etude installation massif central

Faut-il poursuivre l’accompagnement après l’installation ?

Les Jeunes agriculteurs du Massif Central ont conduit une étude avec l’INRA sur la trajectoire des agriculteurs durant les 5 années qui suivent leurs installations. Alors que l’accompagnement cesse à cette période, ils ont constaté que des aléas perturbaient les projets. Après cette étude, ils comptent poursuivre cette réflexion sur la cession des exploitations.

Que se passe-t-il dans les 5 années qui suivent l’installation des agriculteurs ? C’est la question initiale qui a motivé une étude conduite par l’association Installer en Massif Central (managée par les Jeunes agriculteurs), en partenariat avec l’INRA UMR Metafort de Clermont-Ferrand, grâce à des fonds du Commissariat du Massif Central, entre 2012 et 2015. De nombreuses recherches se sont intéressé à « l’avant installation », mais très peu à « l’après ». L’étude qualitative s’est penchée sur le cas d’une trentaine d’agriculteurs fraîchement en place, la moitié avec un accompagnement préalable et l’autre moitié sans aides.

Selon Benoît Julhes, président des JA Auvergne, « il était intéressant d’analyser les aléas post-installations. On a remarqué qu’ils étaient souvent humains, entre le cédant et le repreneur, ou économiques. » La chercheuse de l’INRA, Cécile Fiorelli, explique que l’étude a mis en évidence que « l’installation n’est pas un long fleuve tranquille même quand les situations ne semblent a priori pas compliquées, sans changement de production, dans une exploitation déjà existante. Il y a toujours des aléas techniques ou humains. Dans les premières années, on doit s’approprier les outils de production. Un autre point souligne la question de la quantité de travail. Si au début de l’installation, ce n’est pas une question, au bout de 5 ou 6 ans, le rythme de travail pose souci. On est moins prêt à tout sacrifier. »

Cette notion de progressivité a émergé clairement dans ce travail. « Les projets continuent à se construire dans les 5 années après l’installation. Les projets ne s’arrêtent pas aux échéances administratives », ajoute le syndicaliste. Cette conclusion suscite une réflexion sur la durée de l’accompagnement et sa nature. « Renforcer la maîtrise technique des candidats », « améliorer leurs capacités d’adaptation », « gérer les conflits relationnels », « favoriser leur insertion dans leur territoire » sont des sujets qui agitent encore dans les 5 années qui suivent l’installation.

Un autre point a été noté : l’obligation de « rentrer dans les clous pour bénéficier des aides. Cela pousse les gens à calibrer leur modèle technico-économique, ce qui ne correspond pas forcément à leurs choix de départ. Pour certains, cela devient difficile à assumer », ajoute Cécile Fiorelli.

Introduire la notion de territoire

Derrière cette notion de progressivité de l’installation, les JA n’ont pas oublié leur raison d’être, favoriser l’insertion des jeunes. C’est dans cet esprit qu’ils cherchent des financements pour conduire une seconde étude, comme la suite de la première, appelée « Accueillir et transmettre en milieu rural : ouvrir vers des initiatives novatrices ». 

Amélie Chavarot, animatrice de l’association Installer en Massif Central, explique qu’« avant, on parlait de binôme : porteur de projet/projet. Maintenant, on veut parler de trinôme : porteur de projet/projet/territoire. » Et Benoît Julhes de compléter : « il faut inventer de nouveaux modes de coopération, de partages de capitaux, entre divers secteurs d’activités, tout en gardant la viabilité des exploitations. A force d’agrandir la taille des exploitations, la transmission ne peut plus se faire de façon pérenne. La financiarisation ne peut pas être la solution partout, dans tous les territoires français. La question qu’on pose est celle de la transmission, à travers une problématique de terrain. On doit creuser dans les territoires pour accompagner les groupes d’agriculteurs, expertiser les solutions du terrain, pas celles descendant de Paris. »

Pas de tabou… Alors comment les transmissions se réalisent ailleurs ? La future étude lorgnera hors des frontières françaises. Les autres secteurs de l’économie seront aussi examinés pour déterminer les outils et les méthodes utilisés.

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