desherbage rotation colza

Un désherbage réussi se raisonne sur toute la rotation

L’optimisation du rendement passe par la maitrise de la concurrence qu’engendrent les adventices. Pour y arriver, il faut combiner leviers agronomiques et désherbage.

Le désherbage du colza se complique. La pression en graminées hivernales (vulpin, ray grass, brome, folle avoine…) est de plus en plus forte. D’autant plus quand le travail du sol est simplifié et que les rotations sont courtes. L’objectif d’obtenir les parcelles propres nécessaires au bon développement du colza est aussi freiné par le développement des résistances aux herbicides.

Face à toutes ces contraintes, il faut raisonner son désherbage avant même l’implantation, et mobiliser différents leviers agronomiques. Le premier reste l’allongement de la rotation. Les cultures de printemps et d’été limitent les fortes infestations de graminées hivernales, car leur période d’implantation est différente des périodes préférentielles de levée de ces adventices. De plus, le désherbage de cultures différentes passe par une large gamme d’herbicides, avec des modes d’actions différents, ce qui est un plus pour enrayer la montée des résistances.

Agir avant le semis

Avant l’implantation du colza, il est conseillé de travailler le sol le moins possible pour éviter de l’assécher. Un déchaumage sera fait juste après la récolte, il sera plutôt superficiel et rappuyé. Il sera complété par un faux semis pour stimuler la levée groupée des adventices, qui seront détruites avant l’implantation du colza. La réussite du faux-semis est très dépendante de la météo : il faut de l’humidité pour la levée puis des conditions séchantes pour la destruction mécanique des adventices.

Ne pas exclure un labour occasionnel

Bien qu’il ait des inconvénients sur la structure du sol, le labour a l’avantage d’enfouir une grande partie du stock semencier superficiel. Or, les graines de graminées perdent leur viabilité lorsqu’elles sont enfouies en profondeur. Un labour occasionnel, tous les 3 à 4 ans, avant une céréale de préférence, est une stratégie d’épuisement progressif d’espèces comme le brome, le vulpin ou le ray grass. Attention toutefois, le labour peut favoriser la remontée de graines viables de géranium ou de crucifères. À l’inverse, les systèmes sans labour concentrent les graines en surface. Ils demandent donc une maitrise sans faille des adventices.

Une bonne vigueur de départ est aussi un élément à travailler. Une production importante de biomasse avant l’hiver va permettre de couvrir rapidement l’inter-rang, ce qui va freiner le développement des adventices.

Un programme calé sur la flore attendue

L’utilisation des différents leviers agronomiques va aider à réduire la flore adventice, mais elle ne sera certainement pas suffisante pour entièrement la contenir. Un désherbage, chimique ou mécanique, devra la compléter. Ce programme de désherbage doit être raisonné selon le type de flore attendue et sa pression, selon la présence ou non de plantes compagnes.

L’application unique en prélevée est la stratégie la plus courante. Elle est bien adaptée aux flores simples, mais peut manquer de régularité en conditions sèches ou sur des flores plus compliquées (géranium, forte pression en ray grass ou vulpin). Son efficacité racinaire est dépendante de l’humidité dans le sol. Les herbicides de prélevée ont l’avantage d’avoir un spectre large et d’apporter de l’efficacité dès le départ de la culture. Mais, la fenêtre d’application est assez courte, surtout quand les colzas lèvent vite. De plus, ils peuvent ralentir le développement de la culture et sont appliqués avant de savoir si la culture va bien lever ou pas.

Les herbicides de post-levée s’utilisent du stade 2 feuilles jusqu’à la rosette. Leur utilisation sur une culture démarrée est plus rassurante quant à l’investissement fait. Leur efficacité est assez stable en conditions sèches. Mais leur spectre d’actions est plus étroit. Leur positionnement peut être délicat : une application trop tardive risque de laisser le temps aux adventices d’étouffer la culture. À l’inverse, une application trop précoce ne gèrera pas des levées échelonnées. De plus, certains produits ciblant les crucifères n’ont pas une sélectivité parfaite.

L’application en post-levée précoce, avec un herbicide apporté rapidement après la levée, est une option à étudier. Cela permet un contrôle précoce des adventices tout en réalisant l’application quand la levée est sûre. Cette stratégie limite le risque de ralentissement de la croissance.

En cas de présence de graminées, une intervention en prélevée est nécessaire. Si la pression est forte, il faudra compléter cette première intervention par une application de propyzamide. Si la pression est faible, une application de prélevée peut suffire.

Face à une flore composée principalement de dicotylédones, la stratégie de désherbage va reposer sur un traitement en post-levée. Les produits foliaires ont l’avantage d’être moins dépendant de l’humidité. L’impasse d’un traitement de prélevée est possible si la pression en graminées est faible.

Dans les situations à flore complexe, par exemple avec des graminées et des géraniums, il faudra combiner une base de prélevée ou de post-levée précoce puis un rattrapage en post-levée.

Le désherbage peut aussi s’envisager de façon mécanique, avec une herse étrille, une houe rotative ou une bineuse. Plusieurs passages sont souvent nécessaires pour atteindre un bon niveau de propreté. Si on envisage un désherbage mécanique, il est recommandé d’augmenter sa dose de semis de 10 % pour compenser d’éventuelles pertes de pieds. Il faut aussi soigner la préparation du sol (nivellement, absence de résidus). Pour un passage en plein, on peut intervenir avec une herse étrille ou une houe, avant la levée ou après le stade 3 feuilles. Il faut intervenir sur un sol ressuyé et en conditions séchantes. Plus on intervient sur un stade précoce des adventices, meilleure sera l’efficacité. La bineuse permet de nettoyer l’inter-rang, à partir du stade 3 feuilles. Pour cela, le colza devra avoir été semé avec un écartement de 50 cm.

Le désherbage mixte combine les deux approches, désherbage chimique et mécanique : 

  • Application sur le rang d’un herbicide de prélevée au semis, puis binage pour nettoyer l’inter-rang.
  • Application en plein d’un herbicide de prélevée à dose modulée puis 1 à 3 passages de herse étrille ou de houe rotative.
  • Application localisée sur le rang de l’herbicide de post-levée puis binage pour nettoyer l’inter-rang.

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