lait industriel pr paration glaces

Lait, la transformation reconstitue-t-elle ses marges sur le dos des éleveurs ?

Alors que le marché ne donne aucun réel signe d’essoufflement, des industriels imposent des prix de plus en plus déconnectés de la conjoncture. Or en cette fin d’été, la situation est compliquée et les transformateurs ne semblent pas être particulièrement compatissants. La sécheresse conduit les éleveurs à puiser dans leurs stocks de fourrages pour nourrir leurs animaux et la production de lait a pâti des fortes chaleurs estivales.

Les bonnes résolutions des états généraux de l’alimentation déjà oubliées ? La combinaison de plusieurs facteurs concourt à une nouvelle augmentation ou tout au moins à une stabilisation du prix du lait cet automne après la remontée des prix observée ces trois derniers mois.

En août dernier, le lait a été acheté, en moyenne, aux producteurs français, 345 € en août dernier (+ 19 € en un mois), selon la Commission européenne. Au niveau européen, le prix payé aux éleveurs a crû pour le troisième mois consécutif. Les 1 000 litres ont été payés 325 € en moyenne en août. Aux Pays-Bas et au Danemark, les éleveurs ont même vendu leur lait 345 € les 1 000 litres. Mais les leurs collègues allemands n’ont perçu que 321 €.

Mais pour le mois de septembre, Lactalis propose d’acheter les 1 000 litres, entre 310 et 315 € (prix de base), un prix inférieur à la coopérative Sodiaal, pourtant réputée pour ses prix bas, qui a l’intention de payer le lait entre 320 € et 340 € les 1 000 litres en août, septembre et octobre.

Selon Thierry Roquefeuil, président de la Fédération nationale des producteurs de lait, ces deux transformateurs tentent de reconstituer leurs marges sur le dos des éleveurs pour compenser les pertes subies ces derniers mois. Certains n’ont pas pu répercuter en aval le prix auquel le lait a été acheté ces derniers mois.

Par ailleurs, le président de la Fnpl se demande si Lactalis ne fait pas payer aux éleveurs les pertes subies par la crise à la listéria, tandis que Sodiaal vient au secours de Synutra. L’entreprise qui fabrique et exporte de la poudre de lait en Chine, affiche des pertes de près de 50 millions d’euros. Or près de 850 éleveurs sont directement concernés par cette déroute industrielle. Mais la coopérative serait tentée de faire supporter à l’ensemble de ses adhérents le coût des pertes alors que la compétitivité de leurs élevages n’est pas en jeu.

Selon le président de la Fnpl, il revient aux industriels et à eux seuls d’assumer leurs erreurs et leurs défaillances.

Au niveau des producteurs, la conjoncture mondiale des marchés des produits laitiers n’annonce aucun réel décrochage même si le prix du lait payé a diminué continument depuis le début de l’année. Le cours du beurre est très haut, les stocks de poudre de lait écrémé se résorbent peu à peu et la collecte stagne. 

En Nouvelle-Zélande, le prix de la tonne de lait est stabilisé autour de 310 € depuis novembre dernier.

Pour la Fnpl, le comportement des industriels traduit avant tout leur désinvolture à l’égard des producteurs de lait. Le prix du lait n’évolue pas en prenant en compte son coût de production du lait comme s’étaient engagés les industriels et la distribution pour garantir un revenu décent. Or dans le même temps, le lait transformé est valorisé à hauteur de 360 € les 1000 litres sur le marché intérieur.

En conséquence, les éleveurs sont encore une fois livrés à eux-mêmes pour faire face à la hausse imminente des coûts des concentrés achetés consécutivement à la forte revalorisation des prix des céréales ces dernières semaines. Dans les régions où l’été a été très sec, certains vont devoir acheter des fourrages pour nourrir leurs animaux cet hiver et au début du printemps. Or leurs prix flambent en France et chez nos voisins, car l’ensemble des pays nord européens a été confronté à un été excessivement sec. Les éleveurs danois et néerlandais décapitalisent en vendant les vaches qu’ils ne pourraient pas nourrir dans les prochains mois.

Ci-dessous, photo de lait industriel (préparation des glaces), source Fotolia. Lien direct : https://fr.fotolia.com/id/208100166.

1 Commentaire(s)

  1. le prix de vente est très relatif.. et si nous nous donnions la peine d’aligner les couts de production et leurs évolutions.. les unités fourragères et les protéines font certainement la marge de certains ??? le manque de pluviométrie n’arrange rien c’est évident..

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