La récolte du maïs est destinée majoritairement à des producteurs de porc qui la transforme en farine.

L’ETA Penn en première ligne face aux maïs couchés

Dans le Finistère, les récoltes de maïs tardifs ont subi la tempête Ciaran de plein fouet début novembre. Les ETA ont dû s’adapter à la situation pour récolter les maïs couchés et assurer la prestation de récolte auprès de leurs clients. 

Si la majorité des récoltes de maïs grain se sont bien passées durant l’automne 2023, la Bretagne a fait figure d’exception. Touchée de plein fouet par la tempête Ciaran début novembre, la région a vu des surfaces très importantes se coucher en une nuit. Dans la presse régionale, un entrepreneur de travaux agricoles explique que même les variétés résistantes à la casse se sont couchées face à la fureur du vent. 

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Yohann Pen est, lui aussi, dirigeant d’une ETA dans le secteur Nord-Finistérien du Léon. Il bat chaque année entre 700 et 800 ha de maïs avec trois moissonneuses-batteuses à secoueurs John Deere. Les trois quarts de ses clients sont des producteurs de porc pour qui il assure la récolte, une partie du transport et le broyage de la farine. 

Anticiper les coups de vent

Avant le passage de la tempête, il lui restait 30 % de surface à récolter. « Nous avons la particularité d’avoir un secteur assez tardif. Cette année, cela a été particulièrement le cas car les semis se sont faits un peu plus tard avec les pluies du printemps ». De ce fait, la récolte a débuté lors de la dernière semaine d’octobre. « Nous avons tenté de récolter un maximum de parcelle avant la tempête, mais beaucoup de maïs n’étaient pas mûrs. Résultats, ils ont versé » regrette-t-il. Si les semis tardifs sont en cause, l’entrepreneur pointe également du doigt les variétés utilisées. « Nous voyons de plus en plus de variétés mixtes, ça devient compliqué. J’en ai discuté avec les clients, car je pense qu’il faudrait se diriger vers des variétés avec un peu moins de potentiel, mais qui pourraient se récolter plus tôt. Maintenant, ça dépendra du discours que tiendront les technico-commerciaux sur le terrain et des variétés qu’ils mettront en avant » relève le breton.

Plusieurs nettoyages journaliers étaient nécessaires dans ces conditions
Plusieurs nettoyages journaliers étaient nécessaires dans ces conditions © DR

Des conséquences économiques pour l’entreprise

Suite à la tempête, l’ETA Penn a dû s’adapter à la situation pour assurer la récolte chez ses clients quelles que soient les conditions. « D’habitude, nous terminons fin novembre. Là, on y était encore juste avant noël » assure Yohann Penn. Dans ce type de situation, il n’y a pas de solution miracle ou de matériels spécifiques pour ramasser le maïs couché. C’est l’expérience du chauffeur qui fait la différence. « Le souci de la récolte des maïs couchés, c’est le temps passé et l’usure prématurée du matériel. C’est un chantier bien plus fatiguant. Au lieu de 3 ha/h, on faisait 1 ha/h » se souvient l’entrepreneur. Il évoque également le nettoyage des machines qui doit être réalisé plusieurs fois par jour. « Cette année, c’était une activité à perte pour nous sur le volet économique. Sur le plan humain. Il y a eu aussi une usure de l’équipe » constate-t-il.

Bien calculer la prise de risque d’une récolte tardive

Déjà en 2021, alors que l’ensemble du territoire était touché par un été pluvieux, dans le Poitou-Charentes, Arvalis mettait en garde contre les récoltes trop tardives. « Face à l’augmentation des prix de l’énergie, peut se poser la question d’attendre encore quelques jours la dessiccation des grains pour limiter les coûts de séchage. Une stratégie pas forcément payante, comportant des risques de pertes de grains et de dégradation de la qualité sanitaire, sans vraiment de gains à la clé » évoque l’Institut du végétal en introduction de son article.

La gestion du chantier de récolte est également plus difficile en cas de récolte tardive. « Attendre pour récolter augmente également le risque de mauvaises conditions de récolte pouvant entraîner des problématiques lors des chantiers et tasser les sols, accroître le risque de verse ainsi que la dégradation de la qualité sanitaire » détaille l’article d’Arvalis. C’est ce qui s’est passé dans le Nord-Finistère cette année. 

Dans le Nord-Finistère, la tempête Ciaran a couché des parcelles entières
Dans le Nord-Finistère, la tempête Ciaran a couché des parcelles entières © DR

Plus la saison est avancée, moins le maïs sèche

Une grande partie de la réflexion autour de la date de récolte du maïs repose sur le temps de dessiccation du grain passif, soit à partir du moment où la plante passe en dessous du seuil des 32 % d’humidité (stade H32). À partir de ce stade, seul le facteur météo entre en jeu pour favoriser le séchage du grain. Plus la saison est avancée et plus ce phénomène sera lent par manque de soleil et de température élevée. La publication d’Arvalis détaille ainsi le temps nécessaire pour atteindre 28 % d’humidité, en fonction de la date à laquelle la plante a atteint les 32 % d’humidité. Cette analyse est réalisée en se basant sur les données du Réseau météo ARVALIS – INRAE – Météo France, observées jusqu’au 11 octobre de l’année 2021 particulièrement froide et pluvieuse. Pour la zone de la Roche-sur-Yon en Vendée, un maïs au stade H32 le 15 septembre, la perte de 4 points d’humidité se fait en 8 jours. Si le stade H32 est atteint le 1ᵉʳ octobre, il faudra alors 10 jours, et s’il est atteint le 15 octobre, le temps nécessaire pour obtenir une plante à 28 % d’humidité sera de 11 jours. « En outre, ces estimations ne prennent que peu en compte le risque de pluie pouvant faire stagner le taux d’humidité ou même le faire remonter » évoque l’article. 

Régler la machine pour chaque situation

Pour optimiser la récolte sur un maïs difficile à battre, Arvalis préconise de resserrer l’écartement jusqu’à 25 mm en entrée et 12 mm en sortie. Pour un maïs tardif en bonnes conditions de récolte, l’écartement doit au contraire être maximisé pour laisser passer les rafles plus grosses de ces types de variétés. « Sur un maïs bien mûr, avec beaucoup de matière, nous pouvons augmenter l’écartement » confirme Yohann Penn.

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