capture 2

Les clés du semis rapide en maïs grain

Les semoirs rapides, permettent aujourd’hui de doubler la vitesse de travail pour pouvoir théoriquement travailler à des vitesses allant de 12 à 20 km/h.

 
La mise en œuvre d’un semoir rapide est une alternative aux grandes largeurs pour accroître ses débits de chantier. Cela nécessite cependant des points d’attention particuliers.
La réussite d’un semis d’une culture de printemps comme le maïs doit répondre à un double objectif de précision et de rapidité. La précision est nécessaire notamment en matière d’homogénéité de la levée et de la qualité de cette levée. Ces deux paramètres auront des impacts très importants pour l’organisation des chantiers futurs, ainsi que sur les composantes de rendement. Une levée homogène facilitera aussi les opérations ultérieures comme le binage, la herse étrille ou le passage de houe rotative. Elle est également attendue par les agriculteurs qui souhaitent mettre rapidement les plantules à l’abri des aléas que sont les attaques de ravageurs, les adventices, le gel, ou le lessivage des minéraux. En outre, la rapidité de semis est un facteur qui doit permettre aux producteurs de semer un maximum de surfaces dans des conditions optimales – à des périodes où les jours favorables sont parfois peu nombreux en sortie d’hiver. Tout ceci fait que les semis de maïs grain représentent des chantiers exigeants en termes de débit, mais aussi de respect des consignes de profondeur, d’inter-rang, d’espacement sur le rang, de plombage, de localisation de l’engrais starter, de gestion des manques et doublons etc… 
 
 
Contrôler la « spermosphère »
L’outil qui a été développé et amélioré au fil des ans pour permettre d’arriver à surmonter l’ensemble de ces exigences techniques, est le semoir monograine. Dans un semoir monograine, la rampe de semis a ainsi cédé la place à des alignements d’éléments semeurs indépendants disposant chacun de leurs propres réservoirs. Ceci pour assurer une prise en charge assez précise de chaque graine de façon individuelle. Les éléments semeurs sont stabilisés et de nombreux réglages de la puissance de terrage sont disponibles pour aider à respecter la consigne de profondeur. 
Ces semoirs monograine se sont perfectionnés au fil des ans afin de pouvoir apporter un meilleur contrôle de la « spermosphère » qui est constituée de l’écosystème autour de la semence. Ainsi les semoirs typés maïs, embarquent régulièrement des trémies pour localiser des engrais starter, des granulés de protection phytosanitaire, des semences de plantes-compagnes, des éliciteurs, ou des biostimulants. L’ajout sur le semoir monograine d’une herse rotative combinée participe également à ce travail ciblé autour de la spermosphère pour favoriser un lit de semence optimal à la levée des graines.
 
Une conception particulière
Jusqu’à ces dernières années, les semoirs monograine étaient plafonnés en termes de vitesse de chantier à environ 8 km/h. En effet, au-delà d’un certain seuil, la graine est soumise à une énergie cinétique telle que son propre poids devient insuffisant pour assurer un plombage efficace et le respect des consignes de profondeur. Cependant, depuis une quinzaine d’années, ce « verrou » technologique a sauté sous le coup de la mise en place de la distribution assistée des semences. C’est ainsi que les semoirs monograine rapides ont fait leur arrivée commerciale sur le marché avec les premiers semoirs EDX d’Amazone et Temp de Väderstad notamment à la fin des années 2000. Pour concevoir ces semoirs, les constructeurs ont eu l’idée de créer un circuit d’air comprimé afin de projeter la graine comme à la sortie d’une carabine à plomb. Ces semoirs permettent aujourd’hui de doubler la vitesse de travail pour pouvoir théoriquement travailler à des vitesses allant de 12 à 20 km/h. Cette technologie par surpression a été complétée par des systèmes à dépression et des systèmes hybrides surpression-dépression. Ces systèmes nécessitent une bonne étanchéité du circuit de distribution des graines. Selon la conception du semoir, une génératrice d’air indépendante est prévue avec une consommation énergétique et une usure des pièces en rotation plus ou moins importante. Un système à brosse existe également qui repose sur le principe d’annuler la vitesse relative de la semence par rapport au sol, lors de sa chute dans la raie de semis. 
La conception de ces semoirs rapides a nécessité également d’adapter par ailleurs les capacités des équipements additionnels comme les micro-granulateurs au potentiel de vitesse plus important. Avec la hausse des vitesses, une puissance de terrage plus importante est nécessaire. Cela se traduit par une hausse de poids sur les éléments semeurs pour assurer le respect de la bonne consigne de profondeur.
 
