A Vailly (en Haute-Savoie), une plainte a été déposée par un riverain contre une famille d’éleveurs. Motif : le passage de leur troupeau deux fois par jour sur la route communale constituerait une "obstruction à la voie publique".
Après les cloches des vaches qui font trop de bruit à Le Biot, les grenouilles qui coassent en Dordogne, ou autres multiples exemples dans le genre, voici un nouveau procès de voisinage de refus des réalités de la ruralité : les vaches qui passent sur la route en retardant les voitures de 30 secondes ! L’histoire se passe au hameau des Aix, sur la commune de Vailly. Dans ce bout du monde de moyenne montagne, seules six familles sont installées et bénéficient pleinement du charme de la Haute-Savoie : les montagnes, les vaches et le fromage…
En février dernier, Julien Chatelain (27 ans) et son frère Jonathan rejoignent la petite exploitation familiale de leur mère Sylvie. De la production de génisses, ils s’orientent vers la production laitière avec une dizaine de mères, en plus de leurs quelques moutons et chevaux. Tous les jours en automne et au printemps, ils conduisent leurs dix vaches au pré et les rentrent le soir à l’étable. Pour cela, ils empruntent pour cela la voie communale sur 800 mètres.
Le 11 octobre dernier, ils ont la surprise de voir les gendarmes débarquer à la ferme. On leur signale qu’une plainte anonyme (évidemment…) a été déposée contre l’exploitation pour « obstruction à la voie publique », jugée donc recevable. Le choc est violent... Effectivement, le code de la route impose qu’un panneau indique le passage régulier d’animaux, sans quoi il faudrait demander un arrêté municipal pour chaque passage. Mais quel serait l’enjeu de telles démarches, sachant que la route dessert seulement six maisons ?
« Si un véhicule arrive, on range évidemment nos vaches sur le côté, et il reste largement la place de passer. On avance à cinq km/heure, donc on occupe la route environ 10 minutes maximum à 5h30 du matin et à 19h15 le soir. Ça nous a mis vraiment en colère », explique Julien Chatelain. Alors spontanément, le jeune agriculteur lance un message sur Facebook, comme une bouteille à la mer pour exprimer sa stupéfaction et son amertume. Son post sera partagé… 70 000 fois en l’espace de deux semaines, et les médias s’intéressent à l’histoire.
« On ne s’attendait pas à un soutien aussi massif. C’est encourageant et je remercie chacune de ces personnes. Cela nous donne de la motivation pour notre activité, mais aussi pour tous les autres éleveurs. On sait qu’en cas de pépin, au moins 70 000 personnes sont avec nous. Notre métier dépend de la météo, donc bien sûr que parfois on salit les routes quand il pleut, et qu’on sort les tracteurs le dimanche. Il ne faut pas qu’une minorité de personnes décide qu’on ne peut plus mettre des vaches à moins de 150 mètres de leur maison pour les mouches, qu’on ne travaille plus le dimanche, qu’on ne bouge les troupeaux, qu’on enlève les cloches… C’est le patrimoine pastoral qui est en jeu, les élus doivent prendre position là-dessus. C’est le moment où jamais de faire changer les choses », espère-t-il.
Le 20 octobre, la famille a été convoquée à la gendarmerie pour rédiger le procès verbal. La plainte est partie à l’office nationale des plaintes, qui décidera de la suite à y donner. « Au pire, l’amende s’élèverait à 35 euros. Au départ, on s’attendait à bien pire en lisant les nombreux témoignages qu'on a reçus. Je pense que le soutien des réseaux sociaux et des médias a joué en notre faveur », estime Julien Chatelain.
La municipalité s’est mise en relation avec la gendarmerie pour régulariser la situation, en prévoyant la pose du fameux panneau et la rédaction d’un arrêté. « Certains élus en haut lieu commencent à se soucier du problème, parce qu’on est de moins en moins d’éleveurs. Il reste une petite quinzaine d’exploitations sur notre commune de 900 habitants. La majorité des agriculteurs sont pluriactifs. Depuis 40 ans, la forêt a gagné sur les champs. Il faut que les élus fassent en sorte que les jeunes agriculteurs ne soient pas découragés. Nous nous sommes engagés dans le cahier des charges de l’AOP reblochon. On a donc un certain nombre de jours de pâturage à respecter, et de l’autre côté, on nous interdit de traverser la route pour amener nos bêtes dans nos alpages ! Il faut que les gens se rendent compte que c’est pour eux qu’on se lève si tôt le matin. On ne demande pas une médaille, et on ne veut embêter personne. Mais on veut seulement qu’on nous laisse travailler tranquillement. »
Certains devraient y songer en dégustant leur prochaine tartiflette...
La photo ci-dessous nous a été fournie par Julien Chatelain et montre ses vaches sur la route.
Journaliste en milieu rural, je suis passionnée par l'élevage et les filières agricoles innovantes et originales.
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