Le choix variétal est le premier levier pour sécuriser son rendement, limiter les charges de production et atténuer l’impact environnemental en contenant le nombre de traitements.
Il est recommandé de cultiver plusieurs variétés pour sécuriser la production en cas d’aléas. Mais lesquelles choisir pour maximiser le rendement tout en contenant les intrants ? Pour cela, il faut combiner les facteurs d’élaboration du rendement et la capacité de résistance aux maladies et aux ravageurs, selon le contexte particulier de chaque parcelle (type de sol, historique de maladies) et le débouché.
Premier critère de choix, le rendement doit se regarder sur plusieurs années, car la performance d’une génétique se mesure surtout par sa régularité dans le temps. Selon les débouchés visés, il faudra aussi tenir compte des différents paramètres de qualité, comme les teneurs en glucosinolates, huile et protéines.
Le choix d’une variété ne doit pas se faire uniquement sur le rendement. Son adaptation au contexte pédoclimatique et à l’historique de la parcelle est gage d’une bonne expression de son potentiel de production. Il faut privilégier les variétés à faible PMG, donc avec un grand nombre de grains au m², dans les zones à risque d’épisodes secs. Les variétés à fort PMG seront intéressantes dans les sols profonds avec une bonne réserve utile.
Un site pour aider au choix de ses variétés
Créé par les instituts techniques du végétal, My Var est un outil numérique pour faciliter le choix des variétés les plus adaptées à sa situation. Après un premier tri selon sa région, il faut indiquer les risques propres à chaque parcelle (orobanche rameuse, hernie, cylindrosporiose, élongation, phoma, TuYV, verse) et la recherche de vigueur de départ pour que le site propose les variétés les plus pertinentes.
Depuis 2024, l’outil intègre deux nouveaux critères d’analyse du comportement des variétés face aux risques de ravageurs à l’automne : l’intensité de la présence des larves d’altises dans la plante et la fréquence d’expression des symptômes associés.
Terres Inovia travaille sur d’autres critères, pour encore plus affiner son choix variétal : tolérance au sclérotinia, égrenage, efficience azotée.
Pour que le potentiel génétique s’exprime pleinement, il faut un colza en bonne santé et bien implanté. Il faut donc tenir compte de la tolérance aux maladies, à l’élongation, à la verse, de la vigueur de départ, de la capacité à produire de la biomasse à l’automne.
Du côté des maladies, il vaut mieux privilégier des variétés peu sensibles au phoma, au sclérotinia et à la cylindrosporiose. La tolérance incontournable est celle au phoma, qui est la maladie qui entraine les pertes de rendement les plus importantes. La aussi, il est préférable de miser sur des variétés TPS. La résistance Rlm S confère, à ce jour, un très bon niveau de résistance. Les variétés avec les résistances Rlm 3 et Rlm 7 peuvent présenter, selon les années et les situations, un niveau de résistance variable. L’utilisation systématique de variétés ayant des résistances spécifiques Rlm 3, Rlm 7, Rlm S et LepR 1 favorise l’essor de populations de phoma les contournant. Il est donc recommandé de les utiliser en alternance avec des variétés TPS qui n’en possèdent pas.
Selon l’historique de ses parcelles, il faut vérifier le comportement des variétés envisagées face à la virose TuVY, à la hernie. Dans les secteurs concernés, Poitou-Charentes et Vendée essentiellement, il faut choisir parmi les variétés les moins sensibles à l’orobanche rameuse.
Un colza performant débute par une bonne vigueur de départ, qui lui permettra de faire face aux aléas climatiques et sanitaires de l’automne et de valoriser au mieux l’azote disponible. Il est donc recommandé de choisir des variétés avec une note de vigueur supérieure à 7.
Il faut éviter les variétés trop précoces dans les secteurs gélifs au printemps, les génétiques trop tardives dans le nord-ouest pour ne pas retarder la récolte.
Le risque de verse est lié à la densité, à la disponibilité en azote et à la sensibilité variétale. Dans les sols recevant régulièrement des apports organiques, les variétés peu sensibles sont à privilégier. De même pour la sensibilité à l’élongation automnale. Il faut préférer les variétés à faible sensibilité pour se prémunir des dégâts liés au gel dans les situations à risques (semis précoce, quantité importante d’azote disponible dans le sol, apport régulier de matière organique). Les variétés dotées d’une bonne vigueur à l’automne ne sont pas forcément plus sujettes à l’élongation. On peut trouver des variétés vigoureuses avec une sensibilité moyenne qui ne nécessite pas de régulateur si les facteurs de risque, azote et densité, sont bien maîtrisés.
D’autres critères peuvent être intéressants à regarder. D’abord, la hauteur, car les variétés courtes facilitent les interventions fongicides. Dans les secteurs gélifs au printemps, la précocité à floraison est à regarder pour éviter les variétés qui florissent le plus tôt. Il faut aussi regarder la précocité à maturité, afin d’éviter les variétés tardives dans le nord-ouest pour ne pas retarder la récolte.
Les bonnes variétés choisies, il faut leur donner les meilleures conditions de levée. Cela débute en préservant l’humidité du précédent en limitant le nombre d’interventions. Soyez opportuniste et prêt à semer si des pluies sont annoncées. Il faut semer avant une pluie plutôt qu’après, sauf dans les terres battantes. Même s’ils ont un moindre débit de chantier, les semoirs monograines apportent de meilleurs positionnements et rappui de la graine. Le semis doit être régulier entre 2 et 4 cm de profondeur. Attention, une trop forte densité de semis pénalise le rendement. Il ne faut pas dépasser 15 pieds par mètre.
En cas de semis direct et de couvert associé, il faut déclencher les semis un peu plus tôt afin de bénéficier de températures plus favorables à un développement rapide.
Les repères de développement
La vitesse de pousse à l’automne est un élément déterminant pour une bonne implantation et la prévention des dégâts de ravageurs. Pour savoir si votre colza pousse au bon rythme, Terres Inovia donne des repères de seuils à atteindre :