 
Eviter les temps morts
Aujourd’hui ces matériels semblent avoir fait leurs preuves. Les résultats d’une étude récente sur cinq ans de l’Université de l’Iowa aux Etats-Unis, repérée par nos confrères de la revue Entraid, montre une hausse de rendement de maïs grain entre 0 et + 2,4 q/ha. Ces gains seraient attribués au fait que le débit de chantier a permis de valoriser au mieux les conditions climatiques optimales de semis.
Pour profiter pleinement du gain de valeur ajoutée lié à la vitesse, l’autonomie de l’attelage mérite également d’être repensée. Sur un chantier de semis rapide, les temps morts deviennent proportionnellement plus longs pour calibrer le matériel, vérifier la qualité du semis et le respect des consignes, manœuvrer et assurer le remplissage. Il convient donc de bien anticiper ces temps morts et de les optimiser par une très bonne connaissance de son matériel ou par le choix d’un outil bien adapté à sa propre pratique.   
 
Une autre façon d’aller vite
Pour faire face aux besoins de vitesse, la tendance des dernières années a été de travailler sur de plus grandes largeurs de semoir. Cependant cette stratégie présente des limites auxquelles le semoir rapide peut apporter des solutions. Le choix d’un matériel de grande largeur sera plus coûteux à l’achat qu’un semoir rapide plus compact. Le châssis d’un semoir grande largeur présente en outre des éléments articulés dont l’entretien peut être plus délicat. Par ailleurs les semis en grande largeur nécessitent de plus en plus de décomposer les chantiers car le besoin en traction d’un combiné avec herse devient trop important. Et quitte à devoir décomposer les chantiers, la question de passer au semoir rapide se pose alors, pour les raisons déjà évoquées. En semis rapide, la décomposition des chantiers est en effet obligatoire pour pouvoir profiter pleinement de la vitesse permise. Comparativement à un semoir monograine classique, un semoir rapide est parfois jugé plus stable du fait de sa largeur plus faible. Par ailleurs, il peut offrir une polyvalence appréciée. Avec des débits de chantier comparables aux semoirs en ligne classiques il peut permettre de semer des cultures d’hiver de façon compétitive. Dans ce cas, la capacité du semoir de travailler avec des écartements réduits présentera un avantage certain. 
 
 
Préparer son chantier
La mise en œuvre du semoir rapide pour le maïs grain nécessite comme pour les autres semoirs de précision, une bonne préparation du semoir en tant que tel. Lors de l’attelage au tracteur, il convient de bien vérifier la planéité du semoir par rapport à l’axe d’avancement ainsi que par rapport au sol. La turbine de la centrale d’air mérite le cas échéant d’être contrôlée, ainsi que les gaines de transport, les roues, le système de débit proportionnel à l’avancement, le circuit électrique, les éléments semeurs avec leurs disques de distribution. 
Avant chaque utilisation, un étalonnage mérite d’être effectué pour les différentes distributions au niveau des semences, mais aussi des engrais et autres micro-granulés. La distance de la fertilisation localisée doit être bien respectée entre 5 et 6 cm par rapport à la semence. La pression de terrage sera adaptée en fonction de la vitesse voulue et de la nature du terrain pour respecter une profondeur de semis du maïs préconisée par Arvalis entre 3,5 et 5 cm selon les situations. Il est parfois judicieux de régler spécifiquement le terrage des blocs tasseurs travaillant derrière les roues du tracteur. S’assurer également que le travail de recouvrement de la semence se fait de façon optimale. 
Une fois mis en route, il est fortement conseillé de vérifier que les consignes de semis sont réellement respectées. Il est alors possible de rouler quelques mètres avec les blocs tasseurs relevés pour contrôler la qualité du travail réalisé et des réglages. Ce contrôle permet aussi de vérifier le bon réglage du sélecteur de doubles qui varie en fonction des lots de semences, du fait des calibres et des formes propres des graines au sein des doses employées. Il convient de trouver le meilleur compromis pour éviter les doubles et ne pas créer de manques, sachant que la capacité de rattrapage du maïs avec un manque est parfois considérée comme faible. La précision recherchée dans un semis de maïs grain commence par le réglage du semoir, le calibrage et la vérification du respect des consignes. Ensuite un deuxième niveau de précision peut être envisagé avec les techniques de modulation qui sont aujourd’hui développées sur le marché. 
 
 
Les semoirs monograine se sont perfectionnés au fil des ans afin de pouvoir apporter un meilleur contrôle de la « spermosphère » qui est constituée de l’écosystème autour de la semence.
 
A noter : 

Une bonne préparation du sol
La préparation du sol est un facteur essentiel pour pouvoir espérer valoriser la vitesse d’avancement permise par le semoir rapide. En général la préparation de sol avant une culture de maïs est assez intensive, d’autant plus que le semoir rapide ne se combine normalement pas avec le passage d’une herse. Ce travail du sol a pour rôle également de réchauffer la terre en période de sortie d’hiver. Pour le semis du maïs grain, un lit de semence avec de petites mottes peut être recherché afin d’éviter le phénomène de battance. 
 
 Alexis Dufumier 
Article Précédent
Article Suivant