cover blank wikiagri

Blé, dernière feuille étalée, c’est l’heure du diagnostic azoté

Inutile de trop anticiper le diagnostic de nutrition azotée sur blé. Le stade dernière feuille étalée représente le meilleur moment pour un conseil pertinent : double objectif rendement/protéines. Coup de projecteur sur le pilotage du dernier apport d’azote, qui se réalise cette année dans un contexte agro-climatique très favorable.

–stop–

La valorisation des apports début montaison réalisés aux alentours du stade épis à 1 cm (20-25 mars), s’est généralement déroulée dans de bonnes conditions. L’ensemble du secteur Champagne-Ardenne a très largement bénéficié des 15 mm de pluie dans les 15 jours suivants les apports d’azote (de 35 à 70 mm), nécessaires à leur bonne valorisation.

Seuls les apports massifs et trop anticipés (vers le 10 mars) ont été exposés à une période sèche, propice au phénomène de volatilisation. Mais ces apports ont été le plus souvent fractionnés (épi à 1 cm – 1 nœud) ou réalisés plus tardivement, vers le 20-25 mars.

Toute la période de montaison du blé a ensuite été jalonnée de fréquentes pluies, qui ont permis une excellente assimilation de l’azote.

Inutile de se précipiter, il faut pincer à point !

Dans les essais, la réponse à des doses croissantes d’azote se traduit par un gradient visuel très net (photo 1), témoignant de la bonne valorisation des précédents apports.



Aujourd’hui, la quasi-totalité de l’azote issu des engrais minéraux a été absorbé. C’est le moment d’envisager un diagnostic des besoins, puis une complémentation d’azote pour optimiser rendement et teneurs en protéines.

Différents outils sont disponibles :
• dans le cas de Farmstar Expert®, le diagnostic de nutrition azoté est réalisé fin montaison et bâti avec des modèles biophysiques et agro-physiologiques dynamiques, qui prennent en compte le statut de nutrition azoté, mais également le potentiel de développement du blé jusqu’à la floraison, la minéralisation de la matière organique du sol, etc… Des cartes et des fichiers de modulation intra-parcellaire sont produits pour ajuster aux mieux l’épandage de l’azote au champ.
• pour la méthode à la pince N-Tester®, plus frustre mais tout aussi fiable, l’erreur la plus classique est de réaliser le diagnostic de nutrition azoté trop tôt. En attendant le stade dernière feuille, le diagnostic prend en compte les besoins en azote de la plante jusqu’à la fin de cycle. Par ailleurs, cela permet également de limiter les diagnostics biaisés par une valorisation encore en cours du précédent apport d’azote.

Quel que soit l’outil utilisé, la finalité est la même : adapter la fertilisation azotée au potentiel de l’année, en vérifiant si la dose d’azote prévisionnelle, calculée avec la méthode du bilan ou méthode CAU, est limitante ou non.

Pour mémoire, une série d’essais réalisée dans les années ‘90 démontre tout l’intérêt du pilotage avec la pince N-Tester® (figure 1). Des essais conduits en 2014 et 2015 aboutissent aux mêmes conclusions avec l’outil Farmstar Expert® (figure 2).


En combinant méthode du bilan et pilotage par rapport à la méthode du bilan seule :
• on divise quasiment par 2 les cas de sous-fertilisation,
• on décompte environ 25% les diagnostics exacts supplémentaires.


Figure 1 : Intérêt de l’outil N-Tester®


Figure 2 : Intérêt de l’outil Farmstar Expert®


Sur les aspects qualité, des essais réalisés en 2015 en Champagne et dans le Centre, démontrent un gain de +0,4 % de protéines entre un pilotage Farmstar Expert® et une conduite de la fertilisation azotée avec la méthode du bilan seule.

Dernier apport : privilégiez la forme solide

Pour le dernier apport d’azote, la forme solide requiert tous les avantages : gains significatifs de rendement (+1,8 q/ha) et de protéines (+0,5 %) par rapport à la solution azotée [source : 84 essais régionaux ARVALIS et partenaires] et aucun risque de brûlures des feuilles, ou plus grave, d’épillets.

Potentiels de rendement : actuellement sur une bonne trajectoire

Concernant les potentiels de rendement, pour le moment, la plupart des « voyants sont au vert », à conforter en fonction des conditions de fin de cycle. Seules ombres au tableau : l’impact des cas de viroses ou de pression parasitaire mal contrôlée : intervention bien après l’apparition des premiers foyers de rouille jaune. Pour la septoriose : déclenchement trop précoce du premier traitement et délai trop long entre T1 et T2.

Les premiers diagnostics réalisés proposent des conseils de complément d’azote qui vont au-delà de la dose d’azote totale prévisionnelle. Les outils de pilotage traduisent donc une bonne trajectoire pour les rendements. Différents éléments agronomiques renforcent ce diagnostic :
• bon état hydrique des sols (figures 3 et 4),
• biomasse et potentiels d’épis/m² satisfaisants (bon tallage, pas de stress durant la montaison).

Raison de plus de bien ajuster la fertilisation azotée grâce aux outils de pilotage !


Figure 3 : Etat de la réserve hydrique – Station météo : Fagnières – Craie (Marne)


Figure 4 : Etat de la réserve hydrique – Station météo : Les Riceys – Argilo-calcaires (Aube)

 

Alexis Decarrier, Mélanie Franche, Philippe Hauprich (Arvalis – Institut du végétal)

Article Précédent
Article Suivant