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Pas de hâte pour le premier apport d’azote sur céréales

Qu’elle soit liée aux dates d’implantation, aux types de sol ou aux conditions climatiques, une diversité de l’état des cultures entre les secteurs de notre région caractérise ce début de campagne. Principale conséquence à cette hétérogénéité : la fertilisation azotée doit être adaptée à chaque situation. D’autant qu’un apport d’azote au tallage est souvent utile mais peu efficient.

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A la sortie de l’hiver, un apport d’azote est souvent nécessaire au maintien du potentiel des céréales en cours de tallage, dès que les reliquats sont inférieurs à 60 kg N/ha sur l’horizon 0-60 cm. A ce stade, le blé a des besoins peu élevés, sa croissance est lente mais une carence peut réduire la vitesse d’émission des feuilles voire bloquer le tallage. Dans plusieurs zones de la région, les sols sont gelés voire enneigés et les niveaux de peuplement sont très variables selon les conditions de semis : il est nécessaire d’adapter la conduite à la situation des parcelles.

Une conduite adaptée pour assurer rendement et qualité

• Au tallage, ne pas apporter plus de 40 kg N/ha et ne déclencher l’intervention que si les conditions climatiques sont réunies : pluie d’au moins 5 à 10 mm prévue dans les 10 jours après l’apport et températures poussantes. Attendre si possible que les sols soient correctement ressuyés et non gelés : les plantes auront plus de difficulté à valoriser l’engrais sur des sols saturés d’eau.

• Il est préférable de finaliser les désherbages antigraminées avant tout apport d’azote et d’attendre un délai de 8 jours entre les deux interventions.

• La forme d’engrais (ammonitrate, urée, solution) n’entraîne pas de retard significatif dans la valorisation de l’engrais et ne nécessite pas d’anticipation de la date d’apport.

• Si une bande double densité (BDD) est présente dans la parcelle, c’est un bon indicateur pour décider ou non d’effectuer un apport d’azote au tallage*.


* Attention, en cas de très fort développement des céréales, certaines « BDD » jaunissent prématurément en raison de problèmes sanitaires (oïdium, rouille par exemple). Avant toute décision d’apport, il faut s’assurer que le changement de coloration de la BDD est bien lié à une carence azotée (jaunissement partant de la pointe des vieilles feuilles).


Sur la dose totale d’azote nécessaire à un blé au cours de la campagne, la part apportée au tallage est la moins efficiente et celle qui contribuera le moins à la teneur en protéines finale. Pour un objectif « protéines », et à dose totale équivalente, mieux vaut garder de quoi renforcer l’apport de fin montaison ! Cette stratégie est d’autant plus payante si un outil de pilotage est utilisé pour ajuster la dose finale à apporter.

Dans les parcelles saines semées précocement, le tallage peut être abondant

Cette croissance est surtout due aux températures extrêmement douces de l’automne (émission rapide des feuilles et des talles). Dans ces conditions (parcelles saines, semées avant le 20/11, qui ont atteint ou dépassé 2-3 talles), aucun apport n’est nécessaire avant la deuxième quinzaine de février. Un apport d’engrais précoce favoriserait le maintien et la montée de talles secondaires, non productives. Cet excès de croissance aurait pour conséquences :
– de réduire fortement l’efficacité des engrais apportés au tallage en favorisant l’absorption d’azote par des organes non productifs,
– d’augmenter fortement les risques de verse en augmentant inutilement le nombre de tiges et en favorisant l’allongement des entre-nœuds,
– de favoriser les maladies aussi bien foliaires (rouilles, oïdium) que du pied (piétin échaudage, piétin verse).

A l’inverse, une carence azotée survenant durant la fin du tallage sur des cultures très développées aura pour effet de ralentir l’émission de talles secondaires et tertiaires et, si elle se poursuit, de provoquer la disparition des talles les plus faibles. Les talles bien développées ne seront éliminées que si la carence est très sévère et se prolonge.

Un apport précoce pour les situations à faibles disponibilités en azote

En cas de très faibles reliquats (rendement du précédent très élevé, faible minéralisation, sols superficiels et caillouteux, lessivage automnal important), et/ou de cultures peu développées (semis tardifs), ou ayant de fortes difficultés de croissance (parcelles hydromorphes), un apport d’azote minéral peut être nécessaire dès que possible, c’est-à-dire dès que la culture sera capable de le valoriser : sol ressuyé et non gelé, développement suffisant (stade tallage atteint), conditions poussantes.

Concernant les pratiques de fertilisation azotée dans leur ensemble, le mieux est de consulter la réglementation en vigueur sur votre zone.

Edouard BARANGER, Michel BONNEFOY, Delphine BOUTTET, Chloé MALAVAL JUERY, Agnès TREGUIER (ARVALIS – Institut du végétal)

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