La France pourrait être les Pays-Bas en plus grand. Il n’en est rien. L’Hexagone ne fait pas le poids face à la puissance exportatrice que sont les Pays-Bas. Il affiche même un déficit commercial agroalimentaire français de plus de trois milliards d’euros.
La France est pourtant le premier pays agricole de l’Union européenne mais elle n’est que le troisième partenaire commercial des Pays-Bas derrière l’Allemagne et la Belgique!
A l’échelle mondiale, le royaume batave est même le deuxième exportateur de produits agricoles et agroalimentaires au monde, après les Etats-Unis. Le solde commercial agricole et agro-alimentaire était supérieur à 22 milliards d’euros en 2021. L’an passé, il a atteint 32 milliards d’euros, plus de trois fois celui de la France!
« Une étude sur les opportunités de débouchés du marché des Pays-Bas pour les produits agricoles et agroalimentaires français » est publiée sur le site de FranceAgriMer. Elle est réalisée par le cabinet de conseil, OCO Global, spécialisé dans l’internationalisation des entreprises.
« Alors que les Pays-Bas ont importé 67,1 milliards d’euros de produits agricoles et agroalimentaires en 2020, seuls 17% ont été directement consommés par les Néerlandais, explique l’auteure de l’étude Léa Fouché, consultante trade. 40% des importations ont été utilisées par les industriels du secteur dans leur processus de fabrication et de transformation. Après transformation, deux tiers ont été exportés à l’étranger, contre un tiers consommé domestiquement par les Néerlandais ».
En fait, les activités de réexportation et de transit l’emportent sur les activités de production et de transformation.
Sur les 13 milliards d’euros de produits exportés en 2021 depuis les Pays-Bas vers la France, seuls 5,43 Mds d’€ étaient originaires ou fabriqués aux Pays Bas. Les huit milliards d’euros restants étaient des produits en transit ou réexportés.
A l’import, seule la moitié des produits expédiés (5,57 Mds d’€) approvisionnait réellement l’industrie agroalimentaire pour usage domestique (consommation et transformation néerlandaise
En 2021, les principaux produits agroalimentaires français importés par les Pays-Bas sont les céréales et produits céréaliers (1085 M€), les boissons alcoolisées et non alcoolisées (618 M€) et les produits laitiers et œufs (411 M€).
A l’échelle de l’Union européenne et de la planète, « les Pays-Bas occupent une position centrale dans la distribution de produits agricoles et agroalimentaires pour les pays européens », analyse Léa Fouché.
Par exemple, le royaume batave réexporte des fruits expédiés de pays non européens et il transforme des matières premières importées (huile de palme, cacao ou soja).
70% des importations néerlandaises sont issues des pays de l’Union Européenne pour la consommation ou pour la transformation agroalimentaire. Les 30% restants des produits agricoles et agroalimentaires sont importés de pays tiers hors de l’Union européenne.
Les Pays-Bas se fournissent aussi à 50 % en produits agroalimentaires destinés à la réexportation dans l’UE et à 50% hors UE.
D’une manière générale, les pays européens voisins sont souvent des pays de destination des réexportations néerlandaises plutôt que des pays d’origine.
A contrario, les pays d’origine des produits importés pour la réexportation sont souvent des pays lointains. Ils sont majoritairement débarquées au port de Rotterdam avec comme destination finale des pays proches au sein de l’UE.
Les trois principaux pays d’où sont importés en majorité des produits destinés à la réexportation sont l’Espagne (avocats et framboises), le Pérou-Chili et l’Afrique du Sud.
Pour rééquilibrer la balance commerciale de la France avec les Pays-Bas, l’étude Oco Global a inventorié plusieurs pistes.
Tout d’abord, « la France possédant les infrastructures nécessaires doit mettre en avant sa proximité géographique avec les Pays-Bas, à l’inverse de l’Ukraine ou du Brésil, fournisseurs plus lointains », mentionne l’étude d’Oco Global.
« Par ailleurs, les Pays-Bas recherchent des partenariats avec des producteurs de malte, d’orge, d’houblon, de maïs (et dérivés de maïs) et autres céréales telles que le blé dur et le soja », affirme Léa Fouché.
Ensuite, l’auteure liste une série de partenariats et de produits susceptibles d’intéresser les Néerlandais dans les secteurs des fruits et légumes.
« Les acteurs néerlandais apprécient les partenaires proposant une offre diversifiée de viandes (gibier, canard, porc, volailles, veau, bœuf, etc.). Les viandes maturées, cuisinées et pour grillades ont du potentiel sur le marché néerlandais », ajoute Léa Fouché.
Autre exemple: les desserts à base de produits laitiers, notamment les desserts traditionnels français comme la « crème brûlée ». Ils « sont des produits que les acteurs français peuvent mettre en avant sur le marché néerlandais. Il en va de même pour les produits laitiers utilisés pour la confection de pâtisserie et les fromages régionaux, et les beurres français, avec appellation contrôlée ».
Le made in France a la côte aux Pays Bas mais notre pays ne sait pas le vendre.
Pour en savoir plus: https://www.franceagrimer.fr/content/download/71883/document/Etude%20Pays-Bas.pdf