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Températures élevées sur maïs, des impacts qui dépendent du stade

Des températures extrêmes peuvent impacter le fonctionnement des plantes mais cela dépend de leur stade au moment où elles surviennent. Le point sur la situation.

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Actuellement, les maïs les plus en avance (Drôme, plaine de l’Ain et de Lyon) sont en floraison ou vont commencer à émettre du pollen dans les prochains jours. Mais tous ne sont pas à ces stades. Les derniers maïs semés (souvent derrière un ray-grass ou une prairie) sont autour de 10/12 feuilles.

Hormis dans les zones irriguées, le manque d’eau commence à se faire sentir dans les parcelles et les chaleurs annoncées ne vont pas améliorer le bon fonctionnement des plantes.


Figure 1 : cumul de pluie (en miilimètres) du 10/04 au 20/06 en Rhône-Alpes

Des températures extrêmes prévues

Les températures actuelles et celles annoncées pour les jours à venir vont être très élevées (supérieures à 30°C, et parfois proches de 40°C). Le phénomène devrait être généralisé à l’ensemble de la région. Un scénario climatique proche de celui de 2003, avec trois semaines d’avance.

Dans ces conditions, le stade du maïs est un élément important à prendre en compte. En Rhône-Alpes et en Bourgogne, deux cas de figure se présentent : maïs en émission de pollen et maïs sans la panicule émise.


Figure 2 : températures maximales journalière de l’aire sur différents postes météo


Figure 3 : températures maximales journalières au dessus de 36°C (pour 2015, données et prévisions jusqu’au 7 juillet) – Station de Lyon (69)

Pour les maïs sans panicule

Au-delà de 30°C, on considère que les températures ne sont plus efficientes pour le maïs. Le développement des plantes va être fortement ralenti. Le risque éventuel réside dans le fait que ce genre de températures peut bloquer ultérieurement l’ouverture d’une partie des fleurs de la panicule et réduire l’émission de pollen.

Pour les maïs en floraison/émission de pollen

A ce stade, plusieurs organes de la reproduction peuvent être impactés.

• Le pollen
Le pollen est très sensible aux excès de chaleur. A partir de 36 °C, il perd en viabilité et devient complètement stérile à 40°C. Un facteur de stress hydrique accentue un peu plus la sensibilité aux excès de chaleur.

• Les ovules
La viabilité des ovules peut être directement impactée par les températures. Toutefois, les spathes et l’ombrage permis par le gabarit des plantes permettent de réduire de quelques degrés la température sur ces organes, d’autant plus si la parcelle est irriguée. Le risque est moins grand de voir des ovules avorter à cause de la chaleur.

• Les soies
Dans certaines conditions, les soies peuvent avoir des difficultés à sortir, ce phénomène est plus la résultante d’un stress hydrique que de celui d’un stress thermique. L’émission des soies correspond à la croissance des cellules, directement liée aux conditions d’humidité et de températures favorables au bon fonctionnement des plantes.

A quoi s’attendre dans les parcelles ?

Les températures actuelles peuvent donc perturber la fécondation (stérilité du pollen, avortement des ovules). On peut donc s’attendre à des épis lacuneux en parcelles.

Mais quelques éléments permettent de relativiser :
– La majeure partie du pollen est émise en milieu de matinée, en dehors des températures les plus élevées de la journée. Mais il est vrai que la progression du tube pollinique dans les soies peut être également affectée par les températures. Or, une partie des soies est à l’extérieur des spathes…

– Les parcelles irriguées vont permettre de limiter le problème. L’irrigation permet de réduire la température dans le couvert (même si ce n’est que pour quelques heures) et d’apporter de l’hygrométrie favorable à la survie du pollen.


Figure 4 : effet des températures sur la fécondation (plante entière)

A 40°C, sous bonne conditions hydrique (Irrigation et Humidité relative = 85 %) la plante semble se défendre. Les pertes sont limitées.


Tout stress hydrique accentue l’effet des températures et réduit la viabilité du pollen. Heureusement, une grande partie des parcelles conduites en régime pluvial, ne sont pas encore en phase d’émission de pollen.

– Les hybrides ont un potentiel pollinique important qui devrait permettre de féconder les ovules, malgré une déperdition de pollen.

 

Thibaut RAY (ARVALIS – Institut du végétal)

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