andainage luzerne

Décarbonée, la filière luzerne déshydratée à l’abri des crises énergétiques

En ayant réduit de près de 95 % sa consommations d’hydrocarburants fossiles, la filière Luzerne déshydratée n’a quasiment pas été impactée par la flambée du prix du pétrole et du gaz. Elle est donc restée très compétitive.

La filière luzerne déshydratée est un cas d’école. En s’affranchissant chaque année des hydrocarburants fossiles pour déshydrater la luzerne fauchée, la filière « France Luzerne déshydratée » n’a pas été affectée par la flambée du prix des énergies fossiles l’an passé.

Une tonne de luzerne déshydratée consomme 95 % d’énergie fossile en moins qu’en 2005. La neutralité carbone sera atteinte en 2025. La majorité des 22 usines de séchage sont entièrement décarbonées. La luzerne est un fourrage très compétitif à haute valeur ajoutée.

En France, le fourrage est surtout devenu plus compétitif que ces concurrents européens, toujours consommateurs de charbon et de gaz pour la produire.

Aux Pays Bas, des usines ferment, condamnant des producteurs de luzerne à s’orienter vers d’autres cultures. Or la disparition d’une filière dans un pays affaiblit, à l’échelle européenne et mondiale, l’ensemble de la filière luzerne déshydratée.

Du champ à l’étable, « le secteur de la production de luzerne déshydratée en France a divisé par 2,3 ses émissions de gaz à effet de serre, passant de 1,150 à 0,494 kg CO2 -eq par kg de matière sèche de luzerne déshydratée entre la période 2006-2009 et la période 2016-2019 », affirme Pascal Thiébeau et Julie Auberger de l’INRAe. Ils ont comparé à dix ans d’écart le cycle de vie du carbone de la luzerne du champ à la sortie d’usine de déshydratation.

Un cas d’école

Mais l’emploi de bois comme source d’énergie accroît de 45 % la consommation de terre nécessaire pour produire de la luzerne déshydratée car une partie de la biomasse nécessaire est employée comme combustible.

La réduction des émissions de gaz à effet de serre de la filière luzerne est d’abord due à la pratique de préfanage! Une baisse de 5 % de la teneur en eau réduit de 20 % la consommation d’énergie nécessaire pour sécher le fourrage.

Mais la décarbonation de la filière luzerne a mobilisé l’ensemble de ses acteurs. Le process a été entière revu. Ainsi, les usines de déshydratation se sont modernisées pour se convertir au bois. Comme la luzerne préfannée est plus légère, le fourrage est dorénavant transporté dans des remorques de grandes dimensions. Les véhicules sont passés de la norme 3/4 euros à 4/5 euros alors que la température des fours a été diminuée à 39%. Celle-ci était initialement de 750°C.

Mais par temps pluvieux, une partie de la récolte de luzerne n’est pas déshydratée car la teneur en eau rend la transformation trop onéreuse. Aussi, le rendement par hectare est passé de 13 TMS à 10,7 TMS. Le dérèglement climatique rend en fait la production de luzerne hasardeuse.

Outre la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la décarbonation de la filière luzerne déshydratée impacte favorablement l’environnement en réduisant par exemple de 73 % l’eutrophisation des eaux douces et de 39 % l’eutrophisation terrestre.   

La filière luzerne décarbonée est prise en exemple par d’autres filières consommatrices d’énergie fossile. Pour sécher les noix, le gaz pourrait être remplacé par du bois. Les coques sont aussi de très bons combustibles.

Dans la filière sucre, les sucreries envisagent d’utiliser la pulpe déshydratée comme combustible pour extraire le sucre des racines.

________________________________________________________________________________________________

Bilan de campagne 2023 provisoire

6 500 fermes cultivent de la luzerne. Cette année, les 68 000 hectares recensés ont permis de produire 810 000 tonnes de luzerne déshydratée dans 24 usines. L’ensemble de la filière emploie 1 500 emplois.

Article Précédent
Article Suivant