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Des pistes pour diversifier son assolement

Parce que la diversité est favorable à la conduite agroécologique et parce que les attentes des consommateurs évoluent, les assolements se diversifient avec l’introduction de cultures anciennes ou venues d’ailleurs.

Aujourd’hui, sept cultures – blé tendre, blé dur, orge, maïs, colza, tournesol et prairies – couvrent 90% de la sole cultivée. Par comparaison avec d’autres pays européens, la France produit moins de céréales secondaires (seigle, avoine…) mais plus de protéagineux. Les rotations colza / blé tendre /orge représentent 9% de la sole française, la monoculture du maïs 6%.

La place prépondérante d’un nombre limité de cultures s’explique par le développement agricole d’après-guerre. À partir des années 50, poussés par la nécessité de nourrir une France qui avait encore faim, les agriculteurs ont spécialisé leurs systèmes de production pour gagner en technicité et pouvoir investir dans la mécanisation. L’arrivée de nouvelles variétés plus productives a fait se détourner les agriculteurs de variétés anciennes ou locales. La plupart des exploitants ont réduit le nombre d’espèces cultivées. Alors que, dans les années 70, la plupart des exploitations céréalières avaient encore une dizaine de cultures dans leur assolement, il n’en restait plus que 5 ou 6 dans les années 2000.

Retrouver de la diversité

Cette phase de reconquête de l’autonomie alimentaire réussie, les agriculteurs continuent d’améliorer leurs pratiques, notamment en rediversifiant leurs assolements. En effet, la diversification des assolements permet de réduire l’usage des intrants en empêchant les flores adventices de se spécialiser. Varier les cultures, en termes de famille et de période d’implantation, aide à casser les cycles des adventices. De même, l’alternance de plantes hôtes et non-hôtes pour les ravageurs des cultures, insectes et champignons, réduit la pression sur les cultures, donc le besoin d’intervention phytosanitaire. L’introduction de légumineuses dans les rotations permet de fixer l’azote de l’air et de valoriser cet effet positif sur la culture suivante, donc de réduire les apports en engrais azotés de synthèse.

En diminuant l’utilisation des intrants, la diversification des assolements contribue à réduire les risques de pollution diffuse et l’émission de gaz à effet de serre. L’exploration de différents horizons du sol par une plus grande variété de types de racine contribue à limiter les dégradations de l’état physique du sol et favorise l’absorption et le stockage de l’eau. La diversité des cultures est aussi favorable à la biodiversité et à la présence d’auxiliaires des cultures, par exemple des carabes.
La diversification des assolements peut participer à une meilleure gestion des risques dans l’exploitation (variation de cours, aléas climatiques) et d’étaler les pointes de travail.

Ces intérêts ont poussé l’Union Européenne à encourager la diversification des assolements au travers de ses soutiens. Néanmoins, la diversification des assolements demande la maitrise technique d’un plus grand nombre de cultures et une plus grande variété de matériels de culture.

De nouvelles attentes des consommateurs

En plus des intérêts agronomiques, la diversification des assolements est une réponse à des opportunités de valorisation. Depuis quelques années, les céréales anciennes, d’ici ou d’autres continents, font leur retour dans les régimes alimentaires occidentaux pour leurs propriétés nutritionnelles. On note aussi une végétalisation de la consommation, avec une demande croissante de protéines végétales. Certains régimes alimentaires, sans gluten par exemple, dopent des cultures comme le sarrasin, le millet et le quinoa. Cette culture, originaire d’Amérique du Sud, est cultivée en Anjou depuis une quinzaine d’années. De même, l’épeautre, cousin rustique du blé, retrouve un engouement, car il ne contient pas de gluten. Le petit épeautre de Haute Provence bénéficie d’ailleurs d’une IGP.

Le sarrasin retrouve sa place dans les champs bretons

Pour contrer les importations et répondre à une attente de production locale, le sarrasin retrouve une belle dynamique en Bretagne. Alors qu’au XIXe siècle, le sarrasin était cultivé sur 700 000 ha. Dans les années 60, il n’y en avait plus que 160 000 ha, majoritairement en Bretagne. La culture a failli disparaître et elle a été sauvée par la demande croissante d’une production locale et ses intérêts agronomiques. Le sarrasin est une plante de la famille des polygonacées. Ce n’est pas une céréale, sa culture permet donc de couper le cycle des adventices et des ravageurs. Comme elle est résistante aux maladies et de faible sensibilité aux ravageurs, c’est une culture très économe en intrants, intéressante dans les zones de captage, en périurbain, et souvent cultivée en bio.

Cécile Julien

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