Sur les quelques dizaines d’hectares de tournesol qu’il réalise chaque année, Guy Mailloux implante au préalable un couvert long. Il y intègre de la vesce de Narbonne produite à la ferme.
Sur l’exploitation familiale de 180 ha en Nouvelle-Aquitaine qu’il transmet actuellement à son fils, Guy Mailloux cultive du tournesol depuis 1981. « C’est une culture qui représente chaque année entre 30 et 40 % de l’assolement » témoigne-t-il. Dans les premières années, l’exploitant suivait un itinéraire des plus classique qui laissait la terre exposée à l’eau et au gel durant toute la période hivernale. « Jusqu’au début des années 2000, je réalisais un travail du sol après la récolte de céréale, puis un labour d’hiver en décembre et le sol était repris pour les semis au 15 avril » se souvient l’agriculteur.
Pour Guy Mailloux, le déclic intervient le jour où il décide d’apporter de la fiente de poule sur ses parcelles. « Je me suis dit, si j’apporte un amendement, autant en profiter à fond. Donc j’ai arrêté de labourer et j’ai commencé à mettre des couverts » détaille-t-il. Cette étape lui permet d’appréhender sereinement l’obligation des couverts végétaux instaurer quelques années plus tard. Aujourd’hui, il implante systématiquement un couvert lors des intercultures longues. « À l’époque, avec le groupe Dephy auquel je participe, nous étions déjà dans l’idée d’en tirer profit. La question était de savoir quels bénéfices pouvaient nous apporter ces couverts » retrace-t-il. S’ensuit plusieurs essais et des visites de ferme dans les régions voisines pour trouver le mélange le plus adapté. Le trèfle, par exemple, s’avère être un échec. « Il ne germe pas bien chez nous du fait des hautes températures l’été. L’idée était vraiment de trouver quelque chose qui fasse vivre le sol » analyse l’exploitant aquitain. Le groupe s’oriente alors vers une base légumineuse avec une phacélie que les exploitants trouvent adaptée à leur terre de groie.
C’est finalement un mélange de radis, vesce et phacélie qui est retenu par le groupe et dont les commandes sont réalisées en commun. La base légumineuse, avec la phacélie. Pour sa part, Guy Mailloux y ajoute de la vesce de Narbonne qu’il autoproduit. « C’est une bonne alternative à la féverole qui affiche les mêmes capacités végétatives, avec moins de maladie » souligne le céréalier. Visuellement, la vesce de Narbonne confirme cette comparaison. Son aspect est plus proche d’une féverole que d’une vesce. « J’en sème 4 ha chaque année, qui me permettent de semer 70 ha de couvert l’année suivante » décrit-il.
Si le prix du mélange initial est conséquent, Guy Mailloux relativise ce point. « Si le couvert est réussi, je vois le retour sur investissement avec l’apport de matière organique au sol. Ce qui est compliqué à appréhender, c’est que l’effet se joue à long terme. Quand j’investis dans des couverts aujourd’hui, je le fais pour mon fils » souligne-t-il.
Une culture sous-estimée
Si le tournesol a toujours représenté une culture majeure dans son assolement, Guy Mailloux l’assure, il en implantera moins l’année prochaine. « Le tournesol ne dépassera pas 15 à 20 % de la surface » souligne-t-il. Le producteur évoque des rendements qui plafonnent entre 2 t et 2,5 t/ha et des prix loin de représenter l’intérêt sociétal de la culture. « C’est une plante qui a une vraie utilité alimentaire. Elle ne consomme pas d’insecticide, ni de fongicide et très peu d’azote. Pourtant, il manque 100 à 150 €/t pour la rémunérer convenablement » calcule-t-il.
Pour garder les sols couverts au maximum, le producteur de tournesol a pour habitude de pousser son couvert le plus loin possible en saison. Si la destruction des dicotylédones n’est pas un problème, il est souvent plus embêté par les graminées. « J’ai investi dans un rotavator pour bloquer la reprise de végétation en détruisant le plateau de tallage » explique-t-il. Le rotavator est précédé d’un passage d’outil à dent ou à disque selon les conditions de l’année. « Il faut intervenir au bon moment. Dès qu’il y a une période de sec à partir de février, j’interviens. Cette année, ça a été très compliqué à trouver » témoigne-t-il. En cas d’année compliquée, comme en 2024, la destruction chimique du couvert reste également une bonne solution pour le producteur.