levage porcs

Ukraine – En trente ans, les effectifs de porcs ont été divisés par quatre

En Ukraine, la production porcine approvisionne le marché intérieur. Depuis l’indépendance du pays les effectifs de porcs ont été divisés par quatre, passant de plus de 20 millions de têtes à 5- 5,5 millions. Durant la période soviétique, le pays exportait une grande des porcs élevés vers d’autres Républiques rattachées à l’URSS.

« Depuis le début des années 1990, la restructuration de l’élevage porcin s’est opérée en plusieurs étapes, relate Oksana Yurchenko, directrice de l’association ukrainienne des producteurs de porcs. On dénombrait encore 9,6 millions de porcs en 2013, puis les effectifs sont passés progressivement à 5,5 millions. En fait, la restructuration de l’élevage s’est poursuivie au fil des crises porcines avant que le pays ne perde le contrôle d’un cinquième de son territoire »

Le nombre de porcs ne varie plus depuis deux-trois ans. L’élevage porcin est réparti dans toute l’Ukraine. Mais les 13 500 élevages inventoriés en 2016 n’étaient plus de 9 600 en 2024. Les raisons avancées de cette chute sont la restructuration permanente de la filière porcine et l’amputation d’une partie du territoire ukrainien par l’armée russe.

Cette dernière a détruit des fermes dans le nord du pays, près de la frontière biélorusse. Par ailleurs, la filière avicole en plein essor offre une viande bon marché auprès des consommateurs.

En Ukraine, la production porcine ne constitue pas en l’état une menace pour le marché européen.

L’élevage porcin est très concentré. 2 000 entreprises détiennent 85 % du cheptel ukrainien. Une entreprise possède à elle seule 14 000 truies et 232 000 porcs, une seconde, 3 500 truies et 52 000 porcs et une troisième, 2 000 truies et 18 000 porcs (par discrétion, Oksana n’a pas souhaité en dire plus pour que ces élevages ne soient pas identifiés).

Certaines fermes produisent intégralement leurs aliments sur leurs terres alors que d’autres en fabriquent une partie ou les achètent intégralement.

Les élevages porcins emploient de nombreux salariés. Par exemple, une ferme de 5 000 truies fait travailler 35 salariés sept jours sur sept, tous corps de métiers confondus (élevage, administration, livraison, cultures etc.).

Durant la période soviétique, l’Ukraine détenait environ 20 millions de porcs. Trente ans plus tard, les effectifs sont quatre fois moindres. Mais l’Ukraine produisait alors des porcs pour exporter de la viande dans toute l’Union soviétique. La question de rentabilité ne se posait pas telle qu’on l’entend dans une économie de marché.

Plus d’un million de producteurs familiaux

Dorénavant, l’élevage porcin est recentré sur le marché ukrainien avec un potentiel de production inexploité.

En Ukraine, il n’existe quasiment pas d’élevage de dimension familiale de deux cents ou de trois cents truies et leurs suites, tels que l’on en trouve en France.

« Mais plus d’un tiers des 5,5 millions de porcs sont détenus par au moins un million de petits producteurs pour nourrir leur famille ou pour vendre de la viande en circuits courts, entre voisins ou sur des ex-marchés kolkhoziens », explique Oksana Yurchenko.

En fait, il est difficile d’évaluer exactement les effectifs de porcs car leurs propriétaires ne les baguent pas tous. Par ailleurs, de nombreux porcelets sont vendus par des entreprises d’élevages à des petits producteurs familiaux. 

Lorsque les Kolkhozes ont été privatisés au début des années 1990, des producteurs de porcs ukrainiens avaient repris une partie des bâtiments d’élevage. Des entreprises danoises ont aussi investi dans l’élevage porcin en modernisant les bâtiments existants.

La restructuration des élevages existants n’avait imposé aucune autorisation. Seuls les nouveaux élevages de plus de 7 000 truies et ou de 30 000 porcs sont soumis à autorisation.

Mais construire de nouveaux bâtiments est devenu très compliqué. Et les équiper en gaz et en électricité, fastidieux.

L’artificialisation des terres n’est pas bien perçue. Enormément de friches agricoles pourraient être rénovées. Et les Ukrainiens ne veulent pas que de nouveaux bâtiments d’élevage soient édifiés à proximité de leur village!

Par ailleurs, l’élevage porcin n’est pas attractif auprès des jeunes actifs et depuis la guerre, une partie du personnel employé dans les fermes est mobilisé.

Remplacer des salariés mobilisés sur le front, blessés ou morts au combat est très difficile. La main d’œuvre qualifiée est rare. Pourtant une bonne partie des Ukrainiens vit en zone rurale. Dix pourcents de la population active est encore agricole.

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Faible consommation de viande

L’élevage porcin pourrait être amené à se développer en Ukraine lorsque le pays sera de nouveau en paix et lorsque le pouvoir d’achat de ses concitoyens se redressera. De nombreux anciens bâtiments kolkhoziens pourront être modernisés et remis en état pour produire.
Les Ukrainiens ne pas des consommateurs exigeants. Comme leur priorité est l’achat de viande bon marché, ils n’imposent pas à leur agriculture les règles sanitaires et de bien être animal en vigueur en Union européenne.
Chaque Ukrainien consomment 35 kg de viande de porc par habitant et par an, soit 3 kg de plus que les Français. Mais ils cuisinent peu de viande de bœuf et de viande de poulet.
En fait, le très faible pouvoir d’achat des Ukrainiens est le facteur avancé pour expliquer leur faible consommation de viande.

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