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Enjeux alimentaires: les Français plus souverainistes qu’écologistes

Favoriser des pratiques agricoles plus écologiques ne doit pas se faire aux dépens de la souveraineté alimentaire de la France. Les enjeux alimentaires des Français sont la lutte contre le gaspillage et l’essor du « made in France ».

Plus des trois quarts des Français ont une bonne ou très bonne image de l’agriculture. Selon eux, elle  doit contribuer à la souveraineté alimentaire de la France et assurer une rémunération convenable aux agriculteurs.

A la veille de leur congrès, la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) et la Coopération agricole ont sollicité l’institut Ifop pour sonder les Français sur la filière betterave sucrière et sur les activités de collecte et de transformation des coopératives agricoles.

La guerre en Ukraine et l’inflation rendent une très large majorité de Français pragmatiques et réalistes.

Selon eux, les enjeux alimentaires de notre pays sont la lutte contre le gaspillage alimentaire (44%) et la favorisation d’une alimentation d’origine locale (35 %). L’agriculture biologique ne convainc pas.

De même, la diminution ou la suppression de la viande dans l’alimentation ne fait pas partie des principaux enjeux alimentaires perçus pour la France (elle n’est défendue que par 8 % des Français). Pas plus que ne l’est l’évolution des modes de production vers des systèmes plus écologiques, adaptés aux changements climatiques, selon l’Ifop.

« Pas d’interdiction sans solution » : les Français reprennent volontiers à leur propre compte cet adage partagé par l’ensemble de la profession agricole. L’essor de pratiques agro-écologiques ne doit pas se faire aux dépens de la production agricole.

Une majorité relative des Français favorable à la reconduction de l’autorisation des néonicotinnoïdes

Ainsi, 46 % des Français seraient favorables à la reconduction de l’autorisation d’utilisation de néonicotinoïdes par les producteurs de betteraves « faute d’une autre solution pour lutter contre la jaunisse, une maladie des plantes qui a entraîné en 2020 la destruction d’un tiers de la récolte de betteraves sucrières et 280 millions d’euros de pertes pour les agriculteurs ».

Ce compromis est partagé par une grande partie des 90 % de Français favorables au maintien l’industrie sucrière dans ses territoires pour produire du sucre en France et éviter les importations, selon la CGB.

9 Milliards d’investissement

L’industrie agroalimentaire, les Français la méconnaisse. 59 % des Français pensent que l’industrie alimentaire a les capacités de production suffisantes pour nourrir l’ensemble de la population française. 

Or sans les alcools, les vins et les spiritueux, les échanges commerciaux agroalimentaires sont déficitaires de plusieurs milliards d’euros.

Autrement dit, l’industrie agro-alimentaire française offre de moins en moins de produits qui répondent aux aspirations des consommateurs français.

Toutefois, on se consolera en constatant que les Français sont quelque peu cohérents.

Partisans du « Made in France » et du « localisme », une majorité d’entre eux est persuadée qu’il est possible de construire une industrie agroalimentaire propre (57 %). Ils accepteraient même qu’elle soit construite près de chez eux (54 %).

En zones rurales, les habitants savent que l’industrie alimentaire est souvent la seule activité économique pourvoyeuse d’emplois.

L’ensemble des résultats des sondages  de l’Ifop crédibilise l’action de la Coopération française en faveur d’une réindustrialisation de l’économie française et d’une revitalisation des zones rurales.

Les biocarburants facteurs de souveraineté

« Un emploi dans une coopération génère 10 emplois annexes », soutient la Coopération française.  

« Il faut une stratégie industrielle agro alimentaire pour que l’industrie française reconquiert la souveraineté perdue, explique Dominique Chargé, le président de la Coopération agricole. Et pour rendre l’ensemble de la filière neutre en carbone, 9 Mds d’€ d’investissements seront nécessaires au cours de 5 prochaines années en plus du 1,5 milliard d’euros annuel dépensé pour renouveler le parc de machines ».

Les chaines de production devront être robotisées et passer au tout électrique. Par ailleurs, il faut rendre l’emploi agro-alimentaire attractif car près d’1,30 million de postes seront vacants d’ici 2030.

90 % des Français favorables au maintien de la production de biocarburant par l’agriculture française

Alors que les prix des carburants ont atteint des niveaux record au printemps dernier, l’indépendance énergétique de la France est aussi une question de souveraineté. 84 % des Français sont favorables pour que l’agriculture française continue à produire des biocarburants à l’avenir. La production de biocarburants ne concurrence pas la production alimentaire. Or la Commission européenne limite l’essor des biocarburants en refusant que sa consommation excède 7 % de la consommation totale de carburants.  

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