paysage creuse agricole

N’y a-t-il vraiment rien de mieux que la culture du cannabis pour « sauver la Creuse » ?

Mais quelle est donc l’image qu’ont nos édiles sur la ruralité ? Il y a un mois et demi, le gouvernement lançait un « plan particulier pour la Creuse », estimant que ce département est en retard de développement économique. Et voilà qu’on apprend aujourd’hui qu’une des mesures-phares de ce plan consisterait à cultiver du cannabis « médicinal et récréatif »…

Selon le document officiel que l’on trouve sur le site internet de la préfecture de la Creuse, la Creuse se voit dotée d’un plan gouvernemental avec pour objectif de « redonner au département une dynamique démographique et économique positive et durable ». Derrière ces mots si galvaudés qu’ils n’ont plus guère de signification par eux-mêmes, on trouve une ou deux précisions (par exemple, Guéret devrait devenir une « capitale du sport et loisir de nature« ), mais aussi des directions trop générales pour constituer de véritables points de repères (pour l’agriculture par exemple, il est proposé de la rendre « durable« …).

Sans doute, à la base, ces généralités étaient-elles voulues pour laisser un éventail de choix large quant aux possibilités de développement du département. Parallèlement, elles rappellent aussi celles qui ont « animé », si j’ose écrire, les états généraux de l’alimentation, dont on connait désormais de manière malheureusement sûre l’absence totale de résultats. Mais surtout, elles ont laissé la porte ouverte à toutes les élucubrations, et interprétations de « ce qui serait bien pour un territoire rural comme la Creuse ».

Guéret a-t-il vocation à devenir un « petit Amsterdam » ?

C’est ainsi qu’un élu socialiste, Eric Correia, conseiller régional et président de l’agglomération du grand Guéret, propose d’intensifier la culture du cannabis dans une proposition intitulée : « La Creuse, territoire d’expérimentation de la légalisation du cannabis à usage médicinal et récréatif « . Sans doute faut-il rappeler l’historique de cette idée qui voudrait que le cannabis prenne la place des élevages dont les vegans ne veulent plus : elle vient des technocrates socialistes qui fournissent le contenu de la boite à idées du parti, le think tank Terra Nova. Il suffit d’aller sur le site de l’ancienne « boite à faire élire DSK » recyclée depuis pour quelques « élites » du parti en mal de réflexion pour trouver des écrits datant de 2014 ou 2016. Morceau choisi (source ici) : « La légalisation de la production, de la vente et de l’usage du cannabis dans le cadre d’un monopole public (scénario 2) permettrait de fixer le prix à un niveau plus élevé qu’aujourd’hui de manière à garantir une relative stabilité du nombre de consommateurs et du volume consommé. Cette option génèrerait des recettes fiscales significatives pour l’Etat (1.3 milliards d’euros par an) et entraînerait une réduction des dépenses publiques liées à la répression. L’impact budgétaire total pour un prix du cannabis majoré d’environ 40 % par rapport au prix de vente actuel sur le marché noir, s’élèverait à 1.8 milliards d’euros pour un nombre de consommateurs inchangé.« 

En d’autres termes, l’idée possède des arguments financiers pour l’Etat (et l’on sait qu’à l’heure actuelle, cela lui donne une forte chance d’être retenue), et est donc poursuivie aujourd’hui pour la Creuse avec les termes « d’usage récréatif » pour s’affranchir du débat de société sur les drogues (lien de cause à effet entre drogues douces et dures, dépénalisation opportune ou non, etc.).

Pourquoi la Creuse ? Evidemment parce qu’il s’agit d’un des départements français le moins peuplé et à la densité de population la plus faible. En d’autres termes, « l’expérimentation » serait conduite là où elle présente le moins de risques pour l’ensemble du territoire français. Question : en quoi cela peut-il aider ce département à développer, je reprends les termes initiaux du plan gouvernemental, une « dynamique démographique et économique » ?

Une confusion organisée entre cannabis « médicinal » et « récréatif »

Pour obtenir la ressource financière supplémentaire pour l’Etat constituée par le contrôle de ventes légales de cannabis, une confusion est savamment organisée dans le choix des mots. Le cannabis cultivé serait simultanément « médicinal » et « récréatif ». Or, il s’agit de deux destinations très différentes. La culture du chanvre existe déjà en France, et WikiAgri s’en est fait l’écho : elle concerne un millier de producteurs avec en moyenne chacun une quinzaine d’hectares. Elle est contrôlée, soumise à des réglementations strictes, et trouve régulièrement de nouveaux débouchés, tout en restant tout de même, à ce jour, une culture que l’on peut considérée de niche (lire notre article référence).

