Le député européen Corinne Lepage a obtenu de la commission environnement du Parlement qu’elle émette un avis extrêmement défavorable à la production de biocarburants d’origine agricole en Europe. Avant la décision du Parlement européen en septembre, la profession doit donc, à nouveau, convaincre.
Ce 11 juillet, la commission de l’environnement du Parlement européen a suivi la très dogmatique Corinne Lepage dans ses intentions de flinguer la production de biocarburants en Europe. Ainsi, elle a émis l’avis (qui n’est que consultatif pour le moment, mais qui représente un réel danger pour la suite) de plafonner l’incorporation des biocarburants à 5,5 % en 2020, là où 10 % étaient programmés pour cette date jusqu’à présent. Le Parlement européen devra trancher sur le nouveau pourcentage à adopter pour cette échéance au mois de septembre prochain.
Il reste donc deux mois pour toute la filière biocarburants, du producteur agricole et l’industriel en passant par l’ensemble des salariés, pour faire valoir que le « changement de destination des sols« , l’argument de Corinne Lepage, ne correspond en rien à la réalité en Europe, et même ailleurs.
En effet, s’il existe effectivement une déforestation en plusieurs endroits du monde, comme en Indonésie par exemple, au profit de la culture apportant l’huile de palme (elle-même souvent utilisée en biodiesel), ce n’est absolument pas le cas en Europe, où la France, la Suède et la Finlande, les trois principaux pays forestiers, voient leurs surfaces boisées augmenter sensiblement au fil du temps. Avec l’objectif d’intégrer toujours plus de biocarburants dans les essences en Europe, il est possible d’accentuer la production interne, de la planifier, et donc d’éviter d’importer des biocarburants d’autres régions du monde : ce sont ses importations qui sont à l’origine des « changements d’affectation des sols« . Or, en réduisant le taux d’incorporation, le risque de « casser » la filière biocarburants en Europe est réel. Avec donc derrière un effet qui serait loin de celui escompté, à savoir des importations qui ne baissent pas, au contraire. Tout en ayant démoli au passage toute une filière qui fonctionne et est un réel facteur de croissance verte en Europe.
Quand au débat alimentaire vs non alimentaire, tient-il compte de la réaffectation au bétail des drèches ou autres sous-produits des biocarburants ?
Le premier à réagir dans le monde agricole à la proposition de la commission environnement du Parlement européen est Pekka Pesonen, secrétaire général du Copa-Cogeca (fédération européenne des syndicats agricoles de producteurs et de coopératives) : « Les agriculteurs et l’industrie ont investi d’énormes sommes d’argent dans le secteur, sur la base des engagements pris par les institutions de l’Union européenne de veiller à ce que 10 % des carburants pour les transports proviennent de sources d’énergie renouvelables d’ici à 2020. L’avis de la commission de l’environnement du Parlement est totalement inacceptable et entraîne une consommation en augmentation de combustibles fossiles, avec des émissions de gaz carbonique également en hausse, dans les transports d’ici à 2020. Certains opérateurs ont déjà fait des plans pour 2020, qui dépassent la limite de 5,5 %. L’avis d’aujourd’hui appelant à une limite de 5,5 % met un terme brutal au développement du secteur dans de nombreux pays, menaçant près de 220 000 emplois principalement dans les zones rurales de l’UE. Il menace aussi l’approvisionnement en alimentation animale comme la production de biocarburants offre des avantages importants pour le secteur de l’alimentation animale, les graines de colza peuvent être utilisées simultanément pour la production de biodiesel et dans l’alimentation animale. La majorité du grain reste dans le secteur de l’alimentation. Ainsi, le Copa-Cogeca rejette les rapports qui ont été utilisés comme base pour introduire des facteurs sur les changements d’affectations des sols au niveau des fournisseurs de carburant. Le modèle utilisé pour le rapport n’est pas transparent et ne convient pas pour évaluer précisément l’ampleur du changement d’utilisation des terres et les gaz à effet de serre qui en résultent, en raison d’erreurs de données critiques et des problèmes méthodologiques importants. Copa-Cogeca exhorte donc les députés lors du vote sur le rapport lors de la session plénière de septembre afin de s’assurer que nous avons une industrie de biocarburants viable à l’avenir. (…) Copa-Cogeca exhorte donc les députés à faire en sorte que les combustibles d’au moins 8 % des carburants proviennent de cultures arables en 2020. »
La négociation a donc commencé. Nous sommes partis de 10 % d’incorporation, avons une proposition de n’aller qu’à 5,5 %, à laquelle il est répondu 8 %. La réponse finale devrait donc se situer dans cette fourchette (5,5 – 8 %).
A suivre, bien sûr !
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ça se lit… mais j’ai répondu à Jean-Phi
EDIT lit =lu
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Désolé Cher Pekka, mais l’argument de l’augmentation de consommation des énergies fossiles est trop fragile. En effet, l’énergie NETTE produite dans l’éthanol Américain est de 0. Cela veut dire que pour un baril produit, on en consomme 1 pour y aboutir. Nous somme là face à un NON-SENS économique et écologique.
Et Franchement, n’en faisons pas un Tourteau, on sait très bien que les animaux qui mangent de l’herbe font de la meilleure viande. Vos tourteaux de Colza, gardez-les vous !!! Ils ont fait prendre 50% au coût de ration chez certains agriculteurs du Pays de Roquefort. il faut rééquilibrer avec de la poudre de perlinpinpin qui coûte cher.
Le BRENT et le WTI se sont ramassé il y a quelques années et une foule d’usines se sont arrêtées aux USA car l’éthanol n’était plus rentable –> Bonjour les dégâts !!!
Soyons pragmatiques : l’UE sait qu’elle a fait une énorme fêve en partant dans cette voie, elle fait machine arrière. OUF !! Mais quel est l’intérêt majeur des Industries des biocarburants ??? Qui peut me le dire ?