Ravageurs et maladies peuvent pénaliser le rendement et la qualité des récoltes. Pour limiter les attaques, la prévention passe par les pratiques culturales et un choix variétal adapté aux risques les plus fréquents. Si besoin, des interventions raisonnées compléteront la protection.
À l’automne et en début d’hiver, ce sont essentiellement les ravageurs aériens et telluriques qui peuvent entraîner des dégâts sur les jeunes semis. Les principaux sont les taupins, les zabres et les mouches grises. Il n’y a pas de traitement en végétation pour réduire les populations, hormis contre le zabre, mais avec une efficacité relative. La lutte s’appuie principalement sur les techniques culturales et sur la protection des semences.
Les dégâts restent occasionnels et localisés, mais peuvent être importants. La présence de ce coléoptère qui dévore les feuilles est favorisée par des rotations courtes ou en présence de graminées pendant l’interculture. À l’opposé, les déchaumages aussitôt après la moisson et un travail profond du sol avant implantation, permettent de réduire les attaques. Dans les itinéraires à risques, cette prévention est à compléter par un traitement des semences. En cas d’attaques, les traitements localisés à base de deltaméthrine sont autorisés, mais pas toujours très efficaces.
Les larves de mouches grises sévissent surtout après un hiver rigoureux. Le froid est favorable à la conservation des œufs et à des éclosions groupées dès la fin des gelées. Sur les parcelles à risque, selon le précédent, en cas de préparation superficielle du sol, on peut limiter l’impact des attaques en ayant augmenté la densité de semis et en choisissant des variétés à fort tallage. En l’absence de possibilité d’intervention en végétation, dans les situations à fort risque, un traitement de semences à base de pyréthrinoïdes est indispensable.
La vigilance est de mise s’il y a déjà eu des dégâts dans la parcelle et en présence de facteurs favorables aux taupins, comme une prairie dans la rotation, des terres riches en matière organique. Dans ces cas, la protection passera par le traitement des semences.
Parmi les ravageurs à surveiller, il ne faut pas oublier les limaces. Si les céréales ne sont pas les cultures les plus à risque, des conditions douces et humides peuvent favoriser la présence, et l’appétit, des limaces. La surveillance est alors nécessaire pour décider d’une intervention avec un molluscicide.
À chaque étape du cycle, ses maladies. En début sont à craindre l’oïdium, les piétins, les viroses. Puis ce sera au tour des maladies foliaires, septoriose et rouilles, de mettre à mal la culture. En fin de cycle, la fusariose pénalisera surtout la qualité de la récolte.
Les virus, la Jaunisse Nanisante de l’Orge et la maladie des pieds chétifs, sont surtout préjudiciables aux tous premiers stades de la culture. Une inoculation tardive limite l’incidence de l’infestation. Pour limiter la dissémination par les insectes, il faut commencer par réduire les réservoirs de virus dans les plantes hôtes : repousses, graminées fourragères, graminées sauvages dans et autour des parcelles. En orge, il est nécessaire de choisir des variétés tolérantes JNO. Même si la JNO fait moins perdre de quintaux en blé, on peut s’en prémunir avec des variétés qui présentent des résistances partielles. Il faut aussi faire attention à sa date de semis, car les semis précoces exposent davantage aux risques. Contre ces maladies virales, le seul moyen de lutte passe par la maitrise des insectes qui les transmettent. La JNO est transmise par des pucerons, contre lesquels il faut agir quand ils sont présents dans plus de 10 % des plantes. Les cicadelles sont vectrices de la maladie des pieds chétifs. Il faut intervenir quand on observe plus de 30 captures par piège et par semaine. Les populations de pucerons et de cicadelles peuvent être contrôlées par des insecticides à base de pyréthrinoïdes. Il faut y avoir recours à bon escient, car leur utilisation systématique et répétée peut favoriser l’apparition de résistances. Il ne faut pas en mettre systématiquement lors de l’application d’un herbicide. Il faut agir uniquement sur une infestation constatée. Si de nouvelles colonies se développent, il faudra alors envisager une 2ᵉ application.
Les piétins sont particulièrement présents après les précédents blés. Face au piétin échaudage, le levier le plus efficace pour réduire le risque est de baisser la fréquence de retour des céréales. Le piétin verse est une maladie inféodée à la parcelle, les sclérotes se conservent par les chaumes, les repousses. Face à des dégâts souvent assez faibles, l’utilisation de variétés résistantes est une bonne assurance.
La septoriose est la maladie la plus fréquente et une des plus dommageables. Les successions blé sur blé et la présence de résidus en surface favorisent la maladie. Face à la septoriose, la meilleure garantie est de choisir des variétés ayant un bon comportement. Il faut également privilégier les semis tardifs, à une densité pas trop élevée, a minima éviter les densités excessives. Si la culture nécessite une intervention fongicide, il est recommandé de diversifier les modes d’action et les substances actives pour ralentir la sélection de souches résistantes. Il faut aussi se limiter à une seule application de SDHI.
L’oïdium est très dépendant des conditions climatiques. Les dégâts ne sont importants que si l’épi ou les dernières feuilles sont fortement touchées. Choisir des variétés résistantes diminue le risque.
C’est surtout sur la façade Atlantique que des dégâts de rouille jaune sont à craindre. Les variétés peu sensibles aident à limiter les risques. En cas d’attaques précoces, il faut agir rapidement avec des fongicides à base de triazole.
Cette maladie apparait assez tardivement au printemps, mais elle peut provoquer d’importants dégâts si elle est mal contrôlée. La prévention face à la rouille brune débute par le choix variétal. Il faut aussi éviter les semis précoces et la sur-fertilisation azotée. Pendant l’interculture, il est nécessaire de bien détruire les repousses qui peuvent abriter l’inoculum. En cas d’apparition de pustules sur l’une des trois dernières feuilles, il faut intervenir avec des triazoles associées entre elles ou avec une strobilurine. Un mélange triple avec une SDHI est aussi très efficace.
Les maladies de l’épi ont un impact sur la qualité sanitaire en raison de la production de mycotoxines. Les fusarioses se développent surtout en cas de conditions humides autour de la floraison. Les systèmes sans labour sont les plus exposés au risque fusariose, car ils laissent en surface des résidus potentiellement contaminés. Le risque est encore plus grand avec un précédent maïs ou sorgho. Aucune variété n’est totalement résistante, mais a minima, il est recommandé de choisir des variétés peu sensibles. Dans les situations à risques, une protection fongicide est nécessaire à la floraison. Seul le prothioconazole est efficace sur toutes les espèces de fusariose.