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Semis de céréales, ne pas négliger le traitement de semences dans les situations à risque

A la dernière campagne, le traitement de semences a fait une nouvelle fois la preuve de son intérêt. Que peut-on dire pour les semis à venir ?

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En protégeant la semence et la jeune plantule, le traitement de semences contribue à garantir la bonne implantation de la culture. Dans certaines situations, il n’existe pas d’alternatives en végétation.

Risque fusariose : évaluer la qualité des semences au préalable

La présence de fusarioses sur épis remarquée dans certaines parcelles de blé en 2016 impacte la qualité des semences qui en sont issues. Les conséquences sont des pertes à la levée et des fontes des semis. Les semences d’orge peuvent également subir ces contaminations, généralement avec des taux et une nuisibilité plus faibles que sur le blé.

La première étape est de procéder à une étape de triage et à un test de germination. Le taux de germination peut évoluer et doit être refait au moment du semis. En cas de qualité altérée, le lot peut être rejeté, mais il faut au minimum augmenter la densité de semis en conséquence.

Si la présence de grains ridés, roses, est facilement repérable à l’œil nu, la maladie peut également être présente à l’intérieur du grain sans présenter de symptôme externe… C’est souvent le cas avec des contaminations par Microdochium spp.

Le gain moyen apporté par un traitement de semences en cas de contamination est de 8 quintaux par hectare, et plus élevé en cas de présence de Microdochium spp. De mauvaises conditions de semis, comme une faible température du sol et une humidité du sol saturante, peuvent conduire à des pertes supérieures.

Il convient également de ne pas oublier que la semence peut abriter d’autres pathogènes, responsables d’autres maladies comme la carie commune du blé ou le charbon nu de l’orge. Ces maladies ne peuvent être contrôlées que par le traitement de semences (aucun moyen de lutte en végétation), elles ne doivent donc pas être oubliées lors du choix du traitement de semences.

Risque piétin échaudage : s’appuyer aussi sur les pratiques agronomiques

Le piétin échaudage a été très présent cette année sur les blés en précédent paille ; mais aussi en précédent colza voire tournesol, dans le cadre de rotations courtes. Ce champignon peut provoquer jusqu’à 50 % de perte de rendement.

En cas de deuxième paille, le traitement de semences Latitude est incontournable (en association avec un traitement fongicide de base). Il n’existe pas d’alternative efficace en végétation.

Pour autant, ce traitement ne contrôle pas l’intégralité des dégâts. L’efficacité est d’environ 50 % en cas d’attaque moyenne et ne doit pas être une incitation au développement des deuxièmes pailles. Il est indispensable de gérer la maladie par des pratiques agronomiques adaptées, notamment :
– la rotation qui est le levier le plus efficace (3 ans minimum) ;
– le choix de l’espèce en deuxième paille (blé dur > blé tendre > orge > triticale) ; pas de différence variétale caractérisée ;
– soigner l’implantation de la céréale : éviter les semis précoces, ajuster la densité de semis…
– détruire les repousses de graminées (blés, orge, adventices…) pendant l’interculture. Dans la rotation, le désherbage anti graminées dans le colza, soja ou tournesol devra être soigné pour éviter le maintien du piétin échaudage par les graminées adventices.

Risque JNO : attention aux semis précoces

En 2016, beaucoup de régions françaises ont été touchées par la jaunisse nanisante de l’orge (JNO), virose transmise par les pucerons. Dans le Sud-Ouest, l’année 2016 était certes une année record mais en 2015 déjà, certaines parcelles avaient été très touchées. La transmission du virus se fait uniquement à travers un vecteur, les pucerons. Il n’y a pas de risque de transmission par les semences.

Une explication aux fortes pressions de ces deux dernières campagnes : des automnes battant des records de températures et un hiver qui ne s’installe pas. Rappelons que les pucerons volent dès que les températures atteignent 10°C et se multiplient dès 5°C. Ils résistent à des températures de – 8°C.

Tableau 1 : facteurs de risque pucerons et moyens de lutte préventifs

Les semis précoces sont les plus touchés, avec à la clé potentiellement des pertes de 70 % en orges, et jusqu’à 50 % en blé (Montans, 2016). En premier lieu, il est donc indispensable de raisonner la date de semis pour limiter le risque JNO et ne pas mettre en défaut les protections insecticides.

Dans ces situations de semis précoces (et également les parcelles hydromorphes difficiles d’accès pour la lutte contre les pucerons en végétation), le recours à un traitement insecticide des semences à base d’imidaclopride (Gaucho, Nuprid 600FS, Ferial, Matrero) permet de sécuriser le contrôle des attaques de pucerons. Attention, même si la matière active est systémique, la protection s’amenuise au fur et à mesure du développement des plantes. Un relais est obligatoire en cas d’infestations tardives, au-delà de 5 feuilles.

Dans ces situations à risque, le traitement en végétation montre ses limites : limite de persistance (pas de systémie), difficulté de positionnement (comptage des pucerons), fenêtres d’intervention (portance des sols). Ces 2 dernières campagnes, jusqu’à 3 interventions en végétation pouvaient être nécessaires pour contenir la pression pucerons.

En orges, le recours à une variété tolérante est un levier efficace pour limiter le risque JNO. Ces variétés (Amistar, Domino) ne nécessitent pas de protection supplémentaire contre les pucerons dans les conditions de semis recommandées dans la région. Attention toutefois aux semis précoces où la protection Gaucho peut être gagnante (voir figure ci-dessous). A noter que le traitement insecticide peut être nécessaire contre d’autres types de ravageurs (cicadelles, zabres, taupins).

Figure 1 : Rendement par variété selon la protection ou non – Montans 2016 – semis 7 otobre


Figure 2 : efficacité des traitements de semence fongicides / insecticides selon le pathogène

 

Aude Carrera, Bertrand Ducellier, Thierry Grossoleil (Arvalis – Institut du végétal)

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