En 2023, Jean-François Tessier réalisait sa 31ᵉ campagne de semis. Au fil des années, il a amélioré techniques et matériels, tout en diversifiant les cultures implantées. Il propose aujourd’hui des prestations d’implantation du blé à la carotte en passant par les haricots et les flageolets.
Désherbage en maraîchage plein champs
À Corcoué-sur-Logne, dans un secteur où se départagent Loire-Atlantique et Vendée, Jean-François Tessier s’est spécialisé dans le semis. Cette prestation, débutée en 1996 avec un semoir Acti, a pris une nouvelle dimension à partir du début des années 2010. Aujourd’hui, en plus des surfaces de maïs, céréales et colza, il implante plusieurs centaines d’hectares de légumes chaque année dans un périmètre de 20 km autour de l’ETA. En lien avec la coopérative bretonne Eureden et sa branche légume d’Aucy, il sème haricots verts, haricots blancs et jeunes carottes. Son implantation géographique sur la zone de la mogette vendéenne lui offre également des opportunités de culture et de prestation en lien avec ce flageolet local.
Alors que les semis de haricots verts et blancs étaient réalisés depuis 1997 avec un semoir Herriau, Jean-François a décidé d’investir et de revoir son approche du semis en 2021. Cette année-là, c’est un semoir Optima de chez Kverneland qui intègre le parc matériel. « Le gros avantage, c’est son débit de chantier de 8 à 10 km/h grâce à l’entraînement électrique. Sur le Herriau turbo sem, j’étais limité à 5 km/h avec l’entraînement mécanique » affirme l’entrepreneur. Le nouveau semoir de 6 m peut se replier en 3 m pour optimiser le transport sur route. Il est attelé de mars à septembre sur un John Deere 8270R. Durant cette période, il est autant utilisé sur maïs et tournesol que sur haricot et flageolet grâce à ses deux configurations possibles en 8 ou 16 rangs. « Avec une simple sélection sur ma console Isobus, je peux choisir un inter-rang de 37,5 cm ou 75 cm. Le semoir se décale automatiquement de 19 cm selon la sélection effectuée » apprécie Jean-François Tessier. Il indique l’utiliser jusqu’au semis du colza en fin d’été. « Nous avions arrêté l’implantation de cette culture au semoir monograine car les disques bourraient. Mais avec ce modèle, un petit pignon permet de nettoyer l’élément semeur et nous pouvons nous permettre de semer jusqu’à 25 graines/m² ».
Pour l’implantation des haricots, l’espacement sur le rang choisi est de 6,5 cm avec un inter-rang de 37,5 cm. Là aussi, le réglage se réalise depuis la cabine sur la console du semoir. Les parcelles sont semées avec une densité de 250 000 grains/m². Pour les mogettes, afin de permettre un développement optimal de la plante, cette densité est revue à 150 000 grains/m², avec un espacement sur le rang de 14 cm. Avant l’arrivée du semoir Kverneland en 2021, cette culture était semée, non pas avec le Herriau, mais avec un strip-till que Jean-François Tessier avait conçu lui-même. Les éléments semeurs Kuhn étaient alors espacés de 75 cm afin de permettre la récolte de la culture. Depuis que les inter-rangs ont été réduits de moitié, les mogettes sont d’abord fauchées par une sauterelle avant le passage de la moissonneuse-batteuse.
Le semoir Herriau, associé à l’avant à un rotolabour, permettait de ne réaliser qu’un passage. Avec l’arrivée du nouveau Kverneland, Jean-François Tessier a décidé de séparer la préparation du lit de semence et le semis. « Je travaille le sol avec une charrue ou un cultivateur, puis je passe la herse rotative. Si c’est trop motteux, je réalise un passage avec un rouleau à lame après le labour » précise-t-il. Un choix qui s’inscrit dans la continuité de reprendre le labour dans certaines situations bien précises. En effet, l’entrepreneur ne retournait plus le sol depuis 1992. « Mais nous avons dû reprendre la charrue depuis 3 ans, car il n’y a plus de traitement contre la mouche du semis, qui reste dans les résidus. Cela permet également de lutter contre le phénomène récent de ray-grass résistant » détaille-t-il.
Actuellement, le hangar de Jean-François Tessier abrite 5 semoirs. Pour les cultures monograines, l’Optima de Kverneland côtoie l’ancien modèle de chez Herriau et le strip-till de fabrication maison. Les céréales sont semées avec un Cirrus Amazone en 6 m. Enfin, à l’extrémité du hangar, un semoir maraîcher Monosem MS complète le parc. Ce modèle a été acquis spécialement pour l’implantation de 80 ha de jeunes carottes destinées à l’industrie sur son exploitation et en clientèle. Contrairement à la carotte de consommation, cette culture est semée en bande plutôt qu’en ligne afin de récolter des petits calibres qui iront agrémenter les pots de petits pois-carottes. Pour ce faire, l’entrepreneur ligérien a adapté son semoir. La distribution a été supprimée de l’élément semeur et c’est le micro-granulateur qui est utilisé pour apporter les graines jusqu’au soc. Ce dernier est réglé pour répartir les graines sur une bande de 67 mm avec un inter-rang de 40 cm à raison de 12 millions de graines par hectares. Derrière le soc, une roulette inox rappuie la graine qui est implantée à 1 cm de profondeur, puis deux racleurs la recouvrent. Enfin, une roulette caoutchouc rappuie le sol. « C’est un semis assez technique car il ne faut pas de croisement en bout de champs pour optimiser la récolte » prévient-il. La récolte, justement, est particulièrement spectaculaire. Fin juin, début juillet, la parcelle accueille trois machines qui remplissent un camion toutes les 30 minutes. Le chantier nécessite la présence de 11 personnes sur site pour assurer la cadence de récolte » décrit Jean-François Tessier.
En plus des semoirs, le parc matériel de l’ETA Tessier compte un pulvérisateur Artec. « Ça me semblait logique d’acheter du matériel de qualité auprès d’un constructeur local » assure l’entrepreneur. Avec cet équipement, il réalise 5000 ha de traitement par an, dont 3 passages sur 700 ha de blé.
Coté récolte, l’entreprise possède une moissonneuse-batteuse Claas 8700 équipée des chenilles Terra-Trac et d’une barre de coupe de 12,30 m. Elle réalise 900 à 1000 ha/an.
Le parc de tracteurs comprend dix engins, dont trois 8000 John Deere : un 8270 R utilisé la moitié de l’année devant le semoir Kverneland, un 8310 R et un 8400 R. Pour conduire ces tracteurs, Jean-François Tessier a recours à de la main d’œuvre de manière ponctuelle qu’il rémunère en facture. « J’ai eu des salariés, mais ils sont partis et je n’ai pas renouvelé les postes car j’étais trop déçu de leur défection » avoue-t-il.
Sur le site de son exploitation, il a également installé une capacité de stockage en silo de 20 000 t de grain qu’il propose en prestation. 4 télescopiques, dont 3 Manitou et 1 JCB, sont nécessaires au fonctionnement de cette installation.
Timothée Legrand