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Apport d’azote, à la Chandeleur, nul besoin de sortir l’épandeur

Le blé est actuellement bien développé : mieux vaut attendre mi-février si un apport au tallage est nécessaire, en limitant la dose.

–stop–

Les températures clémentes depuis le début de cycle ont favorisé l’émission régulière de nouvelles tiges/feuilles, sans véritable trêve hivernale. Le tallage est abondant cette année, avec une projection actuelle à plus de 1200-1400 épis potentiels en sortie hiver !

Ne pas favoriser l’excès de tallage

Pour autant, physiologiquement, seules les talles primaires de plus de 3 feuilles au stade épi 1 cm sont réellement susceptibles de monter à épi. Les talles secondaires, voire tertiaires, qui ont pu se mettre en place cette année sont de fait naturellement condamnées à régresser (régression des talles en moyenne de 50 % allant de 30 à 65 % dans notre région !) (figure 1). La densité d’épis dépasse rarement 700 épis/m², et souvent autour de 550 épis par m² pour un rendement maximum en Champagne-Ardenne…


Figure 1 : comparaison du nombre d’épi par m2 potentiels en sortie d’hiver par rapport à la densité d’épis par m2 en fin de cycle – Sites de suivi physiologique craie et barrois en Champagne-Ardenne – Arvalis – Institut du végétal

Un apport d’engrais précoce (début février) aurait pour conséquence un maintien artificiel et temporaire de talles qui ne contribuent pas au rendement, mais consommant de l’eau et de l’azote au détriment des talles primaires.

Un premier apport d’azote trop précoce entraîne :
– une réduction de l’efficacité de cet apport au tallage, en favorisant l’absorption d’azote par des organes non productifs, car ne montant pas à épis. De plus, de l’azote épandu trop tôt, ou en trop grande quantité, est contre-productif par rapport aux aspects rendement et protéines.
Car c’est autant d’azote qui ne pourra pas être mis à disposition du blé au moment où il en aura le plus besoin : la montaison.
– une augmentation du risque de verse, en accroissant inutilement le nombre de tiges et en favorisant l’allongement des entre-nœuds,

-> Rien ne presse actuellement pour entamer les apports d’azote à tallage.
-> Mieux vaut laisser faire la nature, qui régule le futur peuplement épis par une saine concurrence permettant d’éliminer les talles les plus faibles.
-> Nous recommandons d’attendre mi-février pour les apports tallage et de limiter la dose à 40 kg N/ha maximum. Des impasses pourraient être envisagées en cas de forts reliquats (RSH), en particulier en limons.


L’amorce de la montaison reste le stade repère pour alimenter correctement les blés en azote. Même plus précoce cette année, elle ne devrait pas apparaître avant la mi-mars.

Attention de ne pas confondre le redressement visuel de certaines parcelles (lié à une compétition des talles pour la lumière) avec l’approche du stade épi 1 cm.

A noter qu’en cas de dose supérieure à 200 kg N/ha, il est recommandé de fractionner en quatre apports (tallage, épi1 cm, 1-2 nœuds et dernière feuille étalée) : un gain significatif est observé en craie/limon sur le rendement et la protéine.

Alexis DECARRIER, Mélanie FRANCHE, Philippe HAUPRICH (Arvalis – Institut du végétal)

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