« Au nom de la terre » sort le 25 septembre sur tous les écrans. Auteur de cette grande fresque familiale dont le théâtre est une exploitation agricole, le réalisateur Edouard Bergeon et son acteur principal Guillaume Canet entament une action militante en faveur d’une modification profonde du fonctionnement de notre monde agricole.
La vidéo de la bande-annonce en fin d’article
« J’ai fait un peu plus de 70 films en tant qu’acteur, et c’est la première fois que je ressens que ça ne peut pas s’arrêter à un tournage et un film. Ce que l’on vit est tellement grave que ça ne peut pas s’arrêter là. » Ces propos sont tenus par Guillaume Canet devant une assistance de près de 400 personnes (salle comble), le 4 septembre dernier, au terme d’une diffusion en avant-première de « Au nom de la terre » au cinéma Ciné Centre de Dreux. Il enchaine : « Quand on apprend qu’un agriculteur aujourd’hui se suicide tous les jours, on comprend que c’est de la non assistance à personne en danger que de ne rien faire.«
Le ton est donné. Edouard Bergeon et son acteur principal sortent un film qui dépasse le cadre du seul divertissement. La fresque familiale (lire notre article précédent), dans une ferme avec ses animaux et toute une histoire qui s’y développe, sera appréciée à plusieurs degrés. En se laissant conduire par les événements et rebondissements qui frappent cette famille, mais aussi en interprétant les messages induits, sur la qualité de vie des paysans, l’esprit de profit qui règne autour des producteurs…
Guillaume Canet, encore, le même jour : « Ça a été plus qu’un film à faire pour moi. Ce n’est pas un rôle dont on sort facilement. Je suis extrêmement fier d’avoir fait ce film.«
Alors quel prolongement pourrait avoir ce film, en particulier s’il obtient un succès dans les salles que laisse augurer la tournée d’été d’avant-premières, toutes devant des salles combles, alors qu’il y en avait tout de même 80 ?
D’abord, il s’agit de fédérer tous ceux qui sont intéressés par la ruralité. Ce film sort dans le plus de salles possible en province, tant pis si les grandes villes n’ont pas ce privilège. C’est ciblé.
Ensuite, les deux hommes ont déjà entamé une véritable campagne pour accompagner l’association Solidarité Paysans, citée dans de nombreuses interviews. Au-delà, et c’est très concret, ils ont obtenu de leur production la somme d’un euro prélevé sur tous les tickets d’entrée pour le film la journée du dimanche 29 septembre, de façon à verser la manne obtenue pour aider l’association à fonctionner et à continuer d’aider le monde paysan.
Le discours des deux artistes frôle le militantisme, à tel point qu’ils dévoilent vouloir fonder une fondation… Même s’ils préfèrent faire les choses dans l’ordre : d’abord s’assurer du succès populaire du film, lequel succès autoriserait d’avancer sur des question de fond essentielles.
Leurs idées commencent toutefois par être divulguées au détour des phrases prononcées en interviews diverses. La reconquête de l’alimentation par les paysans passera par une reconnaissance de la qualité ; laquelle qualité doit être choisie par les citoyens qui doivent accepter de payer plus cher leur alimentation pour elle. « 30 milliards ont été dépensés par la Sécu à cause de la malbouffe, a chiffré Guillaume Canet toujours lors de la même intervention, donc manger bien ce n’est pas si cher… » Et pour y arriver, il faut décrocher du gouvernement une aide accrue à la reconversion de chaque producteur vers cette qualité.
Au prisme des réactions des salles où ont eu lieu les débats après les projections des avant-premières, ces idées semblent bien accueillies, souvent renchéries d’exemples concrets cités par l’auditoire quand le micro lui est tendu.
Un film de cinéma peut-il faire évoluer le monde agricole ? Pour le savoir et aller plus loin dans le débat, il faut d’abord un succès populaire reconnu pour Au nom de la terre. Chiche ?
En savoir plus : Au nom de la terre, une saga familiale pour attirer les cinéphiles vers le monde paysan (notre article rédigé après une journée passée sur le tournage du film).
Ci-dessous, Guillaume Canet (photo Philippe Vandendriessche).
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« 30 milliards ont été dépensés par la Sécu à cause de la malbouffe, a chiffré Guillaume Canet toujours lors de la même intervention, donc manger bien ce n’est pas si cher… » Et pour y arriver, il faut décrocher du gouvernement une aide accrue à la reconversion de chaque producteur vers cette qualité.
On ne peut pas dire « en même temps » que
En restant flou sur la notion de qualité, que chacun interprète à sa façon…
La « malbouffe », c’est le fait -l’acte- de mal bouffer, pas l’acte de mal produire!
De plus, parmi les producteurs de « bouffe », il y a les agriculteurs, mais aussi les industriels et les restaurateurs (cantines) qui, certes, influencent les consommateurs, mais aussi produisent ce qui plaît et convient aux consommateurs, ce qui entre dans le cahier des charges (hygiène, coût et réglementation du travail) des restos de collectivités.