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Semis tardif et resemis de maïs, comment s’y prendre ?

Le climat retarde la fin des semis et les maïs déjà semés peinent à démarrer. Certains vont même devoir être resemés.

–stop–

Que d’eau !

Le mois de mai avance, mais la fraîcheur est toujours présente. Quant aux cumuls de précipitations, ils sont variables (figures 1 et 2). Certaines zones cumulent plus de 200 mm d’eau sur les 30 derniers jours. Mais les autres zones ne sont pas mieux loties car même si les cumuls sont inférieurs, c’est la fréquence des épisodes pluvieux qui dérange. Les sols ne ressuient pas ce qui limite fortement les interventions qu’ils s’agissent des désherbages, des apports d’engrais, des resemis et même des semis.

Figure 1 : cumul de pluie entre le 20 avril et le 20 mai 2016 dans l’est de la France.



Figure 2 : pluviométrie enregistrée depuis le 5 octobre 2015 (exemple du poste de Montmorot, dans le Jura, représentatif de l’est de la France)

Sur le mois d’avril, il y a eu peu de jours sans pluie…

Quand faut-il resemer ?

Des parcelles de maïs ont pu être gravement endommagées par la pluviométrie excessive, la battance, des attaques de ravageurs du sol, des limaces, des corbeaux ou par d’autres causes. Le nombre de pieds viables restants est quelquefois très faible. Que faut-il faire ? Un resemis coûte cher en semences et travaux, et il faut donc vraiment juger de son utilité.

Le maïs arrive à compenser en partie une perte de densité et ce d’autant plus que l’on cultive des variétés dentées et tardives. On peut observer le développement d’un deuxième épi sur les plantes très espacées car la lumière inhibe la production de l’acide abscissique, hormone de dominance apicale. L’épi primaire ne reste pas seul.

Bien évidemment, la décision de ressortir le semoir dépend de la régularité dans la parcelle. 50 000 pieds bien répartis auront bien moins d’impacts sur le rendement et le salissement de la parcelle par les mauvaises herbes que des zones entières à faible peuplement.

Tableau 1 : densités minimum en dessous desquelles il faut resemer

Comment resemer ?

En cas de resemis, respectez les conditions suivantes :
– Détruire les plantes restant en place, elles ne peuvent que gêner le développement du resemis.
– Ne jamais resemer en parallèle des plantes restantes, elles font de l’ombre au nouveau semis.
– Ne pas semer trop dense, surtout si le resemis est tardif, le potentiel de la culture sera de toute façon plus faible.
– Changer de groupe de précocité en descendant d’une ou deux classes.
– Il n’est pas nécessaire de retravailler le sol, le travail du soc semeur peut être suffisant, mais cela est à voir au cas par cas selon l’état du sol.
– Si la parcelle est sensible aux taupins, protéger le resemis, car même si les plantes poussent plus vite à cette date, elles seront sensibles aux ravageurs dès la levée.

Le désherbage de prélevée du resemis n’est pas utile, on pourra toujours intervenir en postlevée, le cas échéant, Attention, si de la pendimethaline a été utilisée, faire travailler le chasse-mottes pour écarter le film de produit, sous peine d’une phytotoxicité grave. On peut aussi labourer la parcelle pour diluer en profondeur le produit.

– Ne pas apporter d’éléments fertilisants si la fumure avait été complète.

Semis tardif ou resemis : quelle variété choisir ?

Pour des semis de début juin, il est temps de choisir des variétés plus précoces (tableau 2).

Tableau 2 : prévisions d’arrivée du stade 32 % d’humidité du grain avant le 1er novembre pour des semis au 5 juin selon les groupes de précocités et pour différents postes météo de la région Rhône-Alpes
Les cases vertes correspondent aux situations qui ne devrait pas poser de problème. Les plantes effectueront leur cycle complet avant le 1er novembre quel que soit le climat à venir.
Les cases orange signalent les situations plus difficiles. Elles sont le plus souvent le fait d’un climat à venir défavorable, comme cela a pu être observé 4 fois depuis 1996 (soit 2 années sur 10). La prudence nous dicte d’essayer de semer des variétés plus précoces.
Les cases rouges indiquent des situations trop risquées pour être tentées. Il faut impérativement changer de groupe de précocité.

Le stade 32 % d’humidité correspond à la maturité physiologique des plantes. Après le 10 octobre, les premières gelées peuvent survenir et modifier son arrivée. Le tableau ci-dessus ne prend pas en compte ce paramètre (basé sur les sommes de températures). Il est donc judicieux d’anticiper au maximum avec des variétés plus précoces, pour bénéficier de niveaux d’humidité du grain plus faibles.

 

Didier Lasserre, Thibaut Ray (Arvalis – Institut du végétal)

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