Fertilisation, bien raisonner ses apports pour optimiser sa marge

Dans le raisonnement de la fertilisation de son colza, il faut penser à l’azote et au phosphore, mais il ne faut pas oublier des éléments comme le soufre et le molybdène, qui pourraient être des facteurs limitants.

De gros besoins en azote

Le colza est une plante qui a de gros besoins en azote. Il lui faut l’équivalent de 7 kg d’azote par quintal produit. Ce besoin démarre dès le semis. En effet, une croissance dynamique et continue du colza à l’automne limite fortement les dégâts de larves d’altises ou de charançons du bourgeon terminal et atténue le développement des adventices. Pour cette croissance précoce, le colza aura besoin de 60 à 70 unités d’azote pour arriver à une biomasse de 1200g/m². S’il n’y a pas assez d’azote résiduel, ce qui peut être le cas dans les sols argilo-calcaires, une fertilisation starter sera intéressante.

Dans les parcelles à faible disponibilité, l’apport peut être fait par une fertilisation organique avant le semis. Privilégiez les produits qui vont libérer l’azote rapidement comme les fientes, lisiers, digestats. Ces produits apportent également du phosphore et du potassium. Il est aussi possible d’appliquer de l’engrais azoté en localisé (maximum 10 u d’azote) ou en plein (maximum 30 u d’azote). L’apport peut également se faire sous forme d’engrais composés NP ou NPK. Pour limiter le besoin d’apports, on peut aussi positionner son colza après des cultures laissant de l’azote disponible, en précédent (protéagineux ou blé dur), voire en ante-précédent, avec des légumineuses pérennes comme la luzerne).

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Pour évaluer les besoins en sortir d’hiver, il faut tenir compte du type de sol, du stock d’azote organique minéralisable et de la biomasse. La biomasse est un indicateur de la quantité d’azote absorbée par la culture, indispensable pour ajuster la fertilisation au printemps. Plusieurs méthodes existent pour l’estimer : par pesée sur 2 placettes de 1 mètre carré, par capteurs piétons (application ImageIT, appareil N-Pilot …), par capteurs sur satellites ou drones (Farmstar…). Il existe aussi une table de correspondance entre l’état du colza et son poids (inclue dans la Réglette azote colza).

Le contexte économique avec des prix des engrais très élevés oblige à calculer au plus juste la dose prévisionnelle selon un objectif de rendement raisonnable et en ayant mesuré l’azote absorbé. Il est judicieux de comparer l’optimum technique, le maximum de rendement, et l’optimum économique, la meilleure marge, selon le prix de l’engrais. Une économie de 20 kg N/ha peut s’envisager sans pénaliser la performance économique si le ratio prix du colza (€/T) sur prix de l’azote (€/100 kg) est compris entre 0,24 et 0,27.

Il faut également veiller à ce que chaque unité apportée soit pleinement valorisée. Le fractionnement des apports maximise l’efficacité de l’engrais en synchronisant les apports avec le besoin de la culture. Pour un besoin supérieur à 170 kg, on peut fractionner en trois apports : à la reprise de végétation, en début montaison puis au stade boutons séparés. Il ne faudra pas apporter plus de 100 kg/ha à chaque fois.

Toujours pour maximiser l’efficacité, il faut éviter les pertes par volatilisation d’ammoniac (NH3). Ces pertes dépendant de la forme d’engrais, du type de sol et des conditions climatiques. L’urée est la forme d’engrais la plus sensible à la volatilisation.

Ne pas négliger le phosphore

Le colza est une culture très exigeante en phosphore. Pour un objectif de rendement de 35 q, il a besoin de 90 kg de phosphore. Il ne faut surtout pas faire d’impasse sur les sols pauvres ou moyennement pourvus, ou dans les sols argilo-calcaires où le phosphore est moins disponible. Des plantes rougeâtres sont typiques d’un colza qui manque de phosphore.

Le stade de sensibilité maximale du colza à la carence en phosphore se situe pendant la phase juvénile, au stade 5-6 feuilles. Dans les parcelles à faible biodisponibilité, les apports avant l’implantation limitent le risque de carence à l’automne. Déterminez la dose à apporter à partir d’analyses de sol et des apports organiques.

Par rapport à une application en plein incorporée, la localisation d’un engrais sur la ligne ne présente un intérêt que dans les situations de semis à grands écartements (entre-rangs supérieurs à 40 cm). L’apport localisé permet d’atteindre le rendement maximal avec une dose plus faible.

Molybdène, attention sur sols légers et acides

Des carences en molybdène peuvent être observées à l’automne, principalement sur sols légers et acides. Elles sont accentuées en conditions froides et humides. Pour atténuer les symptômes, il faut apporter du molybdate d’ammonium (50 g/ha de molybdène) à la reprise de végétation.

Le soufre, un oligo-élément à ne pas négliger

Pour pleinement exprimer son potentiel de rendement, le colza a besoin de soufre. Terres Inovia recommande d’apporter 75 kg/ha de sulfate (SO3) au début de la montaison. Les apports de soufre minéral sont déconseillés, car c’est une forme peu efficace sur colza. Si des symptômes de carence, des décolorations entre les nervures, apparaissent, il faut apporter rapidement 100 kg/ha de sulfate d’ammoniaque, dilué dans 500 l d’eau pour éviter les brûlures des plantes. Les effluents d’élevage contiennent en moyenne 1 à 3 kg de soufre par tonne. Selon le type de sol et la pluviométrie hivernale, les amendements organiques permettront de réduire de 20 à 30 unités les apports à faire.

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