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Tournesol : ils osent les TCS

De nombreuses techniques existent aujourd’hui pour mener un tournesol en sans-labour. © DR

Semer son tournesol en TCS ou semis direct peut sembler risquer, mais la multiplication actuelle des expériences dans les champs prouve que cette approche est réalisable à condition de soigner son implantation.

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L’implantation du tournesol est l’étape clé de cette culture. Si le semis est réalisé dans de bonnes conditions et que la levée s’effectue de manière optimale, la réussite est quasiment assurée. Les producteurs qui osaient franchir la marche des techniques culturales simplifiées (TCS), voir du semis direct ces dernières années, étaient assez peu nombreux. Un lit de semence trop motteux ou trop compacté, du fait d’un itinéraire technique mené en non-labour, représente en effet un risque important de compromettre le bon enracinement des tournesols, et par conséquence le rendement de la parcelle ou le pourcentage d’huile des graines. Un article de Terres Inovia de mars 2019 met en garde : « La réussite des techniques de travail très superficiel (< 5 cm) ou du semis direct est trop aléatoire en tournesol pour qu’elles soient conseillées […] En non-labour, un travail profond réalisé en conditions adéquates est conseillé, en particulier si le sol s'avère tassé ».

Mais la dynamique actuelle de l’Agriculture de conservation des sols, qui promeut la mise en place du triptyque semis direct – couverture du sol – allongement de la rotation, semble sans limites et la culture du tournesol ne fait pas exception. De plus en plus de producteurs franchissent le pas du non-labour. S’ils ne vont pas tous jusqu’au semis direct, les TCS ou encore le strip-till sont de plus en plus pratiqués avec réussite sur le terrain.

Le site de l’Apad est une mine d’information pour se lancer en semis direct de tournesol © Apad

 
Soigner le semis et la lutte contre les ravageurs
Pour se lancer dans ce type de pratiques, l’idéal est de se référer au pionnier de l’ACS. À titre d’exemple, l’Association pour la promotion d’une agriculture durable (Apad) donne sur son site les clés de la réussite du tournesol en semis direct. Pour obtenir un placement de la graine parfait, le comité technique de l’Apad propose notamment un semis pas trop rapide, autour de 5 km/h, une densité de 55 000 à 60 000 graines/ha et un écartement idéal de 40 à 60 cm. « Le petit coutre derrière le disque ouvreur apporte un plus dans la régularité du semis » précise la note technique. 
La gestion du volet ravageur est également primordiale en semis direct. « Oiseaux et limaces représentent le risque majeur de la prédation pour la culture du tournesol. L’ACS, par la biodiversité qu’elle favorise, peut donc augmenter les pertes » indique la note technique de l’Apad. Les auteurs spécifient à ce sujet qu’il est nécessaire de protéger la culture avec de l’anti-limace dans, et sur la ligne de semis. Pour les oiseaux, l’Apad évoque l’idée de perturber corbeaux et pigeons avec une autre culture, par exemple de la féverole, afin qu’ils ne reconnaissent pas la parcelle de tournesol. « Quoi qu’il en soit, la majorité des ACSistes préfèrent semer plus tard pour que la levée soit la plus rapide possible : c’est encore aujourd’hui le meilleur remède aux différentes attaques ! » indique le comité technique de l’association.

Frédéric Remy détruit son couvert avant qu’il ne lignifie. © DR

 
Rouler pour garder la fraîcheur
Dans le Val-d’Oise, Frédéric Remy a opté pour un travail superficiel à 5 cm avant l’implantation de ses parcelles de tournesol. Son itinéraire cultural lui a permis de récolter 32 q/ha lors de la campagne 2022. « Autour de la mi-avril, je réalise un travail en plein avec le déchaumeur à disque rubin de chez Lemken. Cela me permet de réchauffer le sol avant le semis et de gérer les ravageurs tels que les limaces » décrit-il. Le francilien ajoute qu’il roule les parcelles immédiatement après le passage du déchaumeur pour ne pas perdre l’humidité du sol. « Le lendemain, je sème avec un semoir à disque Avatar et je roule immédiatement une seconde fois la parcelle » témoigne-t-il. 
Pendant l’hiver, la parcelle est couverte par un mélange riche en légumineuse. « Je sème mon couvert derrière un blé. Quand il finit son cycle, je le roule avant qu’il ne lignifie. Ensuite, j’attends un épisode de gelée puis je passe avec le rubin » détaille-t-il. Ce déchaumage a été réalisé cette année le 22 décembre. Il permet d’incorporer le couvert dans le sol et tient lieu de faux-semis pour les graminées qui seront ensuite détruites au glyphosate. « En sortie d’hiver, je réalise un apport d’engrais et un nouveau passage de rubin pour l’incorporer au sol. Pour que l’engrais soit disponible pour la culture, c’est important qu’il soit apporté avant la préparation du sol précédent le semis » constate l’agriculteur. Frédéric Remy explique également sécuriser sa culture avec un apport d’anti-limace sur la ligne de semis.

