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Ces bonnets roses qui veulent sauver l’élevage français

En partant du porc, les initiateurs du mouvement Sauvons l’élevage français veulent cristalliser l’ensemble des filières d’élevage en difficulté, y compris au-delà de la Bretagne.

Combien seront-ils, ce jeudi 14 janvier à 11 heures à Plérin (Côtes-d’Armor) devant la Maison du Porc, tous ces éleveurs en colère à l’origine du mouvement « Sauvons l’élevage français » ? Des centaines ?

« Plutôt des milliers », corrige René Le Goudivès, éleveur de porcs dans le Morbihan, un des membres fondateurs de Sauvons l’élevage français. Ils étaient 200 éleveurs de porcs en Bretagne, lors de la réunion de formation du mouvement, il y a quelques jours dans les Côtes-d’Armor. Des éleveurs apolitiques qui ne se reconnaissent plus dans le système actuel. Des petits et des gros qui se considèrent « dans le tunnel de la mort », sans autre espoir que « de donner un coup de pied dans la fourmilière » pour espérer que tous ne doivent pas mettre la clé sous la porte à moyen terme.

Car à 1,07 € du kilo de porc alors que le coût de revient se situe entre 1,40 et 1,50 €, qui peut s’en sortir ? La fixation d’un prix « politique » de 1,40 euro du kilo de porc payé au Marché du Porc Breton par les distributeurs abatteurs Intermarché et Leclerc avaient « stoppé l’hémarrogie chez les éleveurs (5 800 en Bretagne NDLR) ».

La menace de voir le marché au cadran exploser après le retrait à l’achat des deux plus gros abatteurs de porcs français, Cooperl Arc Atlantique et Bigard avait convaincu le président de l’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne, Michel Bloc’h, à demander lui-même aux deux distributeurs d’arrêter de payer si cher le porc. Evidemment, cette décision n’a pas été bien comprise par les éleveurs et a renforcé leur volonté de renverser la table. La crédibilité de Sauvons l’élevage français, mouvement de sans-noms dépendra du niveau de la mobilisation jeudi à Plérin.

Pour René Le Goudivès, il y aura en plus des éleveurs de porcs des centaines et des centaines d’éleveurs de toutes les filières en difficulté, de Bretagne, des Pays-de-la-Loire et de Basse-Normandie. Leurs revendications ? La fin des distorsions de concurrence en Europe, l’étiquetage d’origine de la viande, la réorganisation de la production autour de « deux ou trois groupements de producteurs de porcs » (il en existe neuf actuellement en Bretagne). Et plus généralement le changement des hommes à la tête de la profession. Pour que des hommes neufs expriment des idées nouvelles.

500 bonnets roses apolitiques

Pour symboliser leur révolte, partie d’entre eux portera un bonnet rose (500 ont été commandés) en écho aux bonnets rouges bretons qui ont fait reculer le gouvernement sur le dossier de l’écotaxe il y a deux ans. Le syndicalisme majoritaire (FNSEA) n’est évidemment pas resté insensible au mouvement. Ces derniers jours, René le Goudivès et ses collègues ont été approchés par des adhérents des FDSEA bretonnes. Ils leur ont signifié une fin de non-recevoir. Pour reprendre la main, l’Union des groupements bretons a demandé « aux décideurs politiques de prendre leurs responsabilités » sur ses revendications (sur l’étiquetage d’origine de la viande et la fin des distorsions de concurrence), tout comme Sauvons l’élevage français.

Après cette démonstration de force, le mouvement apolitique mettra la pression sur les grands distributeurs puis les salaisonniers. « Une action par semaine : nous voulons agir vite », souligne René Le Goudivès. Parce qu’ici, les éleveurs sont en train de mourir.

 

Ci-dessous, porcs bretons, photo Franck Jourdain.

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