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Le premier constat est qu’une date de semis précoce accentue largement la pression parasitaire – ravageurs d’automne, mauvaises herbes et maladies – en exposant la culture à une plus grande période de contamination. De plus, en cas d’hiver doux, le risque d’exposition au froid lors de la montaison est élevé.
La période de semis recommandée dans la région ne commence pas avant le 10 octobre pour toutes les céréales à paille et elle s’étend jusqu’au 30 octobre. Il n’y a donc pas lieu de se précipiter, même en sols sensibles à l’excès d’eau.
Il y a quatre raisons de ne pas semer trop tôt.
JNO : risques accrus en semis précoces
Les pucerons d’automne peuvent transmettre le virus de la Jaunisse Nanisante de l’Orge (JNO) lorsqu’ils piquent les feuilles de céréales. La gravité de la maladie dépend notamment de facteurs liés aux insectes (effectif, durée de présence dans la parcelle, pouvoir virulifère). Des réseaux d’essais ont permis de démontrer qu’un semis précoce expose davantage les cultures à la maladie virale.
Les traitements de semences à base d’imidaclopride (Gaucho 350, Gauchos Duo FS…) peuvent être utilisés pour la dernière fois cet automne. Ils permettent de protéger les cultures jusqu’au stade 5 feuilles. Au-delà de cette période, un traitement insecticide foliaire peut s’avérer nécessaire si le risque persiste (présence de pucerons).
En l’absence de traitement de semences, un traitement insecticide foliaire efficace apportera une protection maximale de 2 semaines. En effet, les feuilles sorties après l’application ne sont pas protégées ce qui peut conduire à réaliser une nouvelle application.
â–º Réduire la période d’exposition des cultures aux pucerons en évitant les semis précoces avant le 20 octobre constitue un facteur important de limitation des risques.
Les semis précoces favorisent les levées de certaines graminées
La plupart des adventices préjudiciables aux céréales germent préférentiellement à l’automne, et notamment au mois d’octobre (vulpin, brome, ray-grass et aussi de nombreuses dicotylédones). Un semis trop précoce se caractérise par un salissement plus élevé des parcelles et en conséquence une difficulté à maîtriser le désherbage, les herbicides ayant leurs limites lorsque la densité d’adventices est élevée. Semer à la période recommandée contribue donc à optimiser l’efficacité du programme de désherbage. Pour les parcelles les plus sales (échecs de désherbage et/ou problèmes de résistance), il est même plus rentable de semer en fin, voire au-delà de la période recommandée pour réduire significativement les levées de graminées adventices.
Le piétin échaudage favorisé par les semis trop précoces
Le piétin échaudage est un champignon du sol qui contamine les racines des plantes hôtes à l’automne. Toutes les céréales peuvent être touchées en particulier le blé dur, le blé tendre et l’orge. Les racines contaminées ne permettront plus à la plante d’atteindre une alimentation minérale et hydrique correcte. Le déficit engendré va conduire à un mauvais fonctionnement des plantes au printemps et la formation d’épis vides et blancs, symptômes caractéristiques de cette maladie.
Le principal levier pour lutter contre cette maladie est la rotation. En effet, le piétin échaudage est un champignon saprophyte peu compétitif dont l’inoculum primaire décline rapidement sans la présence de plantes hôtes (ex de cultures non hôtes : colza, pomme de terre, pois).
Le second levier est la date de semis. Des semis précoce, avant le 15/10, augmentent la durée de contamination à une période où les températures douces favorisent le développement du champignon.
Dans toutes les situations où du piétin échaudage a déjà été observé, il est donc déconseillé de semer avant le 25 octobre. Si les conditions climatiques restent favorables, il est même préférable d’attendre début novembre pour semer.
Figure 1 : Hiérarchie des facteurs favorisants ou aggravants le piétin échaudage
D’après réseau d’essais Arvalis 2015-16-17
Le piétin verse : choix variétal et date de semis pour limiter le risque
Le piétin verse est une maladie qui s’installe à la base du pied des blés. Les hivers doux et humides sont favorables à l’expression de la maladie. Les semis précoces, en augmentant les périodes de contamination, favorisent l’installation de la maladie.
La tolérance variétale permet d’atténuer sensiblement le risque. Il est important de choisir une variété peu ou pas sensible lorsque des dégâts ont été observés dans la parcelle, et particulièrement pour les semis précoces.
Les variétés résistantes (note de résistance Geves ≥ 5), présentent une tolérance au piétin verse qui permet d’éviter un traitement spécifique.
Pour les variétés sensibles (notes 1 et 2 – cf tableau), il convient d’éviter les semis précoces dans les situations à risques (limons battants, dégâts déjà observés dans la parcelle…)
Tableau 1 : Sensibilité des variétés au piétin verse (note Geves)