 
L’enjeu de la destruction des couverts
Dans une vidéo YouTube de Terres Inovia, Maurice de Guebriand, producteur de tournesol sur le secteur du Lauraguais en Occitanie, revient sur sa recherche de la méthode optimale de destruction des couverts. « L’objectif, c’est d’obtenir une surface avec de la terre fine, avec des résidus du couvert les plus dégradés possibles et avec des mottes. La présence de mottes n’est pas rédhibitoire dès lors qu’elles ne sont pas majoritaires en proportion par rapport à la terre fine » indique en préambule de la vidéo Matthieu Abella, ingénieur de développement chez Terres Inovia. Ces conditions d’implantations idéales doivent permettre d’éviter un sillon qui se referme mal, la présence de résidus dans le sillon ou des graines positionnées à des profondeurs irrégulières. 
En l’occurrence, Maurice de Guebriand fait référence à une interculture de féverole qui s’est développée à raison de 3 t de MS/ha avant les semis 2022. « Dans un premier temps, on a voulu la détruire avec un rouleau hacheur, mais le résultat n’a pas été suffisamment pertinent. Ensuite, on a associé le rouleau hacheur à l’avant avec un déchaumeur à disque à l’arrière pour recouper une deuxième fois la matière et commencer gentiment à l’enfouir au sol » se souvient-il. Suite à ces deux passages, il constate que la féverole n’est pas entièrement déracinée et prévoit un second passage de déchaumeur à disque, mais sans le rouleau hacheur cette fois. Selon Maurice De Guebriand, ces deux déchaumages ont été nécessaires, car son semoir ne possède pas la force de pénétration suffisante pour semer en direct dans le couvert sans un léger travail du sol.


Olivier Zachello détruit son couvert avec un rouleau faca positionné à l’avant du tracteur lors du semis. © DR



 

Choisir ses équipements pour s’adapter au TCS
Suite aux constats réalisés cette année, l’agriculteur du Sud-Ouest voudrait s’équiper d’un double rouleau hacheur pour détruire la féverole en un passage. Pour le semis, il aimerait trouver une solution pour augmenter la pression des éléments du semoir, ou s’équiper d’un nouvel outil plus adapté aux techniques culturales simplifiées. Une réflexion qui est d’autant plus importante qu’un test bêche réalisé dans la parcelle a mis en évidence un tassement après la destruction du couvert qui n’était pas présent au préalable. « On peut conclure que ce tassement a été provoqué par les deux passages de déchaumeur à disques, et ceux malgré un très bon ressuyage en surface au moment de l’intervention. […] ça met en lumière un critère important dans le choix des outils utilisés pour la destruction du couvert, à savoir leur poids et le tassement qu’ils peuvent induire » remarque Matthieu Abella dans la vidéo.

Les dégâts de ravageurs peuvent être important en ACS. Frédéric Remy a choisi ici de re-semer sa parcelle. © DR

 
L’option strip-till
En non-labour, l’une des alternatives est le strip-till pour ne travailler que la ligne de semis. C’est cette option qu’a choisie depuis deux ans Olivier Zachello pour l’implantation du tournesol et du maïs. Pour ce faire, il s’est équipé d’un Stripcat de marque Agrisem. « L’objectif était de simplifier les choses. Le bilan après deux ans est positif. Nous avons fait des économies de temps et de carburant et le rendement est équivalent à un itinéraire en TCS » souligne-t-il. Situé dans les Landes, cet exploitant cultive sur des terres battantes hydromorphes. « Ce sont des boulbènes battants. Je les travaille au printemps, deux à trois jours avant l’implantation de la culture, pour réchauffer la ligne de semis » explique-t-il. Le landais a opté pour un travail au strip-till entre 20 et 25 cm de profondeur avec un apport simultané d’urée à raison de 100 kg/ha. « C’est une méthode qui implique d’avoir un couvert pour obtenir une bonne structure du sol. Je le détruis lors du semis avec un rouleau faca situé à l’avant du tracteur » détaille-t-il. Ce couvert se compose de féverole, de pois fourrager, de vesce, de seigle et de radis fourrager. Selon l’agriculteur, ces espèces permettent de structurer convenablement le sol et a également une fonction de paillage. « Il y a une majorité de légumineuses pour l’azote et pour faciliter le roulage. Le seigle est plus riche en carbone, mais il tient également plus longtemps en paillage du sol. Enfin, la crucifère plus ligneuse est destinée à apporter de la matière organique » liste-t-il. 


 
Timothée Legrand

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