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L’AFBV estime que la loi d’avenir ne doit pas exclure les nouvelles technologies d’amélioration des plantes

L’AFBV (association française des biotechnologies végétales) vient de publier un communiqué sur l’absence de moyens accordés à la recherche dans le projet de loi d’avenir pour l’agricuolture. Voici ce communiqué.

La recherche d’innovations technologiques comme l’utilisation du geÌnie geÌneÌtique sont incontournables pour atteindre les objectifs ambitieux de la Loi d’Avenir pour l’Agriculture, l’Alimentation et la ForeÌ‚t

Résumé

La LAAAF, dont l’examen a deÌbuteÌ aÌ€ l’AssembleÌe Nationale, fixe comme objectif de concilier «performance eÌconomique et performance eÌcologique».

L’AFBV ne peut qu’adheÌrer aÌ€ cet objectif, mais elle s’eÌtonne, et regrette, l’absence totale de reÌfeÌrence concreÌ€te aÌ€ l’ameÌlioration geÌneÌtique des plantes.

L’AFBV ne comprend pas que le Ministre de l’Agriculture persiste aÌ€ consideÌrer qu’il puisse y avoir un antagonisme entre l’agroeÌcologie, qu’il entend promouvoir, et certaines biotechnologies veÌgeÌtales. En l’absence de tout risque aveÌreÌ concernant la culture et la consommation de produits issus de plantes geÌneÌtiquement modifieÌes, l’AFBV reÌaffirme que, face aux enjeux aÌ€ venir, aucun des outils permettant une ameÌlioration des caracteÌristiques des veÌgeÌtaux ne doit eÌ‚tre exclu a priori.

L’AFBV craint que l’attitude persistante de la France aÌ€ refuser certaines technologies, que tous les grands pays agricoles mettent en œuvre, ne conduise notre pays dans la marginaliteÌ et dans l’impasse.

Note argumentaire

En introduction de l’« ExposeÌ des motifs » du projet de Loi d’Avenir pour l’Agriculture, l’Alimentation et la ForeÌ‚t, le Ministre de l’Agriculture fixe les objectifs de sa politique. Il entend « relever le deÌfi de la compeÌtitiviteÌ pour conserver une place de premier plan au niveau international et contribuer au deÌveloppement productif de la France », et cela, en conciliant « performance eÌconomique et performance environnementale ». Il insiste sur « la neÌcessiteÌ de conserver une base productive capable de participer aux eÌquilibres mondiaux » et d’assurer « un haut niveau de seÌcuriteÌ sanitaire pour les consommateurs ».

L’AFBV ne peut que souscrire aÌ€ ces grandes orientations et elle adheÌ€re aÌ€ l’ideÌe que « la recherche française s’est reÌorganiseÌe aÌ€ la suite des lois d’orientation de la recherche de 1982 et (qu’) elle a atteint un niveau d’excellence reconnu au plan europeÌen et mondial ».

Il n’est pas dans la vocation de l’AFBV d’intervenir dans le deÌbat relatif aux grandes orientations de la politique agricole. Il est par contre de sa responsabiliteÌ de mettre en eÌvidence ce qui apparaiÌ‚t eÌ‚tre des contradictions entre les intentions, qui consisteraient aÌ€ affirmer la « neÌcessiteÌ de l’innovation technique, technologique et scientifique », et l’absence totale de reÌfeÌrence concreÌ€te aÌ€ la recherche comme outil pour atteindre les objectifs afficheÌs.

L’AFBV constate en effet avec regret que l’ameÌlioration geÌneÌtique des plantes n’est jamais mentionneÌe comme eÌtant une des approches incontournables pour atteindre ces objectifs. Parmi ceux qui sont eÌvoqueÌs, la seÌcuriteÌ sanitaire des aliments, l’exigence environnementale, ou la reÌduction des contaminants, tous sont accessibles aÌ€ l’ameÌlioration geÌneÌtique qui peut s’effectuer selon des modaliteÌs diffeÌrentes, mais compleÌmentaires, et qui ont montreÌ leur efficaciteÌ depuis quelques deÌcennies.

L’AFBV ne comprend pas, comme l’a affirmeÌ aÌ€ plusieurs reprises le ministre de l’Agriculture, qu’il puisse y avoir un antagonisme quelconque entre les biotechnologies veÌgeÌtales et l’agroeÌcologie, laquelle n’est par d’ailleurs jamais deÌfinie. Le texte du ministeÌ€re ne fait reÌfeÌrence aÌ€ ces nouvelles technologies que pour souligner la neÌcessiteÌ de mieux les maiÌ‚triser et pour faire reÌfeÌrence aux nombreuses controverses qui renforcent un sentiment d’inseÌcuriteÌ sanitaire. Tout en reconnaissant que ce sentiment n’est que rarement justifieÌ, et qu’il nuit aÌ€ la compeÌtitiviteÌ des secteurs concerneÌs.

