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Pac post 2027 : on y pense déjà à Bruxelles

Pour les éleveurs de la FNPL, la prochaine Pac-2027 doit être cohérente avec les autres politiques publiques européennes et avec la demande des consommateurs. Elle offrira aussi un cadre favorable pour que les prix payés aux producteurs soient des prix rémunérateurs.

A Bruxelles, la Pac de 2023-2027 est à peine appliquée que la Commission européenne réfléchit déjà à celle de 2027-2032. Lors d’une table ronde organisée par la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) organisée durant la 79ème assemblée générale le 22 mars dernier, Catherine Geslain-Laneele, directrice Stratégie et analyse politique DG Agri au ministère de l’Agriculture a présenté une esquisse du calendrier de la prochaine réforme de la Pac post 2027.

Son budget sera fixé à la fin de l’année 2025 lorsque le cadre financier pluriannuel 2028-2034 sera approuvé par le Conseil européen qui réunit les chefs de gouvernement des Vingt-sept.

D’ici là, un nouveau parlement européen aura été élu en 2024 et une nouvelle Commission européenne sera à la tête de l’exécutif de l’Union européenne depuis le 1er novembre 2024.

En France, deux présidents de la République et leur gouvernement successif auront en charge de réfléchir à la nouvelle réforme de la Pac 2028-2034 : Emmenuel Macron jusqu’en 2027 puis le nouveau président qui sera élu dans quatre ans.

Il reviendra à ce dernier et à son gouvernement de finaliser la réforme de la Pac post-2027 dessinée par l’équipe gouvernementale précédente.

Mais les grandes lignes auront déjà été arrêtées et surtout, le budget européen 2028-2034 aura déjà été voté.

Ce dernier aura été négocié en fonction de la proposition de la Commission européenne et des objectifs politiques et économiques que se seront fixés les chefs de gouvernement.

Le budget de l’agriculture représente actuellement 30 % du budget européen total.

Le contexte géopolitique actuel pourrait conduire les Etats membres de l’Union européenne à augmenter les fonds dédiés à l’agriculture puisque l’Alimentation est un des quatre secteurs stratégiques identifiés pour l’autonomie et la souveraineté européenne.

Depuis trois ans, les Vingt-sept paient très chère sa dépendance à l’égard des importations de certaines commodités agricoles. Elle ne pourra peser sur la scène internationale que si elle a les moyens de renforcer sa souveraineté alimentaire et la sécurité alimentaire de la planète.

Recueillir des propositions

Au cours des deux prochaines années, la prochaine réforme de la Pac sera bâtie en fonction du bilan de la Pac actuelle, de la situation économique et géopolitique de l’Union européenne et des propositions qui remonteront à Bruxelles.

De gauche à droite : Patrice Renaud, FNPL, Catherine Geslain-Laneele, directrice Stratégie et analyse politique DG Agri au ministère de l’Agriculture, Jérémy Jailat (JA-FNPL), Dislain de Viron, 1er vice président de la FNPL.

Différents rapports publiés donneront une vision d’ensemble de l’agriculture européenne et des programmes stratégiques en œuvre.

Les résultats du recensement 2020 de l’agriculture européenne constitueront aussi une base de données importante pour orienter la Pac post 2027.

Au ministère de l’Agriculture, Catherine Geslain-Laneele commence à recueillir les propositions émanant de la profession agricole, d’où sa participation à l’assemblée générale de la FNPL le 22 mars dernier.

Mais il est d’ores et déjà acquis que la Pac devra avant tout être cohérente avec les aspirations des consommateurs.

Au quotidien, la vogue pour les produits bio constatée avant la crise sanitaire s’essouffle.

« Les objectifs de la Pac actuelle 2023-2027, fixés en 2018 étaient trop optimistes », a toujours reconnu Catherine Geslain-Laneele.

Les éleveurs de la FNPL attendent de la prochaine Pac à ce qu’elle leur offre un cadre favorable pour commercialiser leurs produits à des prix rémunérateurs.

Le slogan de Jeunes Agriculteurs « des prix plutôt que des primes » est toujours d’actualité.

En cette période de crise et d’inflation, l’agriculture française et européenne doit être mesure de produire des produits à des prix accessibles pour le consommateur et rémunérateur pour le producteur.

« Les produits « premiers prix » européens devraient être mieux valorisés avec un étiquetage approprié pour défendre le made in UE ! », défend Catherine Geslain-Laneele.

Or ils sont concurrencés par des produits européens importés, pas forcément meilleur marché et surtout, qui n’ont pas été soumis aux mêmes normes réglementaires que dans l’UE.

Mais la prochaine Pac pourrait aussi être associée à une politique de stockage de carbone rémunéré.

Les éleveurs de la FNPL n’acceptent pas que l’Union européenne puisse conclure des accords commerciaux bilatéraux en sacrifiant l’agriculture.

Après 2027, les politiques européennes de l’environnement, de l’écologie et du commerce extérieur ne devront plus en contradiction avec la future Pac.

Priorité à la transmission

Catherine Geslain a tenté de rassurer les éleveurs de la FNPL en leur affirmant que l’union européenne a besoin de l’élevage.

Elle a noté la demande de cohérence qui émanait des propositions des producteurs de lait.

Compte tenu de la moyenne d’âge très élevée des agriculteurs européens, la Pac post 2027 devra mettre l’accent sur la transmission des exploitations, sur le portage des terres et le financement des capitaux à reprendre.

La Pac post 2027 devra aussi enrayer la baisse du nombre d’exploitations agricoles au risque de généraliser la désertification des campagnes et réduire ses capacités de production.

Légende photo entête: Bâtiment Berlaymont de la Commission européene à Bruxelles (@Commission européenne)

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