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En Russie, le Kremlin ambitionne une hausse de 30 % de la production agricole d’ici 2030

La politique agricole 2030 du président Poutine vise à renforcer la sécurité alimentaire de la Russie et sa prédominance sur les marchés agricoles mondiaux. Mais à l’international, le pays sera-t-il un partenaire fiable ?

Le président Vladimir Poutine ne manque pas d’ambitions pour son pays. Le Kremlin a construit une politique agricole qui vise à accroître de 30 % la production du pays d’ici 2030.

La Russie entend ainsi bâtir des filières animales qui la rendront moins dépendante des importations de produits carnés et laitiers. Dans le même temps, elle souhaite pouvoir exporter jusqu’à 47 milliards de dollars (Mds d’$) de produits agricoles et agroalimentaires d’ici 2030, soit 17 Mds d’$ de plus qu’escompté cette année.

Il reste à savoir si la Russie parviendra à écouler sur les marchés agricoles ses céréales. Leur fonctionnement ne reposera plus pendant de nombreuses années sur des règles purement commerciales. Au cours des huit prochaines années, la planète pourrait être moins dépendante des céréales et du tournesol russes. Et dans le monde des affaires, des pays pourraient douter de la fiabilité commerciale de la Russie.

Cette année, le Kremlin annonce récolter 91 Mt de blé, soit 16 Mt de plus que l’été passé. Mais selon FranceAgriMer, la médiocre qualité de ses céréales, les taxes à l’exportation et les réticences des assureurs à couvrir le transport maritime pénalisent les transactions commerciales du pays.

« La Russie pourrait faire le choix d’inonder le marché de céréales en seconde partie de campagne, explique FranceAgriMer, alors qu’arriveront, sur les marchés, les céréales justes récoltées dans l’hémisphère sud ».

Se profilerait alors un effondrement des cours mondiaux. Or à leurs niveaux actuels, les prix des céréales couvrent à peine les coûts de production de la campagne 2021-2022.

La Russie menace aussi de ne pas reconduire l’accord sur les corridors de la Mer Noire, ce qui entraverait les échanges commerciaux de céréales et d’oléo-protéagineux. L’Ukraine tente actuellement d’écouler la part de la récolte 2021 qui n’a pas encore été expédiée.

D’ici 2030, l’essor de 30 % de la production agricole russe reposera sur l’augmentation des rendements permise par l’amélioration des pratiques culturales et l’obtention de variétés plus productives. Dans le même temps, la Russie ambitionne d’étendre de 5 Mha sa superficie agricole d’ici 2024 et de 13 Mha d’ici 2030. Des terres abandonnées seraient aussi remises en état.

Pour atteindre ses objectifs, la Russie devra investir 900 milliards de roubles par an dans l’industrie, la recherche et la logistique. Par ailleurs, 40 navires seront construits et les infrastructures ferroviaires russes seront modernisées.

Selon Victoria Abramchenko, vice premier ministre, la nouvelle politique agricole russe, l’accroissement de la production agricole et des recettes qui en découleront, amélioreront les conditions de vie des Russes dans les zones rurales. L’essor de l’activité agricole générera des revenus agricoles dans les régions rurales les plus reculées.

Légende photo:Paysage d’automne rural avec un champ de céréales récolté et des tas de paille sur fond de montagnes. Vue panoramique. (@ par Katvić)

 

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