Lors de la dernière campagne, la précocité inhabituelle de la rouille jaune a conduit de nombreux producteurs à traiter dès le stade épi 1 cm, certains sont mêmes intervenus avant. Des essais étudient l’impact du positionnement et du fractionnement des traitements sur la pression maladie.
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Dans certaines situations à forte pression, les premiers traitements 2014 sont intervenus mi ou fin février, avant le stade épi 1 cm et ont été plutôt efficaces. Toutefois, devant la pression parasitaire exceptionnelle, la persistance des produits n’a pas dépassé 3 semaines et ces premiers traitements nécessitaient un relais indispensable 21 jours plus tard, entraînant une multiplication du nombre de passages. Les essais ont mis en évidence l’intérêt de différentes stratégies face à la rouille jaune.
Sur quatre essais conduits sur variétés très sensibles (Trapez, Altigo) ou sensible (Koreli) à la rouille jaune (figure 1), la comparaison d’un déclenchement très précoce (T00) au stade tallage comparativement à un premier passage (T0) au stade épi 1 cm (Z30) relayé dans les deux cas par une application à 2 nœuds est à l’avantage de la deuxième stratégie.
Ainsi, en l’absence de relais du traitement ultra précoce (avant Z30), il valait mieux attendre le début de la montaison, c’est-à-dire le stade épi 1 cm pour démarrer la protection vis-à-vis de l’épidémie de rouille jaune exceptionnelle et continue. Le déclenchement à partir du stade épi 1 cm, avec environ 20 à 25 €/ha de triazole, permet de protéger des feuilles plus récentes et surtout, d’éviter de laisser un intervalle de temps trop important dans la protection jusqu’au relais à 2 nœuds.
Figure 1 : comparaison du stade de déclenchement d’une première intervention visant la rouille jaune 4 essais sur 3 sites : Trapez (27, 59), Koreli (59), Altigo (80)
Z30 : stade début montaison/épi 1 cm
Un autre essai Chipilly (80) sur la variété Trapez a permis de comparer différentes stratégies de fractionnement sur la rouille jaune, à coût identique :
– en trois passages : à 2 nœuds, à montaison et à floraison ;
– en cinq passages : à fin tallage, à 2 nœuds, à dernière feuille, à montaison et à floraison.
L’arrivée de la rouille jaune a permis de mesurer l’effet d’un passage supplémentaire au tallage réalisé le 19 février avec de l’Opus New à 0,8 l/ha.
Cet essai permet de démontrer l’importance d’un traitement précoce dans la lutte contre la rouille jaune. En effet, la modalité en trois passages obtient 49 points d’efficacité en moins que la modalité en cinq passages pour une dose totale équivalente. Cela se traduit par une perte de rendement brut de 31,8 q/ha dans les conditions de 2014.
Le traitement supplémentaire contre la rouille jaune au stade tallage n’est valorisé que dans la stratégie en trois passages. Il apporte 9 points d’efficacité et 17,5 q/ha de rendement brut. Ces conclusions illustrent bien qu’il était essentiel, en 2014, d’intervenir avant 2 nœuds pour contrôler la maladie : un déclenchement plus précoce était indispensable. Toutefois, les résultats de cette stratégie avec une intervention précoce supplémentaire suivie de trois passages sont inférieurs à ceux obtenus avec cinq passages. Cette différence s’expliquerait en partie par le délai d’intervention trop long entre le traitement au tallage est celui à 2 nœuds.
L’intérêt d’un traitement au stade tallage est beaucoup plus limité lorsqu’il est relayé par cinq traitements (essai non présenté) : le gain d’efficacité n’est pas visible, néanmoins, on observe une légère amélioration du rendement brut (+1,6 q/ha), mais pas pour le rendement net en raison de la dépense supplémentaire générée.
Le traitement supplémentaire au tallage n’est donc pas une erreur technique, mais ne procure pas de gain sur la parcelle. Il permet toutefois de freiner le développement de la maladie et diminuer la quantité d’inoculum qui peut potentiellement contaminer les parcelles environnantes.
Le seuil de traitement à épi 1 cm en présence de foyers actifs n’est pas remis en cause. Un traitement précoce au stade tallage peut éventuellement être envisagé, mais n’a de sens que s’il est relayé dans les 20 jours par un autre traitement. La conséquence directe est l’augmentation du nombre de passages.
Par Antoine Jeandey
Journaliste professionnel depuis 1987. Rédacteur en chef de WikiAgri depuis sa création, en janvier 2012. Par ailleurs élu, adjoint au maire de Chaudon (commune rurale d'Eure-et-Loir, 1700 habitants). Co-auteur (avec Camille Beaurain) de "Tu m'as laissée en vie - Suicide paysan, veuve à 24 ans" paru au Cherche Midi éditeur. 
