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Orge, réaliser le diagnostic du piétin échaudage

De nombreuses parcelles d’orge présentent actuellement des symptômes de piétin échaudage. Il est probable que des parcelles de blé soient également touchées. Seule l’observation des racines après un lavage soigneux permet de faire un diagnostic pertinent.

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Le piétin échaudage est un champignon du sol qui contamine les racines des graminées. En fin de cycle, il conduit à un échaudage des plantes atteintes. Il n’existe pas de solution curative efficace, Il est donc impératif de ne pas laisser s’installer la maladie en utilisant toutes les possibilités pour limiter son développement sur les cultures suivantes.

Quels sont les symptômes ?

Parcelle : Foyers de moins d’un mètre, à de grandes zones irrégulières se rejoignant

Les symptômes sont souvent observés au niveau des andains de paille du précédent ou de l’antéprécédent. Observez la régularité de répétition des symptômes dans la parcelle. S’ils correspondent à la largeur de la barre de coupe de la moissonneuse batteuse, la présence de piétin échaudage est probable.

Plantes : faible croissance, tallage réduit à échaudage complet de toute la plante avec ses talles

On observe parfois à maturité, un manchon noir de 1 à 3 cm qui peut remonter au-dessus du plateau de tallage.

Racines : nécroses noires de taille différentes, de quelques mms à toute la racine

Attention, des racines blanches nouvellement formées sont visibles également. La présence de nécroses sur quelques racines est suffisante pour s’assurer de la présence de la maladie.

Confirmation du diagnostic
Après prélèvement à la bêche sur 10 cm de profondeur, laver soigneusement et délicatement les racines des plantes atteintes. En présence de piétin échaudage les racines sont fragiles, la qualité du prélèvement et un lavage soigneux des racines sont essentiels pour l’observation. La comparaison avec les racines de plantes saines confirme l’observation.


Grands foyers allongés. Ils correspondent souvent aux andains lors de la récolte du précédent.


Les plantes sont chétives et présentent un faible tallage. Certaines sont entièrement desséchées.


L’observation des racines est impérative et exige un lavage soigneux.
Observation de manchons et racines noires. Ne pas se laisser piéger par les quelques racines blanches
 !

Comment limiter le risque sur la culture suivante ?

Miser sur la lutte agronomique

• Ne pas laisser s’installer la maladie : une culture non hôte (colza, pomme de terre, pois) limite la pression sur les céréales qui suivent. L’absence de plantes hôtes pendant 3 ans (céréales à paille, prairies à base de graminées…) fait disparaître l’inoculum. Allonger la rotation avec ces cultures permet de limiter la pression du champignon sur le blé suivant, sans toutefois l’éradiquer. Une coupure occasionnelle entraîne le retour rapide de la maladie. Attention, certaines espèces hébergent le piétin échaudage et favorisent donc son retour sur les céréales (ray-grass, jachère ou culture enherbée en graminées).

• Limiter le chaulage avant implantation de céréales à paille. La mesure régulière du pHeau s’impose tout particulièrement dans les parcelles à risque de piétin échaudage pour éviter d’aggraver le risque avec un chaulage, en particulier avec les produits à action rapide. Si le pHeau de la parcelle est trop bas (pHeau < 5,8), il est préférable d’éviter la culture d’orge. En effet, dans ces conditions l’orge est pénalisée par un pHeau trop faible. Le chaulage est donc indispensable et peut donc favoriser le piétin échaudage. • Destruction des repousses : les repousses de céréales dans l’interculture constituent un support de la maladie. Leur destruction est impérative. • Désherbage : la destruction des graminées adventices, et particulièrement du chiendent est indispensable. Comme les repousses, ces adventices constituent un support vivant de la maladie. • Broyer et répartir les andains de paille : pour limiter les attaques, il est recommandé de broyer finement les résidus de paille et de rappuyer les sols soufflés après le semis. • Retarder la date de semis de 2 à 3 semaines diminue sensiblement le risque.

Côté phytosanitaire, le traitement de semences Latitude est le seul produit autorisé

Son efficacité est voisine de 50 %, les gains de rendement observés dans les situations contaminées sont proches de 10 q/ha. Afin de limiter le risque de résistance, ne pas utiliser sur une même parcelle des semences traitées avec le produit deux saisons consécutives.
 

Eric Masson, Elodie Quemener (Arvalis – Institut du végétal)

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