Le 18 novembre, envoyez-nous, avec commentaires et légendes, des photos prises lors de rassemblements et des cortèges auxquels vous participez.
Les agriculteurs français n’ont jamais eu autant le sentiment d’être livrés à eux-mêmes alors que la situation appelle à un sursaut national et européen. Ils n’ont aucune prise sur les évènements.
En France, la dissolution de l’Assemblée nationale n’a pas permis au projet de loi d’orientation pour la souveraineté en matière agricole et le renouvellement des générations en agriculture d’être définitivement adopté.
Pendant l’été, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau n’a géré que les affaires courantes alors que les mauvaises conditions climatiques ont causé la destruction d’une bonne partie des récoltes et ont favorisé la diffusion d’épizooties (FCO, MHE).
A Bruxelles, les députés européens compétents pour traiter des questions agricoles sont dorénavant très peu nombreux depuis les dernières élections européennes.
C’est donc dans la rue que les agriculteurs vont crier leur désarroi en prenant à témoin les Français. Les 18 et 19 novembre prochains, ils manifesteront devant les préfectures et, symboliquement, sur les ronds-points et les avenues « de l’Europe ».
« Malgré toute la frustration qui parcourt les campagnes, il est important de s’abstenir de toute atteinte aux biens et aux personnes. Notre objectif n’est pas d’ennuyer les Français, mais bien de mettre la pression sur le gouvernement pour être entendus », a déclaré Arnaud Rousseau.
La FNSEA et JA mobiliseront leurs troupes sur quatre urgences : Mercosur, trésorerie, simplification, et renouvellement générationnel.
Une manifestation en trois actes
Les dates du 18 et du 19 novembre n’ont pas été choisies par hasard. A Rio de Janeiro au Brésil , se déroulera alors le 19ème sommet du G20, propice à des annonces sur l’accord commercial UE-Mercosour. Puis suivra les 5,6 et 7 décembre prochains à Montevideo, le sommet des pays membres du Mercosour (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay, Bolivie) d’ores et déjà redouté.
En l’état, Arnaud Rousseau, président de la FNSEA et Pierrick Horel, président de la Jeunes Agriculteurs refusent cet accord.
La concurrence induite par l’accord du Mercosur est déloyale du point de vue sanitaire et environnemental. Il expose les consommateurs européens à des produits ne respectant pas les règles ayant cours au sein de l’UE.
Cet accord commercial ouvrirait l’Union européenne « passoire » à des importations de denrées agricoles et agroalimentaires qui ne pourraient être ni cultivées ou ni produites sur le territoire européen.
Enfin, l’accord commercial s’inscrirait en contradiction avec les objectifs de la PAC. Il contribuerait même à la démanteler alors que les discussions sur le budget européen pour l’après 2027 s’annoncent très difficiles dans les prochains mois.
En France, l’entrée en application de l’accord du Mercosur saboterait l’application des lois Egalim sur la construction des prix en marge avant.
La FNSEA et JA redoutent même le délitement du modèle agricole français. Avec en ligne de mire, la perte de souveraineté alimentaire de notre pays.
Deux autres rendez-vous avec les Français
Si la météo le permet, les deux présidents de la FNSEA et de JA souhaitent étendre leur mouvement jusqu’à la mi-décembre. Ils prévoient l’organisation de deux autres rendez-vous pour pouvoir bien faire savoir aux Français l’ampleur de leurs sujets de discordes avec le gouvernement français et les institutions européennes.
« Les modalités d’action seront précisées ultérieurement », a précisé Arnaud Rousseau, qui a cependant évoqué l’hypothèse d’actions en direction de la grande distribution.
Ces deux rendez-vous seront l’occasion de réitérer le ras le bol des agriculteurs sur les contraintes réglementaires auxquelles ils sont soumis et sur les contrôles intempestifs dont ils sont régulièrement victimes. Ils souhaitent que le projet de loi sur la simplification économique discuté au Sénat soit définitivement adopté.
Deux mois avant le rendez-vous électoral
En plus des mesures fiscales annoncées l’hiver dernier, et dont les agriculteurs n’ont pas vu le contour de la plupart d’entre elles, la FNSEA et JA demandent au gouvernement de préciser le plan de trésorerie qu’il mettra en place pour accompagner les céréaliers dans la détresse.
Les syndicats ne connaissent toujours pas les conditions dans lesquels les agriculteurs pourront souscrire des prêts de trésorerie et de consolidation.
En pleine campagne des élections des représentants des chambres d’agriculture, les deux syndicats se doivent d’être présents sur le terrain pour ne pas laisser champ libre aux syndicats agricoles concurrents.
S’ils n’obtiennent aucune satisfaction qui puisse apaiser leur colère, les deux présidents de JA et de la FNSEA ne voient comment ils pourront porter un discours mobilisateur auprès des jeunes, des étudiants et des actifs en reconversion pour renouveler une génération d’agriculteurs qui cessera son acticité d’ici une dizaine d’années.
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Le 13 novembre, quatre interprofessions (1) « unissent leur voix pour réaffirmer, ensemble, leur ferme opposition » à la conclusion de l’accord UE-Mercosur.
« Elles demandent au gouvernement français d’agir sans ambiguïté et de s’opposer fermement à la signature de cet accord. Les risques sont majeurs pour la souveraineté agricole et alimentaire, la compétitivité et la durabilité des productions. Cet accord représente un risque avéré pour la sécurité alimentaire de l’Europe ! »
(1) INTERBEV (l’Interprofession Elevage et Viande), ANVOL (l’Interprofession de la volaille de chair), AIBS (l’Association Interprofessionnelle de la Betterave et du sucre) et INTERCÉRÉALES (l’Interprofession de la filière céréalière française).
Légende photo: Manisfestation des agriculteurs le 29 mars 2023