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Maïs bien désherbé, rendement préservé

Pour donner toutes les chances à son maïs, il est nécessaire de limiter la concurrence des adventices. Rappels pour construire votre programme de désherbage.

Le maïs est une culture particulièrement sensible à la concurrence des adventices en début de cycle. Des essais, conduits par Arvalis de 2019 à 2022, ont montré que sans désherbage, le rendement perd 20 % sans stress hydrique. Si à cette absence de désherbage s’ajoute un stress hydrique en début de cycle, le rendement peut fondre de 80 %. 

Si la nécessité du désherbage n’est pas remise en cause, sa mise en pratique se complexifie en raison du retrait de nombreuses molécules. C’est le cas du S-métolachlore, dont l’ANSES a interdit l’utilisation le 20 avril 2024. Pourtant, c’est le contrôle des graminées qui est délicat dans la culture du maïs. Déjà parce que le maïs est une graminée, d’un genre assez proche de celles qu’on cherche à éliminer, mais aussi parce qu’il y a de plus en plus de graminées résistantes aux herbicides.

Pour assurer un désherbage efficace, il faut donc multiplier les outils, et faire un état des lieux de la flore présente pour décider de sa stratégie.

Réduire la pression

Un désherbage efficace se raisonne dès l’interculture pour réduire la pression en adventices. Le labour reste un levier intéressant, surtout face à un problème de graminées. Avant le semis, si les conditions météo le permettent, le faux semis permet la levée, puis la destruction des adventices. Par un semis homogène et sur sol réchauffé, on donne aux plants toutes les chances de se développer rapidement, donc de très vite couvrir le rang.

Désherber sans S-métolachlore
La liste des molécules interdites ne cesse de s’allonger. La dernière en date est le S-métolachlore, dont 2024 a été la dernière campagne pour cet herbicide, pourtant très efficace sur les graminées.
La perte de ce pilier du désherbage oblige à repenser ses programmes. Il existe deux solutions de repli dans la famille des chloroacétamides, dmta-P et péthoxamide, qui ont des performances satisfaisantes sur les graminées estivales, en densité modérée. Mais ces herbicides ne sont pas formulés avec un phytoprotecteur, qui peut être problématique sur des maïs en situations stressantes.
Il faut aussi rappeler que toutes les situations ne demandent pas de chloroacétamides. S’il y a moins de 20 graminées /m2, il n’est pas nécessaire d’en utiliser. D’autres herbicides racinaires sont utilisables en pré-levée, pour effectuer un premier nettoyage. Si besoin, ils seront complétés par une seconde application foliaire.

Établir une stratégie selon la flore

C’est la flore présente ou attendue selon les précédents, qui va dicter l’itinéraire de désherbage. Dans cet itinéraire, le choix des produits sera affiné selon l’espèce la plus difficile à contrôler.

Contre les graminées estivales (panic, sétaire, digitaire, ray grass), il est recommandé d’agir avec un produit racinaire en pré-levée. Si à la pression en graminées moyenne à normale, s’ajoute une infestation de vivaces et/ou des adventices non gérées en pré-levée, il faudra combiner pré et post-levée avec une pré-levée renforcée et un passage en post-levée pour gérer les vivaces. La présence de ray grass résistants aux sulfonylurées obligera d’agir en pré-levée avec une chloroacétamide. En cas de forte densité ou en présence de graminées résistantes, il faut combiner une intervention pré ou post-levée très précoce, un rattrapage en post-levée et, en conditions séchantes, un binage.

Si la flore comporte une majorité de dicotylédones, il est plus judicieux d’intervenir en post-levée avec un ou deux passages selon le niveau d’infestation.

Face à une flore mixte, il faudra actionner les deux leviers, pré et post-levée.

Les vivaces sont des adventices particulièrement difficiles à détruire. Attention, le désherbage mécanique, en culture, peut avoir l’effet inverse en découpant les organes souterrains qui vont donner naissance à de nouvelles plantes. Contre le rumex et le chiendent, l’extraction des stolons avec des outils à dents est préférable pendant l’interculture. Pour se débarrasser du liseron des haies, il y a besoin d’un programme de lutte spécifique avec du dicamba. Sur le long terme, la pression en vivaces peut être contenue en introduisant des cultures nettoyantes dans la rotation. Par exemple, de la luzerne pendant 2 ans est un moyen de lutte efficace contre le chardon, car les fauches successives vont épuiser les organes souterrains de la vivace.

S’il n’est pas une vivace, le datura est une adventice qui demande un traitement particulier étant donné sa toxicité. C’est une plante qui aime la lumière, elle va donc se développer dans les zones libres (abords, passage d’enrouleurs) ou celles à moindre densité (manque à la levée). Il faut éviter l’apparition de bogues et la montée en graines. Après fermeture du rang, il faudra intervenir manuellement, en portant des gants. Les plants devront être jetés à la poubelle. Il ne faut pas les brûler, car les fumées sont toxiques. En cas de forte infestation des pourtours, des passages de broyeurs seront à effectuer.

Pour optimiser l’efficacité des traitements, les conditions d’application sont importantes. Pour les applications de pré-levée, il faut intervenir avant le stade « maïs pointant » et traiter tôt le matin pour profiter de l’humidité. Les traitements post-levée combinent produits à action racinaire et foliaire. L’humidité du sol et l’hygrométrie de l’air sont donc à prendre en compte pour optimiser l’efficacité. 

Penser au désherbage mécanique

Quand les conditions météorologiques s’y prêtent, il est opportun de mixer désherbage chimique et mécanique, pour réduire l’IFT et agir sur les adventices résistantes. Le programme peut débuter avec un passage de herse étrille en plein, dans les trois jours après le semis pour intervenir sur des adventices au stade filament.

Le binage est une solution de rattrapage efficace jusqu’à 8 feuilles. Le binage est efficace sur la plupart des dicotylédones, un peu moins sur les graminées, mais reste intéressant face aux graminées résistantes. Un ou deux binages remplacent une 2ᵉ intervention chimique de rattrapage. Après une première intervention chimique, en pré-levée ou en post-levée précoce, le binage a toute son efficacité, notamment en situation de flore avec une dominante de dicotylédones. Le binage sera d’autant plus efficace qu’il interviendra sur des adventices jeunes. Le binage doit avoir lieu en conditions séchantes, avec 3 jours sans pluie après. Il nécessite un sol bien nivelé, sans grosses mottes. Si on veut tenter le binage, il faut s’assurer de la comptabilité semoir/bineuse.

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