d’Arash Derambarsh à plusieurs reprises dans cette rétrospective. Il fut ainsi l’avocat qui a, le premier, obtenu réparation pour un agriculteur victime d’un acte d’agribashing. Il a également, plus tôt dans l’année, montrer son intention de voir la loi française de lutte contre le gaspillage alimentaire appliquée contre vents, marées, et certaines grandes surfaces… Mais c’est incontestablement le prix international du développement durable, le prix Win Win qui lui a été remis à Göteborg (Suède), pour l’ensemble de son oeuvre dans la lutte contre le gaspillage alimentaire, qui attire l’attention. Car tout est lié. Venir à bout du gaspillage alimentaire redonnera du sens à toute la filière de l’alimentation, de A à Z, donc en commençant par le travail des producteurs agricoles. S’il existe un agribashing aujourd’hui, c’est aussi en vertu de l’impression d’une surproduction de denrées alimentaires alors que tant de gens meurent de faim… Contribuer à réduire ce gâchis, c’est redonner le rôle de nourrisseur au paysan.
Le Ceta, accord de libre-échange entre le Canada et l’Europe, a finalement été voté malgré une forte controverse, notamment de la part du milieu agricole. En cause, ce qui est devenu un slogan pour la Fnsea : « n’importons pas l’agriculture dont nous ne voulons pas ». En d’autres termes, des modes culturaux différents pour les denrées importées en Europe, différents d’être souvent interdits sur le sol du vieux continent… Et il reste indéniable que les garanties manquent quant à la préservation de ceux qui se trouveront ainsi face à une concurrence pas vraiment loyale… Pour autant, le Ceta n’est pas (encore) le pire, notamment pour les éleveurs bovins. L’accord avec les pays du Mercosur (d’Amérique du Sud), avorté en 2019, revient au programme en 2020… Et là, la concurrence déloyale à fort coût de nutrition animale cultivée sous forme de soja Ogm avec glyphosate, pourrait avoir raison des derniers foyers d’élevage traditionnel français, et européens…
Il pourrait s’agir d’une « micro information » en comparaison des autres, mais c’est aussi révélateur de notre époque ‘tout-fout-le-camp’. Le coq gaulois, symbole de la nation en particulier lors des réunions sportives, correspond à une race précise désormais en voie de disparition… A moins que les efforts des tout derniers éleveurs ne soient pas vains !
Le phénomène de la fake news (fausse information) sévit aussi en agriculture. WikiAgri a notamment repris une vidéo d’Etienne Fourmont expliquant que, non, les pets de vaches ne polluent pas plus que les voitures, mais quantité d’autres exemples pourraient être cités en la matière…
L’année 2019 avait commencé par les élections pour les chambres d’agriculture, la Fnsea a confirmé son emprise sur la paysage syndical agricole français. Pour autant, la chute de la participation doit être interprétée comme une défiance envers tous les syndicats pour régler les problèmes des agriculteurs…
En septembre, disparaissait Jacques Chirac, ancien Président de la République française, et aussi l’un des politiques les plus appréciés par les agriculteurs. WikiAgri lui a rendu hommage à travers un portrait axé sur son action avec le monde agricole.
Enfin, tout récemment, Claude Cochonneau, président en exercice des chambres d’agriculture, est décédé d’un accident sur son exploitation.
Notre illustration ci-dessous est issue de Adobe.
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Fake news, en agriculture aussi !
Le phénomène de la fake news (fausse information) sévit aussi en agriculture. WikiAgri a notamment repris une vidéo d’Etienne Fourmont expliquant que, non, les pets de vaches ne polluent pas plus que les voitures, mais quantité d’autres exemples pourraient être cités en la matière…
Je suis désolé mais ce n’est pas une fake news … Etienne Fourmont a entièrement raison : l’agriculture est la seule activité économique à stocker massivement du carbone ET le principal gaz à effet de serre de l’atmosphère c’est la vapeur d’eau (60% d’après le GIEC) … ni le méthane ni le CO2 !
On ne peut pas parler de l’effet de « serre » sans parler de l’effet « parasol »
L’atmosphère a un fonctionnement « symétrique » , il fonctionne dans les deux sens, quand l’effet de serre augmente l’effet parasol augmente dans la même proportion.
La densité joue énormément sur l’absorption d’énergie et surtout le taux de vapeur d’eau (60% des effets), dans les zones sèches (Sahara) le rayonnement solaire est très fort le jour, les sols stockent beaucoup de chaleur, mais il fait très froid la nuit parce que le rayonnement des sols n’est pas retenue comme il y a moins d’effet de serre.
Si l’atmosphère n’existait pas nous aurions une température moyenne de -18°c et une forte amplitude thermique entre le jour et la nuit (+150° et -168°c) . plus l’atmosphère est dense plus l’amplitude thermique entre le jour et la nuit est faible, et c’est pour cela que les mers (70% de la planète) et les forêts équatoriales sont les zones les plus tempérées de la planète. Si les continents transpiraient autant que les mers nous n’aurions pas de canicules. La répartition des pluies dans un système forestier est la suivante : 70% d’évapotranspiration 30% d’infiltration, les ruissellements sont rares dans les forets, c’est parce qu’on a coupé l’évapotranspiration l’été (donc au moment ou on en aurait le plus besoin) que le climat se dérègle !
Effectivement l’agriculture dérègle le climat parce qu’elle n’entretient pas le cycle de l’eau l’été avec un couvert végétal vivant : Les surfaces végétales sont les seules surfaces qui ne brûlent pas au soleil, qui ne stockent pas la chaleur mais l’évacue (chaleur latente), qui pompent du CO2, qui libèrent de l’oxygène, qui entretiennent le cycle de l’eau, qui stockent l’énergie solaire sous forme de biomasse, qui protègent la biodiversité et qui nourrissent la planète … A condition de les maintenir en vie avec de l’eau au moment ou on en a le plus besoin : l’été … donc en faisant des réserves l’hiver pour irriguer l’été ! la température d’un sol exposé au soleil peut monter à 60°c, ce qui est fatal pour les micro-organismes indispensables à la vie des sols, d’ailleurs l’effondrement de la biodiversité s’explique par des périodes sèches de plus en plus longues l’été : pas de vie animale sans vie végétale, un sol sec c’est un sol mort, l’irrigation ne devrait plus être une option mais une obligation pour entretenir le vivant et le cycle de l’eau l’été.
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