Le rendement se construit dès l’implantation de la culture, notamment en limitant la concurrence des adventices sur l’accès aux ressources en eau et en nutriments.
Le maïs est une culture très sensible à la concurrence des adventices, particulièrement pour l’accès à l’eau. Pour lui permettre d’exprimer pleinement son potentiel de production, le désherbage est une étape incontournable de son itinéraire technique. Un désherbage efficace commence par réduire la pression en adventices dès l’interculture. Le labour reste un levier intéressant, surtout face à un problème de graminées. Avant le semis, si les conditions météo l’autorisent, le faux semis permet la levée, puis la destruction des adventices.
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Réussir son maïs grain pour la campagne 2024
Le choix de son itinéraire est à caler sur la flore observée. Les graminées sont les adventices qui posent le plus de problème lorsque leur densité est très forte, mais surtout lorsque leur stade est avancé. La présence de graminées impose un désherbage en prélevée. Outre l’efficacité sur les premières levées, c’est la rémanence des produits de la famille des chloroacétamides qui confère au programme sa robustesse. Pour la pleine efficacité de l’action racinaire, le sol doit être frais, bien rappuyé, sans trop de mottes. L’idéal est d’intervenir sitôt le semis, au plus tard les 48 heures suivantes pour profiter de l’humidité résiduelle liée au travail du sol.
Le deuxième critère qui guide le choix de son protocole de désherbage est la présence et le type de dicotylédones. Si la population de graminées est importante et que l’on décide d’intervenir en prélevée, il peut être judicieux d’éliminer en même les dicotylédones. C’est possible si celles-ci sont considérées comme « classiques », comme les : chénopode, amarante, morelle, renouée, en associant un antidicot de prélevée à l’antigraminées. C’est moins évident avec des dicotylédones classées comme « difficiles », comme la mercuriale, l’ambroisie ou encore le datura. Il faudra réintervenir en post-levée avec un antidicot à action foliaire type bromoxynil, ou avec un produit à action foliaire et racinaire comme les sulfonylurées. La présence de vivaces demande aussi une intervention ciblée.
Par son implantation en rangs espacés et l’opportunité d’avoir des fenêtres de conditions séchantes, le maïs est une culture pour laquelle le désherbage mécanique est une alternative intéressante.
L’efficacité du binage est évidemment très dépendante de la météo. Un minimum de 2 à 3 jours sans pluie est nécessaire après l’intervention pour éviter la reprise des adventices. L’opportunité de désherber mécaniquement sera donc très variable selon les années.
Quand les conditions sont réunies (météo favorable, disponibilité du matériel et réactivité, bons réglages), l’introduction d’un ou deux binages dans l’itinéraire permet de réduire significativement l’utilisation d’herbicides, tout en maintenant l’efficacité et la performance économique.
Parmi toutes les combinaisons testées dans les essais d’Arvalis, la stratégie de désherbage associant une première intervention chimique (en prélevée ou post-levée précoce) puis une deuxième intervention mécanique, par binage, est celle qui permet d’obtenir les meilleures efficacités, notamment en situations de flore dicotylédones dominante. Positionné juste avant le recouvrement de l’inter-rang, vers 8-10 feuilles du maïs, un binage remplace la deuxième intervention chimique de rattrapage. En situation de flore graminées dominantes, un dernier passage chimique en plein peut parfois être nécessaire pour contrôler les levées tardives d’adventices.
Arvalis souligne que la mise en œuvre du binage nécessite une bonne technicité et doit être anticipée dès le semis : rang rectiligne, sol bien nivelé, sans résidus en surface. Des équipements complémentaires peuvent améliorer les performances du binage, notamment pour contrôler le salissement sur le rang : doigts Kreiss, herse-peigne à l’arrière, disques de buttage. Les systèmes de guidage améliorent la précision et permettent d’augmenter significativement le débit de chantier : roue traceuse, caméra, palpeur sur le rang… Le système GPS avec correction RTK apporte une précision de l’ordre de 2-3 cm et permet de s’approcher au plus près du rang de maïs, mais se révèlera moins réactif qu’une caméra HD dans les parcelles où les rangs de maïs ne sont pas rectilignes.
Mi-février 2023, l’ANSES a annoncé vouloir engager une procédure de retrait des principaux usages de la molécule herbicide S-métolachlore, en raison d’une concentration dans les eaux souterraines de trois de ses métabolites supérieurs à la législation européenne.
Le ministre de l’Agriculture souhaite que cette procédure n’aille pas plus vite que les décisions européennes, qui n’interviendront pas avant novembre 2024. Marc Fesneau plaide également pour que la suspension du S-métolachlore n’intervienne pas en l’absence d’alternatives crédibles.
Pour préserver la qualité de l’eau tout en continuant à utiliser le S-métolachlore, molécule indispensable face aux résistances des graminées, la profession s’est engagée à mettre en œuvre de bonnes pratiques. La première est de ne pas utiliser de S-métolachlore dans les zones sensibles et les périmètres de captage. Sur les parcelles en bordure de cours d’eau, un DVP d’au moins 5 m sera implanté. La dose maximale sera de 1.000g/ha/an. L’application se fera avec des buses à injection d’air homologuées pour la réduction de dérive.
Cécile Julien