Chaque jour, une limace ingère l'équivalent de la moitié de son poids. Il suffit donc d'une limace au m² pour mettre à mal un semis.

Protéger efficacement ses colzas de l’appétit des limaces

Discrètes, mais très voraces, les limaces peuvent mettre à mal un colza juste levé. La lutte s’organise dès l’interculture pour réduire les populations. Une surveillance autour du semis permettra de déterminer les populations présentes et la nécessité, ou non, d’intervenir.

Les attaques de limaces peuvent causer d’importants dégâts sur les cultures. Elles interviennent à des stades précoces et peuvent pénaliser fortement le potentiel de rendement. Le colza est particulièrement sensible, car il a peu de possibilités de compenser. Les limaces peuvent s’attaquer aussi bien aux graines en germination dans le sol, aux cotylédons qu’aux jeunes feuilles. Les prélèvements foliaires sont nuisibles jusqu’au stade 3-4 feuilles.

Deux espèces de limaces sont particulièrement nuisibles, les grises et les noires. Les limaces recherchent la fraicheur et l’humidité, ce qui explique qu’elles sont surtout actives la nuit. Les limaces se déplacent d’environ 5 m par nuit, mais ont bon appétit : elles consomment l’équivalent de 50% de leur poids en 24 heures. Ce qui explique qu’il suffit d’une limace au mètre carré pour mettre à mal un semis.

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Anticiper la lutte

La lutte contre ces gastéropodes doit s’organiser sur l’ensemble de la rotation, avec l’alternance de cultures de printemps et de cultures d’automne, pour interrompre les cycles de vie et de reproduction, et ainsi abaisser les populations. Toutes les cultures et tous les couverts n’ont pas le même impact sur la présence de limaces. Dans les parcelles à fort risque, il faut en tenir compte dans ses choix en privilégiant des couverts peu appétents. En interculture, la limitation des sols motteux avec de nombreux résidus végétaux évite de fournir gîte et couvert aux limaces. Tout travail du sol aide à limiter les populations de limaces. Un travail profond, de type labour, bouleverse leur espace vital et fait disparaître leurs sources d’alimentation. Un travail superficiel, de type déchaumage, sur les 10 premiers cm du sol, zone où se trouve la majorité des limaces, agit directement sur les ravageurs adultes, juvéniles et les œufs. Des passages répétés en travail du sol superficiel, de préférence par temps secs, seront très efficaces pour la destruction par dessiccation.

Pour limiter les dégâts, il faut réduire la durée de la phase de sensibilité des jeunes pousses par une levée rapide et homogène. Soignez la préparation du lit de semences avec une terre aussi fine que possible. Ceci limitera les capacités de déplacement des limaces. Enfouissez bien les graines, roulez après le semis en sol argileux.

Surveillance autour du semis

Pour permettre à son colza de lever dans de bonnes conditions, il faut surveiller les populations de limaces par des piégeages et des observations directes, en début ou fin de journée. La surveillance doit débuter 15 à 20 jours avant la date de semis prévue pour acquérir plusieurs références à raison de deux comptages par semaine pour les colzas.

Au semis, s’il y a plus d’une limace/m², il faut appliquer une protection anti-limaces en localisé ou en mélange à la semence avec un produit homologué pour cet usage.

Poursuivez la surveillance après le semis. Si des précipitations interviennent et déclenchent une activité de surface des limaces, appliquez rapidement un anti-limace pour permettre aux plantes de s’installer sans prendre trop de retard. La nuisibilité diminue d’autant plus que les plantes avancent en stade. Après le stade 3-4 feuilles, la protection n’est plus nécessaire.

Pour ces interventions, deux substances actives sont disponibles : phosphate ferrique et métaldéhyde. Le phosphate ferrique est une solution de biocontrôle, autorisé en agriculture biologique et qui n’entre pas dans le calcul de l’IFT. Longtemps, le phosphate ferrique a eu la réputation d’agir lentement, car il ne « tue » pas instantanément les limaces, mais bloque leur système digestif. Les essais des instituts techniques montrent une efficacité similaire. Il n’y a pas de différence de prix entre ces deux matières actives, qui ont les mêmes modalités d’application.

La réglementation des anti-limaces a évolué

Le métaldéhyde a été classé CMR2 (produit cancérigène, mutagène et toxique pour la reproduction).
Depuis le 1ᵉʳ janvier 2021, les produits à base de métaldéhyde sont soumis à la Redevance pour pollution diffuse si leur concentration est supérieure ou égale à 3%. Cela entraine un surcoût de 2 à 3 €/ha. Une autre conséquence est logistique, car il faudra obligatoirement stocker ces produits dans une zone dédiée et identifiée du local phytosanitaire, qui sera, bien sûr, fermé à clé. Ce qui peut vite devenir contraignant étant donné les volumes à stocker. Le délai d’entrée des personnes dans les parcelles traitées passera de 6 à 48 heures. Leur manipulation devra se faire avec le port d’EPI adaptés et est interdite aux femmes enceintes et aux mineurs. Enfin, les exploitations qui utilisent ces produits devront l’indiquer dans leur Document unique d’évaluation des risques. Pour rappel, le respect des exigences de stockage des produits phytosanitaires est l’un des points vérifiés lors des contrôles PAC.

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