champs de colza

Miser sur les variétés les plus résilientes

Choisir les bonnes variétés de colza pour ses prochains semis, c’est définir celles qui pourront assurer un rendement stable, quelles que soient les conditions climatiques et les pressions des maladies et des ravageurs. « Dans notre création variétale, nous cherchons à obtenir des variétés robustes, partage François Jansseune, chef de produit colza chez LG. Des variétés qui donneront des résultats réguliers, quelles que soient les conditions de l’année. C’est cette robustesse, face aux conditions climatiques, aux maladies et aux ravageurs, qui apportera de la performance à la filière ».

Pour cela, la première étape est d’avoir rapidement un colza robuste, apte à résister aux insectes, grosses altises principalement. Il est judicieux de combiner plusieurs leviers : travail du sol pendant l’interculture, semis précoce, fertilisation au semis, choix variétal adapté au contexte local. Le choix d’une variété dite « vigoureuse », dont la note est au moins supérieure à 7, est un levier supplémentaire pour obtenir un colza robuste face aux aléas climatiques et sanitaires que subit le colza à l’automne. 

Faire du sur-mesure selon le contexte de chaque parcelle

Si la vigueur, le rendement et la qualité (teneur en glucosinolates, huile et protéines) sont évidemment des critères de choix importants, il faut aussi prendre en compte la gestion des risques (maladies, ravageurs, élongation, verse), selon les antécédents de ses parcelles.

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Réussir son colza pour la campagne 2024

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Il faut aussi adapter la précocité de la variété à son contexte pédoclimatique. Il faudra éviter les variétés trop précoces dans les secteurs gélifs au printemps et, au contraire, les génétiques trop tardives dans le nord-ouest pour ne pas retarder la récolte. Et dans les sols à faible réserve en eau, pour ne pas risquer de pénaliser le remplissage des graines.

Selon le contexte local, il y a d’autres critères à regarder pour faire son choix : comportements vis-à-vis de la hernie, de l’orobanche rameuse, du phoma, de l’élongation automnale, de la verse… « Selon sa situation et les problèmes les plus fréquents, choisir des variétés qui cumulent les bons comportements permet stabiliser le rendement, quel que soit le contexte maladies », conseille François Jansseune. L’objectif n’étant pas de viser le rendement exceptionnel une année, mais plutôt d’aller vers la meilleure moyenne décennale.

Il faut préférer des variétés à faible sensibilité à l’élongation pour se prémunir des dégâts liés au gel dans les situations à risque (semis précoce, quantité importante d’azote disponible dans le sol, apport régulier de matière organique).

Le phoma est l’une des maladies les plus préjudiciables. En plus des pratiques culturales qui limitent le développement des spores (enfouissement des résidus, semis précoce), il est conseillé de privilégier des variétés très peu sensibles (TPS). Les variétés possédant de la résistance exclusivement quantitative ont un comportement stable. La nouvelle résistance RlmS confère à ce jour un très bon niveau de résistance au champ. Les variétés possédant la résistance Rlm3 ou Rlm7 peuvent dans certains cas présenter un niveau de résistance variable (de PS à TPS) selon les années, les secteurs et les variétés. Attention, l’utilisation systématique de variétés ayant des résistances spécifiques efficaces (Rlm3, Rlm7 et RlmS) favorise l’essor de populations de phoma les contournant. Ainsi, si vous utilisez des variétés ayant ces résistances, utilisez-les en alternance avec des variétés TPS qui n’en possèdent pas. 

Il existe aussi des variétés résistantes à la hernie ou peu sensibles à l’orobanche à privilégier dans les parcelles où des dégâts ont déjà été pénalisés les rendements.

Elargir le champ des résistances

L’impact du changement climatique sur la fréquence des aléas et le durcissement de la réglementation phytosanitaire ont amené les sélectionneurs à élargir le spectre des critères requis pour que les nouvelles variétés soient proposées à l’inscription. Ainsi, des variétés peu sensibles au sclérotinia et au verticillium commencent à être inscrites au catalogue. « Ce sont deux maladies de fin de cycle qui ont un fort impact sur le PMG, rappelle François Jansseune. La santé des tiges influence la capacité de photosynthèse et la circulation de l’eau et des éléments nutritifs. Autant de facteurs qui jouent sur le bon remplissage des gousses ».

Il n’y a pas de traitement curatif contre le sclérotinia. Il est possible d’agir en prévention par l’allongement de la rotation et la gestion des adventices qui peuvent servir de réservoir à la maladie. « En complément de ces pratiques agronomiques, il est possible d’appliquer des fongicides en préventif. Mais le traitement doit être positionné à un stade bien précis, ce qui est très contraignant, explique François Jansseune. Sur les variétés tolérantes, la maladie sera moins agressive, ce qui apportera de la flexibilité pour positionner le traitement ». Brevant propose deux variétés BRV703 et BRV712 labellisées Protector Sclerotinia. LG met en marché trois variétés tolérantes sous le label ScléroFlex. « La résistance multigénique limite les impacts de la maladie et donne plus de flexibilité dans le stade de positionnement du traitement, partage François Jansseune. Si la pression est faible, cela permet d’alléger son programme fongicide ou d’introduire du biocontrôle pour baisser l’IFT ». Alors qu’en moyenne, sur les parcelles témoins, 39,5 % des plantes étaient touchées par le sclérotinia, avec les variétés tolérantes LG Armada seulement 14,3 % de plantes étaient atteintes, avec LG Atacana seulement 16,2 % et LG Avenger 16,9 % étaient touchées. « La tolérance réduit de 60 % le nombre de plantes pénalisées par le sclérotinia », chiffre François Jansseune.

LG a aussi développé des variétés résistantes au verticillium. En cas de plantes avec des pieds secs, il est difficile de savoir si c’est à cause du verticillium ou du phoma. Dans les deux cas, cela entraine une forte diminution du PMG. Les spores de verticillium peuvent se conserver 15 ans dans le sol. Il n’y a pas de contamination aérienne donc les traitements fongicides ne servent à rien. La lutte agronomique passe par l’allongement des rotations. L’utilisation de variétés qui sont peu impactées par le verticillium complète la prévention. LG a dans son catalogue cinq variétés labellisées Très Peu Sensibles au verticillium : LG Academic, LG Armada, LG Adapt, LG Auckland, LG Atacama. Mas Seeds propose également une variété MS Columbia.

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