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Symptômes atypiques sur blé, besoin du bon diagnostic

Avec la reprise de végétation, il n’est pas rare d’observer des symptômes atypiques dans les parcelles s’accompagnant parfois de défaut de croissance ou de nanisme. Tous ne sont pas liés à des maladies ou des défauts d’alimentation. Des confusions sont possibles.

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L’observation des symptômes permet le plus souvent d’identifier les problèmes. Cette année, les plus fréquemment observés sont : le piétin échaudage, la JNO (jaunisse nanisante de l’orge), les mosaïques, la carence en manganèse et les taches physiologiques.

Les dégâts de piétin-échaudage (blés et orges notamment)

Les symptômes se développent en grandes zones de forme variable. Ils peuvent parfois être plus intenses sur les andains de la récolte précédente. Les attaques les plus graves sont généralement observées en 2e ou 3e paille, mais la maladie peut également se déclarer après une tête de rotation, notamment en semis très précoce. Sur feuilles et plante, les symptômes sont le plus souvent un jaunissement des vieilles feuilles par la pointe accompagné d’un nanisme prononcé. Le diagnostic est plus facile sur racines sous réserve de prélever délicatement les plantes avec une bêche ou un plantoir pour préserver les symptômes, puis de laver et d’essuyer délicatement les racines. La présence de manchon noir plus ou moins long est typique de la maladie. Les dégâts peuvent aller jusqu’à la destruction des plantes touchées.



Blé touché par du piétin échaudage dans la Vienne. © T. Deschamps, Arvalis – Institut du végétal

La JNO (notamment sur orge, blés et avoine)

Les attaques sont particulièrement sévères en semis précoces non ou mal protégés.

Sur orge, la maladie provoque des jaunissements en stries le long des nervures des jeunes feuilles. Les plantes touchées sont nanifiées et peuvent dépérir.

Sur blé, les symptômes sont plus variables. Selon les variétés, ils varient du jaune au rouge en stries sur les jeunes feuilles. Les plantes peuvent être légèrement tassées mais non nanifiées.

Sur avoine, les plantes rougissent fortement. Les attaques se développent le plus souvent en petits foyers mais en 2015, elles peuvent s’étendre parfois sur de très grandes zones.

Parcelle avec (à gauche) et sans (à droite) TS insecticide JNO – Le Magneraud 2015. © L. Plantecoste

Les mosaïques

Des symptômes sont observés principalement sur blé dur dans les parcelles de limon ou de marais semées tôt et recevant très fréquemment des blés durs (1 an sur 2 ou 2 ans sur 3). Les zones touchées s’étendent progressivement au cours des années. Les plantes présentent des stries chlorotiques caractéristiques et sont nanifiées. En cas d’attaque grave, les plantes peuvent disparaître.



Symptômes et dégâts de mosaïque sur blé dur observés dans un essai en 2015 en région Centre. © B. Pasquier Soufflet Atlantique

La carence en manganèse

Elle est fréquente dans les terres légères (soufflées, aérées), dans les sols recevant beaucoup de matière organique ou dans les sols acides dont le pH a été trop augmenté par un chaulage (pH supérieur à 7). Elle peut avoir des conséquences importantes sur le rendement des céréales à paille.

La vidéo ci-dessous peut vous aider à bien l’identifier :

Les solutions à mettre en œuvre

Sur symptômes déclarés, les applications foliaires sont efficaces si l’intervention a lieu rapidement, dès l’apparition des symptômes (courant tallage à début montaison). Tous les produits sont équivalents, à condition d’apporter par passage une dose minimale de 500 g/ha de manganèse. Choisissez des engrais foliaires contenant uniquement cet oligo-élément. Un seul passage ne suffit généralement pas et il faut intervenir une seconde voire une troisième fois, trois semaines après le premier apport.

Symptômes physiologiques

Dans quelques parcelles de blé tendre, on observe des décolorations accompagnées parfois de taches noires rappelant les symptômes d’Helminthosporium teres sur orge. Les symptômes sont généralement présents dans toute la parcelle. Souvent, il concerne plus particulièrement un étage foliaire. Mis en chambre humide, les symptômes n’évoluent pas. Il s’agit de réaction aux fortes amplitudes thermiques survenues au moment de la sortie de l’étage foliaire concerné. Certaines variétés expriment ces symptômes plus que d’autres. Aucun traitement n’est à envisager. On peut également observer des symptômes de phytotoxicité liée aux désherbages de fin-février début mars avec des amplitudes thermiques parfois élevées dans les jours suivants le traitement.



Symptôme physiologique observé sur la variété Scénario dans la Vienne.



A ne pas confondre avec l’helminthosporiose du blé (Helminthosporium tritici reprentis) : tâche allongée, avec un halo chlorotique et une ponctuation noire au centre de la tâche.

Thibaud DESCHAMPS, Céline DRILLAUD, Jean-Louis MOYNIER (ARVALIS – Institut du végétal)

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