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Paradise Papers, le ministre de l’Agriculture du Brésil concerné

Blairo Maggi, le ministre de l’Agriculture du Brésil est concerné par les révélations sur les comptes offshore des Paradise Papers. Or, c’est lui qui a minimisé, il y a quelques mois, le scandale de la viande avariée au Brésil, en espérant aboutir à un accord de libre-échange Europe-Mercosur comprenant une large importation de viande par l’Europe…

L’Europe va-t-elle devoir revoir sa copie dans le cadre de l’accord de libre-échange actuellement négocié avec les pays du Mercosur, soit de l’Amérique du Sud avec le Brésil en fer de lance ? Ce ne serait pas illogique, car les toutes récentes révélations sur les Paradise Papers mettent en cause nommément Blairo Maggi, actuel ministre de l’Agriculture du Brésil. Or, dans l’accord de libre-échange actuellement négocié, son rôle n’est pas mince…

Un argument supplémentaire contre le contingent de viande bovine dans l’accord Europe – Mercosur

Dans l’accord en cours en effet, comme WikiAgri vous l’avait dit, un contingent de 70 000 tonnes de viande bovine de l’Amérique du Sud vers l’Europe fait partie des négociations. Les détracteurs de cette ligne (soit, entre autres, la majorité des députés européens français en charge de l’agriculture, plus toutes nos institutions de l’élevage ou autres syndicats) mettaient en avant deux arguments pour s’y opposer : 1. la crise de la viande bovine qui frappe déjà les producteurs européens ; 2. le fait que le Brésil ait connu récemment, en début d’année, un scandale avec un trafic de viande avariée.

Or, celui qui a minimisé le scandale en question, c’est Blairo Maggi. Le Monde daté du 11 avril 2017 explique ainsi comment le ministre de l’Agriculture du Brésil a su user de toute son influence, de milliardaire qu’il est également, pour que le problème n’en soit plus un… A un point tel, donc, que la Commission européenne a accepté le principe d’évoquer ce contingent de viande bovine dans les tractations ranimées depuis la rentrée de septembre.

Et voilà donc qu’un troisième argument, et non des moindres, vient alourdir le passif pour introduire davantage de viande sud-américaine en Europe qu’actuellement : son plus grand défenseur est impliqué directement dans l’affaire des comptes offshore mis à jour par les Paradise Papers. Il l’est même directement avec le géant français des matières premières, Louis Dreyfus : ainsi, une société du nom de Amaggi & LD Commodities SA est enregistrée avec un compte aux îles Caïman. Cette société vise à commercialiser du maïs et du soja. Selon les données recueillies dans le cadre des Paradise Papers, « la famille Maggi a été classée parmi les plus grands producteurs de soja au monde ainsi que l’une des familles les plus riches du Brésil« . La société en question, qualifiée de « pleinement opérationnelle », afficherait ainsi des ventes brutes « de 100 millions de dollars provenant du commerce des produits agricoles » (source des guillemets : la fiche dédiée à Blairo Maggi sur le site internet des Paradise Papers). Le site des Paradise Papers fait également mention d’un communiqué de Blairo Maggi démentant tout bénéfice avec cette société.

C’est le profit de la culture du soja OGM qui repose aux îles Caïman

Pour autant, que signifie la découverte de ce compte offshore aux îles Caïman ? Il a finalement de grandes implications sur l’agriculture, y compris mondiale. Car ce sont les bénéfices de la culture du soja, forcément OGM dans ces contrées, qui échappent à la fiscalité. En d’autres termes, le mode de production brésilien, pourtant souvent cité en exemple, comprend non seulement un salariat parmi les plus faibles au monde pour ses ouvriers agricoles, mais encore un profit pour un nombre extrêmement restreint de bénéficiaires uniquement, tel qu’il change toute la donne partout dans le monde dans une course effrénée à la productivité.

Comment des éleveurs européens producteurs de viande bovine peuvent-ils lutter à armes égales avec leurs homologues brésiliens, lesquels nourrissent leurs troupeaux avec un soja non seulement plus performant en tant qu’OGM, cultivé moins cher avec une main-d’oeuvre (beaucoup trop) bon-marché, mais encore défiscalisé par un passage virtuel par les îles Caïman ? Et l’Europe peut-elle poursuivre à se montrer complice d’un tel système en continuant à vouloir inclure le contingent d’import dans ses accords de libre-échange ?

Et si les Paradise Papers avaient donné un argument nouveau majeur pour se sortir de cette situation ?

 

En savoir plus : https://wikiagri.fr/articles/lelevage-europeen-sous-la-menace-dun-accord-avec-les-pays-de-lamerique-du-sud/15798 (notre article sur les tractations concernant l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur) ; http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/04/11/blairo-maggi-un-ministre-au-secours-de-la-viande-bresilienne_5109362_3234.html (l’article du Monde évoquant l’action de Blairo Maggi pour minimiser le scandale de la viande avariée au Brésil) ; https://offshoreleaks.icij.org/stories/blairo-borges-maggi (fiche dédiée à Blairo Maggi sur le site internet des Paradise Papers).

Ci-dessous, au Brésil, atelier de découpe de viande bovine destinée à l’export (photo d’archives).

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