Mais ce qui est proposé dans la Creuse est totalement différent. Il n’est point besoin de « plan gouvernemental » pour avoir quelques producteurs dans ce département qui ajoutent une diversification pour l’unique usage médicinal. En l’occurrence, il s’agit de bien autre chose : de prendre le prétexte d’un développement rural (en soi déjà douteux) pour aller vers le contournement du débat de société sur l’usage des drogues. Avec le mot « récréatif », extrêmement positif compte-tenu du sujet, pour faire passer la pilule.

Et les Creusois là au milieu ? Se préoccupe-t-on réellement d’eux ? On leur a déjà proposé, dans le même cadre du développement départemental, la construction d’un centre pénitentiaire. Là, on leur ajoute une possibilité de « tourisme de la fumette » (selon les termes d’un article de La Montagne). Cette terre si accueillante, et pas seulement pour son plateau des Millevaches immortalisé dans un ouvrage du journaliste Georges Chatain et du photographe Patrick Fabre, est donc considérée, dans le cadre d’un plan censé aider à son développement, comme une terre d’expérimentation.

Et si l’on se penchait sur la problématique réelle de la Creuse ?

En quoi la Creuse a-t-elle besoin d’un plan gouvernemental ? Ce département est symptomatique de bien des affres dont souffre aujourd’hui la ruralité, et plus particulièrement sa première activité économique, l’agriculture. L’idée de vouloir y présenter un plan spécifique n’est donc pas si absconse à la base. Mais encore faut-il avoir préalablement déterminé la problématique pour laquelle il faut trouver des réponses. Concernant son agriculture, les exploitations de la Creuse sont en majorité en polyculture élevage. Elles souffrent donc, d’une manière générale, des différentes crises qui frappent l’élevage. Celles-ci entrainent des revenus extrêmement bas pour la majorité des éleveurs, d’où derrière une cascade de répercussions qui modifient le paysage local : l’envie de vendre le foncier à un bon prix, avec des acheteurs ici britanniques (et les terres quittent alors leur vocation agricole initiale), ici chinois (avec tout le débat sur le foncier du territoire français qui échappe à notre pays) ; des agriculteurs moins présents, cela entraine aussi une baisse de régime chez tous les fournisseurs, certains concessionnaires de machinisme ferment ou se regroupent ; moins d’activité économique, cela amplifie de fait le phénomène de désertification du département, la population active cherche du travail plus loin…

Question : n’y a-t-il vraiment rien de mieux que la culture du cannabis pour « sauver la Creuse » ?
 

En savoir plus : http://www.creuse.gouv.fr/content/download/9320/72833/file/20180323%20Plan%20particulier%20pour%20la%20Creuse.pdf (le plan gouvernemental pour la Creuse, texte officiel) ; https://www.lamontagne.fr/gueret/art-de-vivre-bien-etre/vie-pratique-consommation/2018/02/02/le-conseiller-regional-eric-correia-propose-de-faire-de-la-creuse-le-labo-de-la-legalisation-du-cannabis_12725524.html (article de La Montagne) ; http://tnova.fr/etudes/cannabis-reguler-le-marche-pour-sortir-de-l-impasse (projet politique de Terra Nova sur le cannabis) ; https://wikiagri.fr/articles/lagriculture-ne-fait-plus-chanvre-a-part/10498 (article de WikiAgri expliquant les débouchés actuels légaux pour la culture du chanvre).


Ci-dessous, un paysage agricole de la Creuse (archives).

4 Commentaire(s)

  1. Le PPC (Plan Particulier de la Creuse …et non Périmètre de Protection des Captages) visant à ce « que la Creuse invente, en se réinventant, une ruralité d’avenir dont les solutions seront conjuguées ailleurs »… il n’y a donc rien d’incongru à mettre en avant la culture du cannabis comme solution d’avenir pour un territoire qui se sait condamné depuis longtemps à vivre de son passé et ainsi à se passer de vivre …
    Sans vouloir se mettre en « pétard », si « l’herbe » est effectivement la ressource agricole principale de ce département et si le « papier » permet de faire le « joint » économique à partir de son armature forestière « complexe » il convient de regarder les choses en face sans tomber dans des propositions « fumeuses »…
    Désertification, abandon des dernières productions industrielles (GMS à LA SOUTERRAINE), externalisation des filières (fermeture de l’abattoir de GUERET en 2007, mise en place de la holding International Paper), création d’une entité régionale surdimensionnée (Nouvelle Aquitaine) etc…, ce territoire est déjà depuis longtemps une réserve oubliée, villégiature de ceux qui recherchent le calme et l’oubli et qui fonctionne sur le principe basique (cf. « Le Bon la Brute et le Truand »):

    « Le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un pistolet chargé, et ceux qui creusent. Toi, tu CREUSEs ! »

  2. ok moi je suis en joie et j’aimerais partagé ma joie avec vous

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    Incroyable mais vrai!
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    Ne vous tromper pas de chemin

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