L’AFBV n’a de cesse de faire remarquer qu’aÌ€ ce jour aucun risque aveÌreÌ n’a eÌteÌ mis en eÌvidence dans le monde concernant la culture et la consommation de produits issus des biotechnologies, du geÌnie geÌneÌtique en particulier. Et les controverses socieÌtales qui mettent en cause ces nouvelles technologies, n’ont, le plus souvent, comme objectif que de creÌer doutes et craintes dans la population, et par conseÌquent d’alimenter le sentiment d’inseÌcuriteÌ alimentaire. Les pouvoirs publics eux-meÌ‚mes contribuent aÌ€ deÌcreÌdibiliser la parole scientifique en ne faisant pas confiance aux experts qu’ils ont eux meÌ‚me nommeÌs et en deÌvoyant des arguments scientifiques pour justifier et promouvoir une politique a priori hostile aÌ€ la culture et aÌ€ la consommation de plantes geÌneÌtiquement modifieÌes ou aÌ€ des aliments issus de ces meÌ‚mes plantes.

Dans ce projet de loi pour l’Avenir de l’Agriculture, le ministre n’envisage d’atteindre une diminution de la consommation des engrais et des pesticides que par des obligations et des interdictions. Nulle part dans le texte ne sont, en effet, envisageÌes de mesures « positives » pour atteindre ces meÌ‚mes objectifs, alors que des progreÌ€s scientifiques et technologiques pourraient offrir des meÌthodes alternatives.

L’AFBV reÌaffirme qu’aucun des outils permettant une ameÌlioration des caracteÌristiques des veÌgeÌtaux ne doit eÌ‚tre exclu a priori. L’utilisation des outils du geÌnie geÌneÌtique peut contribuer de manieÌ€re significative aÌ€ :

– la limitation des chutes de rendements face aux attaques d’insectes, maladies et virus, face aÌ€ la concurrence des mauvaises herbes adventices ou face au stress hydrique appeleÌ aÌ€ s’exacerber avec le reÌchauffement climatique,

– la reÌduction de l’utilisation des intrants chimiques (produits phytosanitaires, engrais azoteÌs),

– l’ameÌlioration de la qualiteÌ sanitaire des aliments par la reÌduction des contaminants biologiques comme les mycotoxines dont la dangerositeÌ est largement sous-estimeÌe,

– la valorisation de la qualiteÌ nutritionnelle des aliments (vitamines, proteÌines, oligo- eÌleÌments), en particulier dans les pays en deÌveloppement,

– la reÌduction des pollutions d’origine agricole, notamment celles lieÌes aÌ€ l’eÌlevage.

Le refus persistant de la France d’autoriser la culture de varieÌteÌs veÌgeÌtales geÌneÌtiquement modifieÌes, sans justification scientifique depuis une quinzaine d’anneÌes, contraste avec le deÌveloppement croissant de leur culture dans la plupart des grands pays agricoles. Une telle attitude, si elle devait eÌ‚tre confirmeÌe par la loi d’Avenir pour l’Agriculture ne pourrait que peÌnaliser gravement notre pays :

– les agriculteurs d’abord, priveÌs de varieÌteÌs performantes qui simplifient leur travail, reÌduisent leurs intrants et ameÌliorent leurs rendements et la qualiteÌ de leurs produits,

– l’industrie agroalimentaire qui, aÌ€ terme, va rechercher ailleurs des produits agricoles moins chers, plus suÌ‚rs ou avec de nouvelles qualiteÌs nutritionnelles,

– l’industrie semencieÌ€re française performante mais menaceÌe par un marcheÌ qui s’oriente de plus en plus vers des semences geÌneÌtiquement modifieÌes,

– enfin la recherche agronomique française longtemps en pointe mais aujourd’hui en perte de vitesse inquieÌtante dans le domaine de l’ameÌlioration geÌneÌtique des plantes dont l’impact eÌconomique et environnemental est devenu essentiel.

L’AFBV deÌplore que l’expeÌrimentation en plein champ de plantes geÌneÌtiquement modifieÌes demeure impossible. Il parait tout d’abord absurde de vouloir limiter la recherche en milieu confineÌ, car tout agronome sait que le comportement des plantes varie selon les conditions de culture. Mais en plus, cette interdiction empeÌ‚che l’obtention de reÌponses aÌ€ des questions leÌgitimes concernant, en particulier, l’impact aÌ€ long terme de ces cultures par la mise en place d’un suivi de biovigilance concernant les risques potentiels pour l’environnement et la santeÌ humaine et animale.

L’AFBV craint que ce qu’elle perçoit dans cette loi pour l’Avenir de l’Agriculture ne conduise notre pays dans la marginaliteÌ et dans l’impasse. Dans la marginaliteÌ, parce que l’observation montre que les grands pays agricoles ont fait le choix des technologies innovantes pour l’ameÌlioration des plantes. Dans l’impasse, parce qu’il apparaiÌ‚t deÌjaÌ€ que l’emploi de varieÌteÌs geÌneÌtiquement modifieÌes permet d’assurer de meilleurs rendements en cas d’agression parasitaires, de forte concurrence des mauvaises herbes ou, demain, d’aleÌas climatiques probables et donc de mieux garantir le niveau des revenus agricoles.

Pour ces raisons, l’AFBV estime que dans un monde globaliseÌ, la France, avec cette loi, prendrait le risque de voir les diffeÌrences de compeÌtitiviteÌ s’accentuer entre les grandes reÌgions agricoles de la planeÌ€te et notre territoire qui se verrait cantonneÌ dans une agriculture biologique de proximiteÌ. Une telle situation ne pourrait qu’aggraver un deÌficit commercial que, jusqu’aÌ€ preÌsent, les exportations agricoles permettaient de limiter.

En savoir plus : http://www.biotechnologies-vegetales.com

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