Seuls 46,52 % des agriculteurs inscrits ont voté pour élire leurs représentants aux élections des chambres d’agriculture. Le taux de participation a baissé de 20 points en douze ans. La Fnsea et JA ont remporté 55,8 % des voix, la Coordination rurale 21,5 %, la Confédération paysanne 19,5 % et le Modef moins de 2 %. Dans la majorité des départements, on oscille autour de 3 000 – 4 000 inscrits. Et dans certains d’entre eux, ils sont beaucoup moins nombreux. La pérennité de l’activité agricole et de l’agriculture sur ces territoires est en danger.
L’enjeu du scrutin de 2019 des élections des représentants des chambres départementales d’agriculture est la gestion de l’organisation départementale. A l’issue de chaque scrutin, la liste syndicale des chefs d’exploitation et assimilés (collège1) qui arrive en tête, est quasiment assurée de décrocher sa présidence.
Première remarque, le pourcentage de votants parmi les inscrits baisse. Ils étaient 66 % en 2007, 55 % en 2013 et donc 46 % en 2019 : soit une baisse de 20 points en deux scrutins et en 12 ans…
Mais ce n’est pas tout, car les inscrits aussi sont de moins en mojns nombreux. Les listes électorales constituées dans chaque département pour le scrutin de janvier dernier ne sont ni plus ni moins une liste d’actifs assimilés à des exploitants agricoles. Il est donc facile dénombrer département par département le nombre d’agriculteurs en activité même si l’inscription sur la liste électorale n’est pas automatique. Les agriculteurs installés depuis 2013 n’ont pas tous entrepris la démarche nécessaire pour s’inscrire. Mais cela concerne toutefois une minorité d’individus.
Les listes électorales établies sont donc une photographie de l’agriculture française et de ses agriculteurs.
En Corse du sud on dénombre 1082 inscrits cette année. En Meuse, moins de 3 000 noms figurent sur la liste électorale.
Les départements qui comportent entre 3 000 et 4 000 exploitants sont légions. Mais dans les Pyrénées Atlantiques, en Bretagne, en Vendée et dans la Manche, entre 7 000 et 9 900 agriculteurs ou assimilés sont inscrits dans le collège 1.
Que révèlent ces données ? Les départements les moins peuplés se désertifient inexorablement, année après année. Les terres en friches s’étendent, des fermes disparaissent tandis que d’autres s’agrandissent et certaines deviennent intransmissibles !
L’engrenage du phénomène conduit à la fermeture des services administratifs et même des antennes des chambres d’agriculture.
La multiplication des chambres interdépartementales d’agriculture est une réponse la plus appropriée pour mutualiser des services. Sinon, leurs maintenances deviendraient trop onéreuses.
Les résultats des élections des représentants des chambres d’agriculture, qui se sont tenues au moins de janvier dernier, sont désormais connus, aux éventuels recours près. Le tandem JA-Fnsea sort vainqueur des élections des représentants des chambres d’agriculture (collège 1) en rassemblant 55,8 % des voix (résultat le 8 février 2019), soit 0,2 point de plus par rapport au score réalisé en 2013.
Dans l’ensemble le paysage syndical du monde agricole n’a pas été chamboulé par ces élections. La Coordination rurale (21,5 % des votes exprimés, + 0,4 point) reste le deuxième syndicat agricole français, talonnée par la Confédération paysanne, qui a recueilli près de 20 % des votes exprimés.
Les scores obtenus par chacun des syndicats en lice montrent qu’ils ont su conserver et renouveler, durant ces six dernières années, leur base électorale. Sinon, les scores auraient été très différents. Les nouvelles générations d’agriculteurs adhèrent dans les mêmes proportions aux idées de la CR, de la Conf’ ou du duo Fnsea-JA que leurs ainés, retirés de la profession.
La baisse du nombre d’agriculteurs ne s’est pas non plus traduite par la désaffection d’un syndicat plutôt qu’un autre. La Fnsea contient l’expansion de la CR, son principal rival, et la Conf’ est bien représentée dans de nombreux départements d’élevage.
