Elections européennes 2024 – La FNB prône le retour des fondamentaux de la Pac

La Fédération nationale bovine s’est invitée dans la campagne des élections européennes en proposant un projet visant à rendre la France moins dépendante de ses importations de viande bovine pour couvrir ses besoins. Des prix rémunérateurs donneraient aux producteurs les moyens de financer la transition écologique de leur exploitation tout en rendant leur filière attractive auprès d’une nouvelle génération de repreneurs.

A moins de deux mois des élections européennes, pour que le thème de campagne sur l’élevage bovin n’échappe pas à ses producteurs, la Fédération nationale bovine (FNB) a décidé de lancer elle-même le débat en présentant pour la prochaine mandature.

D’ici 2029, les députés négocieront la nouvelle réforme de la Pac post 2027 et valideront les prochains accords commerciaux. Ils discuteront les nouveaux textes législatifs du Pacte vert, portant sur la transition écologique de l’agriculture et sur sa décarbonation, jusque-là pas encore adoptés.   

De la cohérence ! C’est le fil directeur du projet présenté le 23 avril dernier « pour préserver et installer des élevages bovins viande durables, sur des territoires vivants ».

Le programme de la FNB sera envoyé à toutes les équipes de campagne des partis politiques qui se lancent dans la bataille électorale. La section spécialisée de la FNSEA compte aussi rencontrer leurs responsables pour discuter de son projet. Dans les départements, ce texte sera la feuille de route des débats électoraux auxquels participeront les sections de la FNB.

En présentant son programme pour la prochaine mandature 2025-2029 et les grandes lignes de la réforme de la Pac post-2027 souhaitée, la FNB montre que la filière bovine viande française (et européenne) s’inscrit complètement dans le projet de souveraineté alimentaire de l’Union européenne et de décarbonation de son économie, sans renoncer à produire plus de viande bovine. Aujourd’hui, 25 % de la viande boine consommée en France est importée.

Les normes réinstaurent la préférence communautaire

Mais pas de souveraineté sans équité! Aussi, la FNB souhaite que l’Union ait une politique commerciale cohérente à Vingt-sept en imposant « la réciprocité des normes de production dans les échanges commerciaux » pour protéger l’élevage bovin européen. L’association spécialisée de la FNSEA promeut la préférence communautaire à la loyale.  

« Des mesures et clauses-miroir doivent pouvoir être mises en place et contrôlées de façon efficiente, écrit le syndicat. Il faut donner toute garantie aux citoyens et consommateurs européens, avec des dispositions de vérification par les services communautaires aux frontières de l’UE, mais également dans les pays-tiers sur les lieux de production. Des sanctions doivent être appliquées pour tout manquement ».

Pour la FNB, le danger n’est pas l’Ukraine mais les continent américain et océanien où la production de viande bovine ne respecte aucune des normes européennes auxquelles sont soumises les éleveurs européens.

Aussi, « plus un seul quota d’importation de viande bovine ne doit être ouvert par la Commission européenne, défend la FNB. La viande importée ne peut pas non plus être issue de d’animaux élevés dans des feedlots ou issue de la déforestation ».

L’Union européenne a adopté en 2023 une législation ambitieuse visant à mettre fin aux importations de plusieurs produits, parmi lesquels les viandes bovines issues de systèmes de production responsables de déforestation. « Ce texte devrait, logiquement, se traduire par une forte diminution des importations de viandes bovines en provenance du Brésil », espère la FNB.

En fait, les objectifs de transition écologique et la souveraineté alimentaire que se sont fixés la Commission européenne et les vingt-sept Etats membres redonneraient du sens au projet européen.

Selon l’article 39 du traité de l’Union européenne, « il revient aux législateurs de fixer les limites de l’application des règles de concurrence à la production et au commerce de produits agricoles, afin de ne pas mettre en péril la réalisation des objectifs de la PAC ».

En appliquant cet article, la viande bovine pourrait alors se vendre à des prix suffisamment élevés pour produire plus d’animaux, pour couvrir les coûts de production et susciter de nouvelles vocations.

Mais le retour aux fondamentaux de la PAC impliquera « des aides directes renforcées vers l’élevage bovin », revendique la FNB. Cette Pac post 2027 rémunèrera aussi les services rendus par l’élevage bovin aux territoires et à l’environnement (autonomie fourragère, production d’herbe, entretien des prairies etc.) tout en protégeant les éleveurs des risques climatiques.

« Pour construire une évaluation environnementale porteuse de sens, orientant les consommateurs vers les systèmes d’élevage considérés comme les plus durables, il est nécessaire d’adopter une approche multicritères, tenant compte non seulement des émissions de gaz à effet de serre mais aussi des quantités de carbone stockées par les prairies et les haies, de la protection de la biodiversité, de la qualité de l’eau, … », affirme la FNB.

Mais  la réglementation devra avoir été entre temps « révisée pour permettre aux éleveurs de s’adapter et de faire évoluer leurs assolements et leurs pratiques, dans cet objectif d’autonomie alimentaire et d’atténuation des impacts du changement climatique ».

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