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Revenu agricole, la ferme France ne crée plus de valeur ajoutée

La loi Egalim n’a pas enrayé la baisse de la valeur ajoutée de la ferme France et par conséquent, la diminution structurelle des revenus des agriculteurs. Ces derniers restent sous l’emprise de la volatilité des prix agricoles et de la hausse des coûts des consommations intermédiaires.

Comme chaque année, la Commission des comptes de l’agriculture délivre ses prévisions de revenus. Le 16 décembre 2020, elle n’a pas dérogé à la coutume.

Le résultat de la branche agricole par actif (revenu) non salarié aurait baissé de 11,8 % par rapport à son niveau de l’année passée. Mais comme l’estimation a été établie le 20 novembre dernier, tout porte à croire que celle-ci sera modifiée d’ici l’été prochain pour mieux prendre en compte l’évolution des prix agricoles observée ce mois de décembre.

Quoi qu’il en soit, le revenu agricole, de 15,5 milliards d’euros (Mds d’€) en 2020, dépend de la valeur ajoutée créée par la ferme France (30,2 Mds d’€) et de la production agricole (75,7 Mds d’€).

Or cette année, la production agricole de la ferme France a diminué de 1,7 Mds d’€ par rapport à son niveau de l’an passé, générant une baisse, du même montant, de la valeur ajoutée créée et du revenu agricole.

Repli en chaine

Ce repli en chaine n’est pas le premier car la ferme France est en panne ! Celle-ci ne parvient plus à créer de la valeur ajoutée depuis 2005. Et en étant inférieure de près de 25 % par rapport à non niveau en 1980, son repli a entrainé, dans son sillage, le résultat brut de la branche agricole (le revenu). C’est pourquoi ce dernier est inférieur, selon les années, de 30 à 45 % à son niveau, là encore, de 1980.

Ci-dessous, revenu par actif non agricole depuis 1980

Certes, le déclin de la population agricole a permis de répartir, entre un nombre d’actifs non-salariés moins nombreux, le revenu en déclin de la ferme France. Aussi son repli a été quelque peu atténué ; le résultat par actif non salarié est 2,9 fois supérieur à son niveau de 1980 (moyenne mobile – graphe).

Ci-dessous, valeur ajouteÌe et revenu de la ferme France

Mais le compte n’y est pas. La masse salariale a augmenté et surtout, les coûts des consommations intermédiaires ont fortement progressé, quelle qu’ait été la conjoncture.

Depuis deux-trois ans, la loi Egalim censée renverser cette mécanique, n’a quasiment eu aucun impact hormis dans la filière laitière.

Les agriculteurs n’ont toujours pas les moyens de peser sur les prix de vente de leurs produits pour couvrir leurs coûts de production et pour dégager un revenu décent.

Or la production agricole stagne en volume (prix de base) depuis 25 ans après avoir progressé, les années précédentes de + 15 % par rapport à 1980. Et dans le même temps, les consommations intermédiaires coûtent proportionnellement 25 % plus cher.

Des charges non compensées par les prix de production

Autrement dit, les agriculteurs font face à des charges qui n’ont jamais été compensées par les prix de la production agricole.

En fait, les hausses des prix et des marges, qui en découlaient, ont été systématiquement grignotées par les prix des consommations intermédiaires, ne permettant pas alors aux agriculteurs de profiter de la meilleure conjoncture économique des marchés agricoles.

Lorsque les prix à la production agricole sont ainsi passés du niveau 140 (base 100 en 1980) à environ 160 autour des années 2010 (base 100 en 1980), les prix des consommations intermédiaires sont passés de 180 à 220 ! Et comme ces derniers augmentent toujours avant les prix à la production, les agriculteurs subissaient systématiquement de fortes baisses, pendant cette période d’ajustement, de fortes pertes.

Des pertes par ailleurs décuplées les années de crise puisque les prix des consommations intermédiaires continuaient à progresser, ou tout au moins stagnaient lorsque les prix de l’énergie refluaient. C’est le cas de figure qui s’était présenté entre 2013 et 2015.
 

L’illustration ci-dessous est issue de Adobe.

1 Commentaire(s)

  1. Bonjour,
    compte tenu des données, la V.A. de l’ordre de 53 % du CA HT en 1980 sera ou pas de 27 % en 2030 ?.
    quasi une division par deux en 50 ans ?.
    je reste à votre écoute.
    Cordialement.
    jacques labonne.

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