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Début de campagne d’irrigation des maïs

Les maïs arrivent ou ont dépassé le stade 10 feuilles, stade marquant le début de la période de valorisation de l’eau d’irrigation en cas de déficit hydrique.

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Les précipitations de fin avril/début mai avaient permis de reconstituer les réserves en eau des sols, en totalité ou en partie selon les secteurs. Néanmoins, conséquence du manque de précipitations depuis début mai, de l’élévation des températures et de l’augmentation des besoins en eau des maïs, la réserve facilement utilisable est proche de l’épuisement en sols superficiels.

Point agro-climatique

Sur les principaux postes météo de la région, les cumuls de sommes de température (base 6 – 30°C) depuis début avril sont supérieurs aux valeurs médianes, de 60 à 80°j environ, ce qui correspond pour le maïs à une avance d’1,5 à presque 2 feuilles et de 3-4 feuilles par rapport à 2014. A l’inverse, sur la même période, les cumuls de pluie sont inférieurs aux médianes, en moyenne de 25 mm, avec une forte variabilité : déficit de 70 mm sur le poste de Montmorillon (86), équilibre pour le poste du Magneraud (17). En outre, la répartition des pluies a été essentiellement concentrée sur début mai.


Figure 1 : cumuls de pluie et de sommes de températures (base 6-30 °j) du 1er avril 2015 au 5 juin 2015


Depuis début mai, les maïs semés vers le 5 avril (stade 12 F actuellement), ont consommé environ 40 à 60 mm. Les réserves facilement utilisables des sols superficiels (R.U. < 90 mm) arrivent donc à l’épuisement, alors que les sols moyens à profonds ont encore un stock permettant de tenir quelques jours de plus.

Rappel des règles de pilotage de l’irrigation pour un volume non limitant

L’irrigation est valorisée à partir du stade 10 F

Avant 10 feuilles la consommation en eau est faible, inférieure ou égale à 0,5 x ETP, le risque de stress hydrique est donc assez limité et l’intérêt de l’irrigation faible à nul. La consommation en eau des maïs n’augmente significativement qu’à partir du stade 10 F, passant à 0,7 x ETP. Elle continue d’augmenter pour atteindre le niveau maximal de 1,15 x ETP à partir de mi-montaison.

Déclencher l’irrigation

Le déclenchement de l’irrigation se fera lorsque ces deux critères seront atteints :
– maïs ayant dépassé le stade 10 feuilles ;
– déficit hydrique du sol mesuré ou estimé atteignant les seuils de déclenchement de l’outil de pilotage.

Adapter le premier tour d’eau

Le premier tour d’eau doit être adapté car les maïs consomment moins d’eau en début de cycle :
– dose d’irrigation : le déficit hydrique étant faible en début de cycle, la dose doit être réduite afin que le sol puisse la stocker (débuter avec 25 mm plutôt que 30-35 mm par exemple) et également stocker d’éventuelles précipitations ;
– durée du tour d’eau : anticiper la première position afin que la dernière ne soit pas pénalisée ;
– déclenchement et rythme d’irrigation : ne pas trop solliciter la RFU au départ afin qu’elle puisse servir de tampon en cas de forte demande.

Reprise du tour d’eau après une pluie

En cas de pluie significative, c’est-à-dire supérieure à 10 mm, repousser l’irrigation d’un jour par tranche de 5 mm (s’il a plu 15 mm, attendre 3 jours avant de reprendre le tour d’eau).

Contrôler la dose reçue par le maïs

Les compteurs volumétriques qui équipent le matériel d’irrigation permettent de connaître la dose reçue à la parcelle. Cependant il n’est pas rare de constater des écarts entre la dose programmée et la dose réellement apportée. Il est donc nécessaire de mettre en place un/des pluviomètres dans la parcelle. Préférer les pluviomètres standards (voir photo), plus précis.


Conseils en l’absence d’outil de pilotage

L’utilisation d’outils et de méthode de pilotage reste la façon la plus fiable pour piloter l’irrigation.

En l’absence d’outil et pour des maïs ayant dépassé le stade 10 F :
– sols superficiels et sols moyens avec tour d’eau long : déclencher l’irrigation dès ce début de semaine avec une dose faible afin de valoriser les pluies annoncées fin de semaine ;
– sols moyens et profonds : attendre fin de semaine pour irriguer si les pluies annoncées n’arrivent pas.

Valorisation de l’azote : dans les parcelles où le cumul de pluie depuis le dernier apport d’azote n’atteint pas 15-20 mm, l’irrigation permettra de limiter les pertes par volatilisation.


Figure 2 : exemple de bilan hydrique Irré-LIS®, sol de 130 mm de R.U., poste météorologique de Niort-Souché, pour un maïs ½ tardif semé le 7/04/2015

En volume limitant : centrer les apports autour de la floraison femelle

Avec un volume ne permettant pas de satisfaire les besoins 8 années sur 10, l’objectif est de répartir le volume d’eau disponible pour couvrir au mieux la période de très grande sensibilité au stress hydrique du maïs. Cette période s’étend du stade 15 feuilles au stade limite d’avortement du grain (SLAG), soit 2 à 3 semaines après la floraison femelle. L’irrigation débutera donc plus tardivement qu’avec un volume non limitant (un stress modéré en début de cycle est moins impactant qu’un stress tardif). Préférer des doses d’irrigation réduites et plus fréquentes : par exemple pour un volume de 150 mm, 6 apports de 25 mm valent mieux que 5 apports de 30 mm et que 4 apports de 38 mm. Enfin, en cas de pluie significative, c’est-à-dire supérieure à 10 mm, repousser l’irrigation d’un jour pour 4 mm de pluie. Compte tenu du manque de pluie depuis les derniers apports d’azote, un premier tour d’eau à dose réduite peut être envisagé pour permettre une bonne valorisation.

Thibaud DESCHAMPS, Céline DRILLAUD, Jean-Louis MOYNIER (Arvalis – Institut du végétal)

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