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Gérer le piétin échaudage dès l’interculture

Lors de la dernière campagne, une forte pression de piétin échaudage a été très signalée sur blés en précédent paille mais aussi sur colza voire tournesol. Ce champignon peut provoquer jusqu’à 50 % de perte de rendement. Compte tenu de l’inexistence de moyen de lutte efficace homologué en végétation, il est indispensable de mettre en place des pratiques agronomiques adaptées dès à présent.

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Ne pas confondre piétin verse et piétin échaudage 

Le piétin échaudage est un champignon qui s’attaque aux racines des graminées, conduisant en fin de cycle à un échaudage des épis et par conséquent à des pertes de rendement.

L’infection débute dès l’automne, elle a lieu lorsque les racines des jeunes plantes de céréales entrent en contact avec les résidus infectés de la culture précédente (le champignon se maintient sur les résidus pendant l’interculture). Les symptômes sur racines peuvent apparaître peu de temps après la levée. Le froid de l’hiver va ensuite diminuer puis arrêter l’activité du parasite. La date de semis détermine donc directement la durée de la période favorable au champignon.

En provoquant des nécroses racinaires (racines noires), le champignon ralentit la croissance des plantes, réduit le tallage, voire provoque de la perte de plante dans les situations les plus préoccupantes. En envahissant les racines, il conduit également à une rupture d’alimentation en eau des plantes touchées. Au début de l’été, il provoque alors un échaudage généralisé des plantes, visible sous forme de ronds blancs dans les parcelles. 

Il ne doit pas être confondu avec le piétin verse qui est une maladie du bas de la tige, qui provoque aussi de l’échaudage. Contrairement aux symptômes d’épis blanc isolés provoqués par le piétin verse, les symptômes de piétin échaudage sont visibles par zone ou sur les andains de paille du précédent. Les solutions de lutte phytosanitaire contre le piétin verse ne sont pas efficaces contre le piétin échaudage.

Photo 1 : racines nécrosées par du piétin échaudage

Photo 2 : foyer de piétin échaudage

Activer tous les leviers agronomiques

– Rotation : levier le plus efficace. Effectuer des rotations de trois ans si possible, voire plus, en évitant les précédents qui laissent des pailles. En cas de culture d’une seconde paille, choisir les espèces les moins sensibles (éviter notamment le blé dur, céréale la plus sensible) ; éviter également toutes les cultures de graminées (exemple : le maïs et le sorgho n’ont pas de symptômes du piétin échaudage mais peuvent maintenir un inoculum suffisant pour contaminer les jeunes plantes de la céréale suivante.)

– Broyage des résidus de culture : un broyage fin des résidus du précédent favorise leur décomposition, ce qui limite la survie du champignon ;

– Culture et Interculture : détruire les repousses de graminées (blés, orge, adventices, …) par des déchaumages pendant l’interculture. Les repousses permettent en effet au champignon de se conserver. Le semis d’un couvert peut être bénéfique, notamment moutarde ou avoine ; Le désherbage anti graminées dans le colza, soja ou tournesol devra être soigné pour éviter le maintien du piétin échaudage par les graminées adventices.

– Date de semis : éviter les semis précoces de mi-octobre et préférer des semis à date normale (autour du 25 octobre), voire tardive, qui réduisent fortement la période propice au développement du champignon ;

– Densité de semis : éviter les fortes densités afin de limiter la probabilité de contact entre les racines et le champignon ;

– Fertilisation azotée : fractionner les apports d’azote et limiter le plus possible les apports précoces qui favorisent le développement du champignon;

– Roulage : le piétin échaudage est moins fréquent en sol tassé, il est donc recommandé de rappuyer après semis dans les sols soufflés ;

– Choix variétal : aucune variété résistante n’existe. Une différence de sensibilité existe néanmoins entre espèces cultivées, avec du plus sensible au moins sensible : blé dur > blé tendre > orge > triticale > seigle.

La combinaison de ces leviers permettra de limiter l’expression du champignon en situation à risque.

Traitement de semence : en complément des leviers agronomiques

Seul moyen chimique efficace, le Latitude (silthiofam) présente une efficacité significative sur piétin échaudage. Il est donc recommandé en seconde paille en situation à risque. Même si son efficacité n’est pas totale, environ 50%, il permet un gain moyen de 10 q/ha en situation attaquée. Il est homologué sur blés, orge et triticale.

Attention en monoculture de blé ou en troisième paille, son utilisation n’est autorisée qu’un an sur deux sur la même parcelle. Spécifique du piétin échaudage, le Latitude doit être associé à un autre traitement de semence fongicide permettant de lutter contre les maladies de début de cycle (Fusarium, etc…).

Pour obtenir une efficacité maximale, l’utilisation de ce traitement de semence doit être couplée à des pratiques culturales défavorables au champignon, comme présentées ci-dessus.

Lutte en végétation → pas de solution

Aucun traitement n’est autorisé en pulvérisation.

Pour en savoir plus sur le piétin échaudage, la vidéo :

 

Aude Bouas, Régis Helias, Matthieu Killmayer, Jean-Luc Verdier (Arvalis – Institut du végétal)

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