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Pour vivre, les producteurs de bovins viande décapitalisent leur exploitation et s’endettent

 

Dans la majorité des situations, le revenu disponible des producteurs n’est pas suffisant pour financer leurs prélèvements privés et pour dégager une marge de sécurité financière positive pour investir. Une partie des éleveurs est contrainte de décapitaliser leur exploitation et de s’endetter pour financer leurs prélèvements privés.

« La part des exploitations d’élevage endettées à long terme et à moyen terme avec une trésorerie négative est restée proche de 30 % des élevages suivis », selon l’analyse réalisée sur 195 exploitations par l’Institut de l’élevage (Idele – Dossier annuel année 2021).

Les producteurs de bovins viande dans le grand-ouest et en zone de montagne voient leur bilan se dégrader un peu plus chaque année. Seuls ceux situés dans les bassins allaitants traditionnels (Bourgogne, Massif central) parviennent à équilibrer leurs comptes en vivant « très très » chichement. Bien que les prélèvements privés de ces producteurs n’excèdent pas 20-25 000 € par UTA, ils sont toujours inférieurs à leurs revenus disponibles.

Autrement dit, ces producteurs adaptent les montants de leurs prélèvements privés en fonction du revenu disponible de l’exercice comptable de l’année. Si bien qu’ils dégagent chaque année une marge de sécurité positive.

Mais comme n’importe quel Français qui ne peut compter que sur lui-même pour s’en sortir quand il ne perçoit aucune aide sociale, aucun producteur ne parvient à « survivre » avec moins de 15 000 € par an et par UTA. Et ce, même si le revenu disponible de leur exploitation n’est pas suffisant pour financer ses prélèvements. En effet, ces éleveurs font face à des charges incompressibles pour pourvoir aux besoins de sa famille (logement, nourriture, déplacements etc.).  C’est notamment le cas en zone de montagne (cf diagramme).

Aussi, ces producteurs en zone de montagne dégagent à chaque fin d’exercice comptable une marge de sécurité négative. Autrement dit, ils décapitalisent leur exploitation pour payer leurs charges privées.

Dans le grand-ouest, les montants des emprunts souscrits par les éleveurs sont parfois supérieurs à ceux de leurs investissements. En conséquence, ces producteurs empruntent pour vivre.

Bien que modestes (25 000 €/UT au maximum), les prélèvements privés de ces éleveurs sont systématiquement supérieurs aux revenus disponibles dégagés entre 2019 et 2021. Même lorsque le revenu disponible de leur exploitation baisse, ces producteurs du grand-Ouest ne parviennent pas à ajuster le montant de leurs prélèvements privés. En 2021, leur revenu disponible était de 20 000 € et leurs prélèvements privés de 25 000 €.

Toutefois, les producteurs de bovins viande espèrent toujours une amélioration de leur situation car chaque année, ils investissent. En zone de montagne, les éleveurs empruntent plus de 20 000 € par an. Dans le grand ouest aussi, la totalité des investissements est financée par emprunts mais dans le bassin allaitant, une partie de leur montant est autofinancée puisque les éleveurs dégagent une marge de sécurité positive.

En fait, la plupart des exploitations d’élevage peine à se remettre des deux années de canicule qui ont plombé leur compte de résultat. Les producteurs « Diversifiés grandes cultures, naisseurs-engraisseurs de jeunes bovins » (189 ha SAU et 77 vaches allaitantes-VA) ont profité de la conjoncture très favorable des marchés de la viande et des céréales.

Leur revenu courant en 2021 a atteint 46 100€/UMO en moyenne. Il est supérieur de 16 000 €/Unité de main d’œuvre (UMO) à celui de l’an passé et il est deux fois plus élevé qu’en 2018. A contrario, le revenu des éleveurs « engraisseurs de veaux de lait et de veaux sous la mère » (79 VA pour 1,9 UMO) est trois fois plus faible (13 400 €/UMO) malgré la bonne stabilité du marché des veaux sous la sous la mère.

Les « Naisseurs spécialisés extensifs » ont un revenu à peine plus élevé (13 700 €/UMO). Il est toutefois en légère hausse (+ 500 €/UMO) pour la première fois depuis six ans. En 2016, il était de 22 000 €/UMO. Les autres systèmes d’élevage dégagent des revenus par UMO intermédiaires.

Celui des éleveurs « Diversifiés grandes cultures et naisseurs » est de 38 100 €/UMO en moyenne. Comme ces producteurs ont bénéficié de la bonne conjoncture de céréales, leur revenu est le plus élevé de ces dix dernières années.

Les « Naisseurs engraisseurs spécialisés » ayant bien valorisé leurs vaches de réforme et leurs jeunes bovins engraissés, ont dégagé un revenu de 31 300 € par UMO. Alors que les « Naisseurs spécialisés » (19100 €/UMO) ont pâti du marché atone des animaux maigres. 

1 Commentaire(s)

  1. L’idéologie a pris le pas sur la raison et la science !
    Nous subissons les symptômes climatiques (inondations sécheresses et canicules) d’une désertification des continents = disparition de la couverture végétale (déforestation) au moment ou on en a le plus besoin = l’été ! Il faut 30 ans pour qu’un arbre soit opérationnel pour le climat, en attendant il faut réguler les ruissellements de surface avec des digues pour éviter les inondations et ainsi il n’y aura plus de sécheresse : Inondation c’est quand l’eau repart trop vite vers la mer, sécheresse c’est quand elle est repartie trop vite … Actuellement les rivières françaises rejettent plus de 50% des précipitations vers la mer alors qu’il ne faudrait pas dépasser les 30%. Les plans GEMAPI pour lutter contre les inondations favorisaient l’écoulement de l’eau, il faut faire exactement le contraire : Retenir en Amont pour ne pas inonder en Aval des bassins versants, une technique simple qui a fait ses preuves pendant des millénaires et qui a été ruiné en quelques années par l’administration française au nom de la continuité écologique des cours d’eau … Si on avait DEUX fois plus de précipitations on aurait DEUX fois plus d’inondations mais toujours pas assez d’eau l’été … https://www.ouest-france.fr/medias/ouest-france/courrier-des-lecteurs/secheresse-et-dereglement-climatique-8a9e8ea1-4fa0-420f-8633-8ffd27dbc189

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