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Y aura-t-il encore des vaches en France en 2031 ? Et si oui, où ?

Un élevage de Limousins croisés Charolais (W.Production)

Engagée depuis 2016, la décapitalisation de l’élevage bovin français se poursuivra au cours des dix prochaines années alors que la décennie 2021-2030 débute avec des cours de la viande qui atteignent des sommets.

 

En 2031, l’élevage de bovins viande n’aura pas disparu. Mais il sera plus extensif avec des effectifs en baisse dans tous les bassins de production. Cette baisse sera très importante dans l’Ouest (au moins 20 % des effectifs actuels), dans le Massif central et en Bourgogne, où la densité des animaux est actuellement très forte. Les producteurs prendront les dispositions nécessaires pour éviter de manquer de fourrages les années caniculaires.

Dans le Grand Ouest, les agriculteurs en activité dans ces régions pourraient tentés d’arrêter l’élevage pour se lancer dans de nouvelles activités.

La décapitalisation sera bien plus faible dans les régions de montagne (de -1 à -14 %) car aucune activité ne concurrence réellement l’élevage. Dans les zones de céréalicultures intermédiaires, des agriculteurs pourraient être tentés de réintroduire de l’élevage dans leur ferme pour accompagner le plan de relance de protéines et pour être plus facilement éligibles aux aides écoschèmes de la Pac après 2023. Les prix des céréales ne vont pas toujours restés à leurs niveaux  record actuels.

Le mouvement de décapitalisation observé en France dans toutes les régions, depuis 2016, se poursuivrait au moins jusqu’en 2031, selon une étude de l’Institut de l’élevage diffusée le 9 novembre dernier. Dans dix ans, la France dénombrerait alors environ 50 000 chefs d’exploitations seuls ou en société à la tête d’au moins 20 vaches allaitantes. Ils pourraient être aussi bien éleveurs que polyculteurs-éleveurs, monoactifs ou pluriactifs. Hormis les nouveaux installés spécialisés dans cette filière, certains producteurs de bovins viande sont des ex-éleveurs laitiers reconvertis ou des éleveurs qui ont augmenté les effectifs de leur cheptel.

1,6 million de vaches en moins en 15 ans

Ensemble, ces 50 000 producteurs détiendraient la majorité des 3,1 millions de vaches allaitantes qui seraient alors élevées en France. Elles constitueraient la moitié de l’effectif total de vaches alors élevées en France (un peu plus de 6,3 millions de bêtes). En 2031, on dénombrerait environ 3,2 millions de vaches laitières.

Autrement dit, un million en moins de vaches laitières et allaitantes en moins seraient nourries chaque année qu’en 2021 alors que les effectifs de vaches de la ferme France ont déjà diminué de 600 000 individus depuis 2016.

Ces prévisions montrent que notre pays ne s’engagerait pas dans une démarche de reconquête, ni en production laitière, ni en production de viande bovine. Car avec un million ce vaches en moins, c’est potentiellement un million de veaux en moins qui naitraient chaque année d’ici 2031.

Or la France est dans l’Union européenne le seul pays à disposer d’espaces et de surfaces fourragères pour permettre à l’Union européenne de produire et d’exporter plus de produits laitiers et carnés afin de renforcer la souveraineté alimentaire des Vingt-sept.

Mais avec la Pac 2023 et surtout, le Pacte vert, l’UE ne semble pas avoir choisi cette voie.

La baisse des effectifs de vaches allaitantes est multifactorielle. Les crises passées pourraient laisser durablement des traces au cours des dix prochaines années et freiner des porteurs de projets reprendre des fermes. Même si les cours pourraient rester durablement élevés (cf encadré-ci-sessous).

Les éleveurs qui remplaceront ceux qui auront cessé leur activité d’ici 2030 (environ la moitié actuellement en poste) auront des profils différents. Le nombre de candidats à l’installation dépendra entre autres, dans les prochaines, de la capacité de la filière à répondre aux attentes des porteurs de projets.

Les futurs producteurs de bovins viande ne s’installeront plus systématiquement dans la perspective de rester éleveur durant toute leur carrière, selon une étude de l’Institut de l’élevage présentée par Emmanuel Béguin. Le métier d’éleveur se banalise. Par ailleurs, de nombreux éleveurs seront pluriactifs.

Limiter les risques pour rendre plus attractif

Aussi, une partie de l’attractivité à venir de la filière « bovins viande » réside dans la capacité des cédants d’accepter de céder leur ferme, avec leur maison, à des repreneurs qui auront des projets différents.

Peut-être faudra- t-il songer de vendre la ferme en plusieurs entités pour limiter le recours à l’emprunt des repreneurs ? Et pourquoi pas, équiper les toits des bâtiments de la ferme de panneaux photovoltaïques pour la rendre plus indépendante énergétiquement.

Dans l’ensemble, l’élevage de bovins viande bénéficie d’une meilleure image que la filière laitière. Etroitement liée à l’exploitation des prairies, la production de bovins viande répond aux aspirations des jeunes adultes d’adopter des pratiques agricoles « plus «vertes » sans pour autant se convertir au bio.

Les étudiants dans les lycées agricoles, enfants d’agriculteurs ou de salariés agricoles,  ne sont pas effrayés à l’idée de conduire un élevage de bovins viande avec toutes les contraintes de travail qu’imposent une telle activité (horaires décalés, contraintes les week-ends). La passion pour les animaux et « être son propre patron » rendent l’élevage bovin attractif.

Dans des lycées de formation générale ou agricole, ce sont les étudiants qui ne sont pas issus du sérail, qui sont les moins attirés par l’élevage bovin, faute d’information pour apprécier les atouts de cette activité de production.

Mais pour installer des jeunes, il faut créer une dynamique locale de reprise-installations. Il faut aussi apporter des garanties de revenus. Les éleveurs de bovins viande attendent beaucoup de la loi Egalim 2 même si elle sera difficile à être appliquée sur les produits destinés à l’export. L’essor de la protection assurancielle protégera aussi les porteurs des catastrophes climatiques.

1 Commentaire(s)

  1. EELV a fait croire que l’élevage posait des problèmes pour le climat (méthane) mais ce n’est qu’une vaste fumisterie !
    L’hiver prochain sera encore plus froid que l’hiver dernier … les symptômes climatiques que nous subissons : inondations et sécheresses, correspondent exactement à une désertification : disparition de la couverture végétale des sols … Depuis les années 2000 on réduit les surfaces irriguées et on favorise les culture sèches, on bloque la construction de réserve d’eau, on ne recycle pas l’eau des villes et on détruit les barrages qui protégeaient les villes des inondations, il était techniquement impossible de faire pire !
    La combustion d’énergies fossiles pose effectivement de TRÈS GRAVES problèmes de pollutions atmosphériques en zone urbaine (et affecte gravement la santé humaine) et elle nous rend dépendant à des pays instables ! L’énergie du futur existe depuis des millions d’années et elle entretient tous les cycles du vivant, une surface qui ne fait pas de photosynthèse agit comme un désert sur le climat et la biodiversité !
    https://www.mediaterre.org/actu,20210526073739,1.html

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