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Prix du lait et du porc, toujours pas de partage équitable des risques de volatilité

Afin de renflouer les trésoreries des éleveurs, le projet de la Fnsea de constituer un fonds de 100 millions d’euros pour verser aux producteurs de porcs un complément de prix a été retenu. Mais les éleveurs laitiers de la Fnpl optent pour une nouvelle forme de contractualisation avec la grande distribution pour que le litre de lait soit payé 34 centimes au minimum.

Dans les six prochains mois, quelle sera la stratégie gagnante ? Le 17 février dernier, les annonces faites par Manuel Valls, Premier ministre, bénéficieront à tous les agriculteurs et les éleveurs de l’Hexagone. La Fnsea les récapitule dans le communiqué en lien. Xavier Beulin, président du syndicat, estime que ces annonces constituent de réelles avancées. Selon lui, elles répondent, en grande partie, aux revendications formulées depuis des mois, par les agriculteurs. Mais elles ne constituent en aucun cas, un début de solution aux crises de surproduction auxquelles sont confrontés les producteurs de lait et de porcs.

Aucune mesure d’allègement de charge ne compensera les pertes de chiffres d’affaires passées et à venir. Et bien malin celui qui sera en mesure d’annoncer une remontée des prix durables du lait et de la viande de porc dans les prochains mois. Si bien que les éleveurs seront toujours en première ligne pour supporter les soubresauts des marchés.

Un même objectif mais deux logiques différentes

Mais la nature des dispositifs présentés le 17 février dernier, même si ils reposent sur deux logiques différentes, ne préfigure-t-elle pas la fin d’un partage inéquitable du risque de volatilité entre les différents maillons des filières, de la production à la distribution ? Ou tout au moins l’amorce d’une évolution des rapports commerciaux avec la volonté d’atténuer l’impact de la diminution des prix et des cours des produits agricoles auxquels sont payés les éleveurs ?

Pour les éleveurs de porcs, la Fnsea annonce la création d’un fonds de 100 millions d’euros alimenté par les enseignes de la grande distribution, et les groupes de restauration hors domicile entre autres. Toutefois, rien n’est acquis car il reste à trouver un accord pour l’alimenter. Et à ce jour, la Commission européenne n’a pas encore donné son feu vert. En revanche, il a été validé par la direction générale de la concurrence et de la fraude.

Si le fonds est mis en place, les sommes collectées seraient redistribuées auprès des éleveurs à hauteur de 10 centimes par kilo de carcasse de porc vendu au cours des six prochains mois. Le deal porterait au final sur près de 10 millions de porcs, soit un peu moins de la moitié de la production française de l’année. Mais à la rentrée 2016-2017, les éleveurs seront de nouveaux livrés à eux-mêmes, avec certes des charges sociales en moins à acquitter, mais sans avoir l’assurance que le marché du porc se sera durablement redressé et qu’une solution diplomatique sera trouvée pour lever l’embargo russe.

Les transformateurs écartés 

Autre filière, autre stratégie. Thierry Roquefeuil, président de la Fnpl s’inscrit davantage dans la durée en ouvrant la voie à une nouvelle forme de contractualisation, et même d’interprofession, entre producteurs de lait et distributeurs autour d’une « Charte laitière de valeurs » pour garantir une meilleure rémunération du lait à l’ensemble des éleveurs.

Réunis le 17 février dernier, les représentants d’Intermarché, Leclerc, Carrefour, Auchan, Casino et de Lidl s’engagent volontairement à ce que les prix des produits laitiers en vente dans les rayons de leurs supermarchés rémunèrent le litre de lait collecté auprès des éleveurs 34 centimes le litre au minimum, comme en 2015.

Dans cette logique, contraints d’acheter le lait à ce prix de référence, les transformateurs ne seront alors que les courroies de transmission d’un accord dont ils ont été écartés mais dont ils sont sommés de ne pas contrecarrer à sa mise en oeuvre.

Au final, les éleveurs laitiers espèrent être dorénavant à l’abri des négociations commerciales en cours entre les distributeurs et les transformateurs en les faisant reposer sur des critères propres à leurs activités industrielles, sans prendre le prix du lait en otage – il pourrait même être revu à la hausse si le marché se redresse. Or des études ont montré que les coopératives et les industriels font payer leur manque de compétitivité à leurs adhérents et à leurs clients.

Mais les six distributeurs de la grande distribution ne veulent pas en rester là. Ils souhaitent rejoindre le Cniel, l’interprofession laitière qui rassemble actuellement que les industriels, les coopératives et les producteurs de lait. Mais sans l’accord d’au moins des trois quarts de ses membres, la porte leur sera toujours fermée.   

La charte entre la Fnpl et les distributeurs porte sur environ 60 % de la production laitière française. Elle ne concerne pas le lait destiné à la production de poudre ou de produits laitiers exportés sur le marché européen et vers les pays tiers.

Aussi, même en prenant ce prix de référence de 34 centimes, le prix du lait effectivement payé aux éleveurs dépendra du mix (produits laitiers- poudres – exportations) de chacun des transformateurs (il est actuellement valorisé 22 centimes à l’export sur le marché mondial, et 25 sur le marché européen). En espérant que les industriels ne détournent pas artificiellement une partie de leur collecte pour rémunérer moins cher le lait collecté…

 

En savoir plus : https://wikiagri.fr/articles/les-cooperatives-laitieres-europeennes-facturent-leur-manque-de-competitivite-a-leurs-adherents/7450

Notre illustration ci-dessous est issue du site Fotolia. Lien direct : https://fr.fotolia.com/id/50900246.

1 Commentaire(s)

  1. un bon coup de pub pour la grande distribution qui ne réduira pas son taux de marge

    pour dire .0.281.5-0.28= 014
    0.34
    1.5-0.34= 0.17 soit 3 centimes de mieux pour la grande distribution la ca y est un fait un grand pas dans le trou

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