L’introduction du vote électronique n’a pas accentué la participation (ou empêché l’abstention). Il n’a pas non plus favorisé, semble-t-il, l’expression d’une catégorie d’électeurs plutôt qu’une autre. Christiane Lambert, présidente de la Fnsea, a elle-même constaté que la consolidation des votes électroniques a tantôt servi le tandem Fnsea-JA dans certains départements, et tantôt desservi.
Mais l’abstention s’est étendue de scrutin en scrutin pour devenir majoritaire. Le taux de participation aux élections des représentants des chambres d’agriculture n’a été que de 46,5 %, soit 8 points de moins que le scrutin précédent en 2013 et 20 points de moins qu’en 2007. Le mouvement abstentionniste n’est pas propre au secteur agricole mais il en était jusque-là assez épargné.
Cependant, le taux de participation masque de fortes disparités interdépartementales. En Corse, plus de 9 agriculteurs sur 10 ont voté ! Mais ils n’étaient que 42 % en Savoie et en Haute-Savoie à élire leurs représentants à la chambre interdépartementale.
Vainqueur du scrutin au niveau national, le score du tandem FNSEA-JA masque aussi de fortes disparités interdépartementales. Dans le nord du bassin parisien (Aisne, Hauts-de-France, etc.), la Fnsea affiche un résultat largement au-dessus de la moyenne nationale (65 % et plus). Dans les quatre départements bretons, le duo Fnsea-JA ne dépasse pas les 50 %. Il n’obtient que 52 % dans le Maine-et-Loire où Christiane Lambert est exploitante agricole avec son mari.
Autre leçon du scrutin : davantage de départements ont changé de majorité car les rapports de force entre les organisations syndicales départementales ont bougé, même si au niveau national ils sont quasiment identiques.
Associés, les syndicats FNSEA et JA ne recueillent plus systématiquement la majorité absolue des voix dans chaque département pour être victorieux. Dans certains départements, ils doivent leur réussite au mode de scrutin. Ils remportent, par exemple, la majorité des sièges des représentants des chambres d’agriculture dans le Puy-de-Dôme car le tandem est arrivé en tête alors qu’il n’a recueilli que 48,6 % des voix.
Unis, la Fnsea et JA ont reconquis la chambre d’agriculture du Calvados gérée par la Coordination rurale et la chambre du Puy-de-Dôme où la CR et la Conf’ étaient conjojntement aux commandes.
Mais les deux syndicats ont perdu quelques chambres là où ils étaient séparés ou affaiblis.
Malgré leur score obtenu au tour de 20 % au niveau national obtenu par la Conf’ et la CR, les deux organisations ont su s’imposer dans certains départements et remporter la majorité des sièges à pourvoir quelques chambres d’agriculture. La Loire-Atlantique et Mayotte pour la Conf’ (sous réserve d’un éventuel recours en Loire-Atlantique où l’écart est très faible) ; la Vienne, la Haute-Vienne et le Lot-et-Garonne pour la CR ; les JA ont la majorité absolue en Haute-Garonne ; le Modef et les JA dirigeront conjointement la Guadeloupe. Enfin, des alliances locales géreront la Moselle et la Martinique.
Pour autant, ces deux syndicats n’ont pas recueilli la majorité absolue des votes exprimés, le département du Lot-et-Garonne mis à part. Le mode de scrutin rend la possibilité à tous les syndicats de conquérir une chambre tout en assurant de pouvoir ensuite la gérer.
L’illustration ci-dessous est issue de Adobe. Lien direct : https://stock.adobe.com/fr/images/raised-green-pointing-hands-in-grass-field/200761802.
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Comme dans d’autres domaines socio économiques, nos paysans ne croient plus vraiment à leurs responsables et à leurs syndicats.. Combien j’entends de paysans me dire « nous ne sommes plus que des numéros »..seul compte le pognon y compris dans nos coops et diverses organisations qui ont été mises en place par nos ainés.. Nous ne sommes plus écoutés surtout si nous manifestons d’autres idées, d’autres concepts..dans certains cas on nous fait comprendre de prendre la porte..