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L’escargot s’accroche au drapeau européen

Nous avons déjà évoqué au printemps les efforts des héliciculteurs pour obtenir une traçabilité sur les escargots. Depuis, plusieurs parlementaires ont plaidé cette cause de différentes manières pour n’obtenir qu’une réponse peu satisfaisante des instances nationales, et il faut donc espérer que les modifications des règlements européens sur l’étiquetage des produits culinaires, à l’échéance de décembre 2014, incluront bel et bien les escargots.

Aujourd’hui, seulement 5 à 10 % des escargots consommés en France sont issus de l’héliciculture hexagonale. Les producteurs d’escargots souhaitent donc une reconnaissance de leurs efforts : élevages et pas de ramassages dans la nature, plus identité géographique. Or ces éléments ne figurent pas aujourd’hui sur les étiquettes de boîtes d’escargots (lire notre article précédent pour tous les détails, lien à la fin de celui-ci).

D’où une demande de traçabilité, effectuée en bonne et due forme auprès des services de l’Etat concernés, mais aussi à travers l’intervention de plusieurs parlementaires, avec 18 questions écrites posées par des députés et 6 par des sénateurs.

Aux sénateurs et aux députés, c’est le ministère chargé de l’économie sociale et solidaire et de la consommation qui a répondu. Une réponse, toujours la même, qui rappelle que la réglementation actuelle ne prévoit pas l’étiquetage demandé (ce que l’on savait, puisqu’il s’agissait de l’objet de la demande…), mais qui ajoute aussi une précision : « Néanmoins, rien ne s’oppose à ce qu’un fabricant indique, de façon volontaire, l’origine et le mode de production des produits qu’il commercialise. » Après avoir indiqué certaines modalités à respecter alors, le courrier conclut : « Il n’appartient pas au gouvernement mais aux organisations professionnelles de modifier les usages commerciaux afin d’inciter les opérateurs français à indiquer volontairement l’origine et le mode de production des escargots.« 

En d’autres termes, et même si la formulation est polie, retour à l’envoyeur. Là où les héliciculteurs demandaient une réglementation favorisant un étiquetage clair, on leur répond, en gros, qu’ils n’ont qu’à faire le tour de toutes les entreprises agroalimentaires qui font de l’escargot en boîte pour que chacune décide d’elle-même de donner les précieux renseignements… De quoi en baver… Heureusement, la solution existe par ailleurs.

Un étiquetage européen programmé en décembre 2014

Car derrière la défausse de l’Etat français, les instances européennes, elles, offrent une perspective réelle. Ainsi, Bercy (plus précisément la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, la DGCCRF, plus communément appelé le service des fraudes) a envoyé un courrier aux héliciculteurs qui leur apprend qu’une réglementation européenne est en préparation sur l’ensemble des produits culinaires avec un seul ingrédient, ou les ingrédients constituant plus de 50 % du produit fini (c’est le cas des escargots), avec application programmée en décembre 2014.

Un peu plus tard, dans un courrier de réponse à un député, le ministre de l’Economie et des Finances Pierre Moscovici précise le contexte réglementaire : les exceptions nationales ne sont plus acceptées au sein de l’Europe, et c’est donc bien au niveau européen que les décisions se prennent. Il cite en particulier un texte concernant l’information du consommateur sur les denrées alimentaires (dit INCO), qui doit effectivement être appliqué à partir du 13 décembre 2014.

Christophe Simoncelli, animateur de l’association Aspersa (Association spécialisée des producteurs d’escargots des régions du secteur alpin), qui a eu la gentillesse de me fournir les informations utilisées dans cet article, a regardé de près également le règlement européen du 25 octobre 2011 applicable en décembre 2014. L’escargot semble bien figurer parmi les denrées alimentaires concernées par cet étiquetage, même s’il estime que cela reste à vérifier jusqu’au bout (une exception au dernier moment peut toujours se produire…), d’où un lobbying à venir, cette fois, en direction des députés européens.

En attendant, seule assurance, les fermiers locaux

En attendant, les producteurs communiquent auprès des consommateurs sur le thème : « Si vous souhaitez consommer des escargots français, une seule solution : allez vous approvisionner auprès des producteurs fermiers locaux !« 

Une solution, finalement, pas si déplaisante que cela. Pourrait-on dès lors parler de tourisme hélicicole ?

En savoir plus : https://wikiagri.fr/articles/les-producteurs-descargots-en-bavent-pour-la-tra%C3%A7abilite/543 (notre article précédent, daté du 27 avril 2013, sur la problématique escargots en France) ; http://aspersa.over-blog.com (blog de l’association Aspersa, très bien renseigné sur le sujet) ; http://www.heliciculture.net (site national de l’escargot d’élevage, réseau, explications, et même recettes !).

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